Fiche de présentation

BASELITZ, Georg, ( Hans Georg Kern, dit )

né le 23 janvier 1938 à Deutschbaselitz, Saxe, Allemagne ; grandit dans les ruines du nazisme ; 1956, école forestière de Tarabth, vite remplacée par les Beaux-arts de Berlin-Est, dont il est renvoyé " pour immaturité sociale et politique "; 1957-1962, Beaux-arts de Berlin-Ouest ; 1961, 1962, publie avec Eugène Schönebeck*, deux manifeste Pandémoniques ; 1965, Villa Romana, Florence;  1975, vit et travaille à Derneburg, Hanovre ; 176, premier atelier en Italie ; 1977, enseigne aux Beaux-Arts de Karlsruhe ; 1983-1988, de Berlin ; 1992, y enseigne à nouveau ; vit au château de Derneburg, Saxe et à Imperiale en Ligurie ; 1999, nommé professeur honoraire à la Royal Academy, Londres.
signature : Baselitz, depuis 1961.

Type(s) : Galeriste

Technique(s) : Graveur - Peintre - Sculpteur

Présentation : Débuts.
Jusqu'en 1957, il étudie le réalisme socialiste*; passant à l'Ouest, il y trouve un mouvement dominant d'abstraction*, réponse au réalisme idéologique du nazisme. Il cherche sa voie dans la figuration, celle de l'art dégénéré*, l'expressionnisme* allemand de l'entre-deux-guerres, qui sera baptisé Nouveaux fauves*. Il suit d'abord la piste informelle du Fautrier* des Otages, et anticipe celle de Dmitrienko*, L'Oriental/Oriental Malade-Vision, (1959). Jusqu'à nécessiter un miroir convexe pour décrypter l'anamorphose de Amour de femme russe, (1960).
Maturité.
Quand La Grande Nuit foutue, (1962, MLK), est saisie pour obscénité, son style est désormais abouti. G. Antonin, (1962-1963) -G. du "Glisteskranten" d'Hans Prinzhorn sur la folie et Antonin, du prénom d'Artaud*- haute toile à la vue plongeante sur une table en oblique porteuse de corps à la Dado*, membres émaciés, visages boursouflés, suent la folie. De 1963 à 1965, il peint un morceau de corps, torse, genou ou pied comme un exercice. Big night  down the drain, (1963) doit être ôté d'unvernige, pour sa représentayion d'un nu masculin se masturbant.
Le thème de la maisonnette en flammes apparaît dans La Main de bleu, (1964, KBo), et revient jusque dans Le Motif, la maison, (1988). La rudesse bestiale de Les Grand Amis, (1965, MMKW et MLK) présentent, une série d'hommes à mi-chemin entre le vagabond-boy-scout et le para torturé ; s'ils sont microcéphales, c'est moins par maniérisme que pour indiquer les limites de leur boîte crânienne,; au surplus, ils foulent n sol de ruines. Par l'approximation du graphisme tremblé - il peint aussi au doigt -, il se situe dans la filière de Kokoschka*, par la rudesse de la pâte, son manque d'éclat, la frontalité théâtrale de la pose, dans celle de Beckmann*. En 1966, il compose des tableaux fragmentés en bandes horizontales, comme ces albums pour enfants dont les bandes sont volantes et qui permettent d'assembler une tête, un torse et des pieds dépareillés, Idyle à quatre bandes, (1966). Cette même année, il entame le sujet de prédilection, des têtes, à la manière noire, faite de traits sombres sur fond obscur, des têtes, aussi, articulées autour d'une oreille géante. Et encore des tableaux aux figures déchiquetées par quelque cataclysme, Deux Bûcherons de Meissen, (1967, NPSG) ou Sans titre, (Bûcheron), (1969, AIC). Pour signifier la rupture, il prend le parti, depuis 1968, de représenter ses sujets (ou de présenter ses toiles, peintes au sol) à l'envers, pour tuer, dit-il, l'impact de l'anecdote, (1969, KLM). Ainsi, l' élément pictural prend le pas sur l' élément prétexte. Cette rupture s'effectue de manière analogue avec des paysages se reflétant dans l'eau de telle sorte que l'on ne sait où se trouve la réalité et l'effet de miroir, en haut ou en bas. On peut comparer Arbre, (1965) à l'endroit (avec le poignard qui l'a émondé et le laisse sanguinolent), avec Arbre, (1971) tête à l'envers. Mais en gros, il veut signifier la chute de l'homme qui s'illustre en de nombreux personnages jusqu'en 1976, Elke VI, (1976, MAMStE),; c'est aussi la