Fiche de présentation

CHARCHOUNE, Serge

né le 4 août 1888 à Bougourouslan, Saara, Russie; 1909, académies de Moscou; 1912, arrive en juillet à Paris; Académie russe libre et La Palette, chez Le Fauconnier*; 1914-1917, séjourne en Espagne; 1917-1919, engagé aux armées; 1920, participe à Dada*; 1922-1923, séjourne à Berlin; 1923, revient en France; 1975, meurt le 24 novembre à Villeneuve-Saint-Georges; est enterré au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Qu'est-ce, cette petite gouache, Ornemental nº 1, sinon déjà un de ces "paysages élastiques" de la fin de années 1920 ? Les sinuosités, pour être symétriques, sont d'une même famille, Devant Paris, (1912), géométrisé et vivement coloré et Dragon mécanique, (1917) ou autres compositions géométriques, à l'apparence de vanité ou Chant-canon, (1917, orthogonal et encore Oiseau mécanique, (1917). 
Que ses périodes soient baptisées cubiste* (1913 et 1922), dadaïste (1921-1924), -il est l'auteur de quelques dessins, Eclipse, ou Six portraits dada, (1921, bibl. Doucet, Paris)- ou encore Paysage élastique (1927-1929), d'inspiration puriste*, Nature morte aux fruits, (1926), ou abstraite*, il est le maître de l'ondulation et du ton pâle tant en figuration dépouillée à l'extrême qu'en abstraction.
Toute sa peinture met en évidence le choc éprouvé lors de son séjour en Espagne : "Azulejos! les carreaux de faïence peinte ont transformé ma conception picturale en libérant en moi ma nature slave innée. Mes tableaux sont devenus colorés et ornementaux." Tout se transforme, en effet, en arabesques, jusqu'à l'arabesque pure de l'abstraction. Sa palette, durant son séjour à Barcelone, est lie de vin, Ornemental, nº 1, (1916) ou Ma mère m'a vendu, (1917). En 1925, les vibrations pâles, Nature morte à la poire, (1926, MNAM), monochrome beige aux formes fondues, révèlent le puriste* qui s'oppose à l'orphiste* en ce qu'il ne recourt pas à la couleur pure, mais se contente de blancs, gris, beiges, marrons, avec le mouvement accusé du pinceau dans l'huile, Nature morte dans un paysage, (1928). De 1931 à 1941, si les formes sont affirmées, elles apparaissent comme au travers d'un fog londonien, La Grande Pelouse au parc Montsouris, (1931, Vd'A), ou Le Hangar, (1935, ibid.). Autoportrait n°3, (1940) est plus qu'inspiré par le cubisme. En 1942 et 1943, l'élasticité se conjugue avec ce cubisme, Nature morte, (1942, MNAM.) ou Nature morte au couteau, (1943, ibid.), et exceptionnellement vivement coloré, Les Gobelets de couleurs, (1942, ibid.). Ascension ou l'ange du bizarre, (1949), se souvient du symbolisme.
Tantôt, il y a superposition de couleurs, la seconde couche unie ne laissant de la première que les contours et permettant une fusion des valeurs chromatiques, Nature morte, (1945) ; tantôt (1953-1955), la figuration se fond dans la couleur d'ensemble et n'apparaît qu'en filigrane, Shéhérazade, (1950), Paysage élastique nº 2 en rose, (1955, MAMStE).
L'inspiration est double : eau et musique. Les toiles blanches sont, à compter de 1956, l'aboutissement de la pâleur de plus en plus prononcée; elles portent toutes un nom repris à la musique; souvent, elles ont été peintes polychromes et ensuite recouvertes d'un lait blanc, de manière qu'apparaissent en transparence le dessin et les colorations; l'épaisseur de l'huile est sculptée en vagues, en mosaïques, en serpentins et demeure comme l'évocation des steppes natales, Schubert, Symphonie nº 9, (ca. 1968, musée de Reims). En 1965, après un voyage aux îles Galapagos, il revient à des figurations symbolistes.

Expositions : 1916, Dalmau, Barcelone (G) ; 1920, André Forny, Paris, (P) ; 1922, Der Sturm*, Berlin ; 1971, gal. de Seine, Paris, (P).

Rétrospective : 1971, Musée national d'art moderne, Paris.

Bibliographie(s) : Pierre Guenegan, Catalogue raisonné, 1925-1930, Lanwell & Leeds, 2007.