Fiche de présentation

DUNOYER DE SEGONZAC, André

né le 6 juillet 1884 à Bussy-Saint-Antoine, Seine-et-Oise, France ; diplômé des langues orientales, section Afrique ; 1902, Beaux-Arts, Paris ; 1913, participe à l'Armory Show* ; 1914-1918, guerre, dans la section de camouflage ; 1947, élu membre de la Royal Academy de Londres ; 1965,épouse l'actrice Thérèse Dorny ; 1974, meurt le 17 décembre à Paris.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Lorsque l'expressionnisme* se fait policé - ce qui est généralement le cas en France et singulièrement chez Segonzac -, il manque son but. Pour être réellement significatif, il dit oser le geste venant des tripes et la couleur profonde. Segonzac, lui, est attaché à la mesure et il ajoute peu aux paysages et aux natures mortes qui l'inscrivent parmi les épigones de Cézanne. Mais être fidèle pendant soixante-dix ans à une manière n'est pas banal ; son style est talentueux et rassurant ; il lui a très tôt fait naître un grand succès auprès de ceux qui refusent à la fois l'avant-garde et l'académisme. Les huiles l'apparentent à La Patellière*, par le même recours exclusif aux verts et aux bruns. Les Buveurs, (1910, MNAM) viennent en ligne droite de l'école réaliste* du XIXe. Deux Nus, (1911, Sd'O) fait jouer la lumière sur les beiges dans les marrons, de manière presque informelle. Le Déjeuner sur l'herbe, (1913, MNAM) montre, à défaut des personnages, leurs attributs solidement construits en taches d'ombre et de lumière. Le Paysage à Villepreux, (1920-1921, MAMT), c'est presque du Laethem-Saint-Martin*. Les Baigneurs, (1922, MNAM) sont les plus expressionnistes*, par un geste qui tend à une certaine démesure. La Demoiselle de la Marne, Les Canotiers, (1924) introduisent, avec une superposition de blanc sur les couleurs, une clarté blafarde bien plus lunaire que solaire que l'on trouvait déjà dans Les Baigneurs.
Vers le milieu des années 1920, la palette, toujours fidèle aux mêmes teintes d'humus et de végétation, s'éclaircit, mais il faut attendre les années 1930 pour qu'apparaissent assez régulièrement des couleurs comme le bleu, le rouge, le jaune, toujours assourdies, La Côte de bœuf, (1930) ou La Soupière de Moutiers, Port de Saint-Tropez, (1932, An) et Port de Saint-Tropez, (1952, ibid.).
Son talent s'y révèle le mieux, avec la légèreté et l'incision du trait compensant la sévérité des couleurs ; il a retenu les innombrables croquis pris durant la guerre de 1914-1918, pour illustrer des livres de grands écrivains.
Il est en quelque sorte un Dufy* du Nord, réussissant cet exploit de peindre Le Golfe de Saint-Tropez (1938, MNAM), dans la lumière d'un fjord norvégien (1922-1927, MNAM) et d'une palette sauvage vite reprise en mains. (1937-1939, musée de Téhéran).
Le gros de la production, ce sont des aquarelles, lavis et dessins.

Expositions : 1906, Salon d'Automne, Paris ; 1914, Levêque-Barbazanges, Paris, (P) ; 1927, Independent, Londres (P).

Rétrospective : 1948, Kunsthalle, Bâle, et Charpentier, Paris ; 1951, Musée d'Art et d'Histoire, Genève ; 1972, Durand-Ruel, Paris ; 1976, Orangerie, Paris.

Musées : Par suite de donations en 1963 et 1965, nombre d'œuvres au Musée national d'art moderne, Paris ; au Musée Lambinet, Versailles, et au musée de l'Île-de-France à Sceaux, (un choix de gravures s'étendant sur toute la carrière), ainsi qu'au Musée d'Art moderne de Troyes.

Citation(s) :
Il a dit :
- Corot vivait à l'âge de la locomotive, mais il a peuplé ses paysages de nymphes et pas de machines à vapeur (à Apollinaire qui le pressait de faire du cubisme* parce qu'on était à l'âge de l'aviation).
- L'amour de la campagne et la solitude sont des éléments indispensables pour que naisse l'état de grâce, source créatrice des œuvres profondes et durables.

On a dit :
- La facilité au service d'un très grand et très noble sentiment de la nature. Cette noblesse reste sensible dans le choix de sujets, mais elle n'arrive pas à se communiquer aux valeurs plastiques comme telles : peu d'exigence dans la couleur, peu de rigueur vraie dans le dessin si on le compare à celui de Daumier ou de Lautrec traitant de sujets triviaux. (Marie-Alain Couturier).