chute de l'aigle, plus symbolique, Aigle, (1977, LMK). Il est vrai qu'en 1437, Cennino Cennini conseille, dans son Traité de Peinture, de regarder l'oeuvre à l'envers, pour savoir si, abstraction faite de son sujet, elle tient. Au-delà de cette volonté systématique, de sa justification esthétique et symbolique, il s'agit aussi de la négation des lois de la perspective traditionnelle dont on se rend copte dans les nus accroupis, Nu féminin accroupi, (1977, BvB), ou dans les scènes de plage, Femme sur la plage, Nuit en Tunisie, (1980, SMA). L'année suivante, la figure se dissout dans la peinture et l'informalité prédomine, La Cafetière, (1978, BvB). Par ailleurs, la chute continue, imperturbablement, dix-huit toiles de Scènes de rues, (1979-1980, KBo), La Jeune Fille d'Olmo, (1981, MNAM), dans l'informalité de l'expressionnisme*, Adieu, (198, Tate). En 1983, une révolution chromatique, il devient sensible aux fondus enchaînés et à la palette de De Kooning*, avec des jaunes et des améthystes, pour une série consacrée au chemin de croix, Dérision du Christ, (1983, LMK), ou Man of Fith, (1983, MET). Dans Le Couple d'amoureux, (1984, Louis), l'un des personnages se trouve dans la position horizontale. En 1986, il reprend des visages à l'endroit, plus aisément lisibles, et il se risque à des jaunes et des rouges strident pour des portraits de la même femme, Sept Fois Paula, (1988). Horta, (1988), dont on ne sait si le titre est un hommage à l'architecte belge et dont la facture est proche d'un Soutine* de l'Orangerie des Tuileries. Ce n'est qu'une parenthèse, puisque Triangle, (1991, Busch), reprend l'inversion de la figure et atteint le propos de son auteur puisqu'au premier coup d'oeil, il pourrait s'agir d'abstraction. La série de vingt panneaux sur bois, 45 , (1989, KZ) allie la gravure à coups de ciseau, et la peinture à l'huile. Les visages se détachent - à l'envers - sur un univers sombre d'épines et d'égratignures Au début des années 90, une série de scènes de plein air, non seulement parce que les titres l'indiquent, mais également parce que les figures se détachent sur un fond clair, Tableau sur l'autre, (1991, MNAM). Il renoue avec le trait syncopé du milieu des années 60. Il fait une incursion dans la non-figuration* avec Image tamisée, (1991, HB), qui apparaît comme un simple développement de palette. En 1996, enfin, ses portraits - il ne s'agit plus que de visages ou de bustes, (- ou au contraire de corps acéphales -, toujours à l'envers, sont faits d'huiles violacées, entourées de motifs floraux décoratifs, Nous visitons le Rhin, (1996), portrait de groupe, de famille peut-être ou Jambes, (1998). La toile s'allège, le motif est placé au centre de simple coups de pinceaux unis, Temps d'hiver, (2003), une tête de cheval, Type de mythe, (2003), un oiseau ou plus drôle, deux paires de chaussures féminines à éperon, marchent circulairement, Et une fois encore Mexico, (2005). En effet, il procède à ce qu'il appelle Remix, ou reprise d'anciennes toiles réinterprétées.  Entre 1998 et 2002, il peint ses Tableaux russes, paraphrase de la grande imagerie réaliste* socialiste. Un à un il métamorphose plus d'une quarantaine d'"icônes" du régime, passant l'une au pointillisme, l'autre au lyrisme, l'autre à un expressionnisme léger et enlevé. Par un retour en arrière, il reprend les figures de ses débuts personnels en en changeant la palette et en se confinant dans les primaires, au point de citer un ébauche de Mondrian*, (2007), et simultanément apparait une silhouette noir isolée au milieu de la blancheur de la toile et la tête en l'air. A l'opposé, dans un fond balafré de noir, une figure rehaussée de beige se détache comme en réserve, Un peintre moderne, (2007), devant laquelle on ne peut pas ne pas songer à Hitler*. Série de sept HerFr'eud GrrüssGott, (2011), en pointillés noirs espacés.
Dessins.
De 1962 à 1963, une série de dessins à l'encre, sont suivis de 1964 à 1984, de linogravures bicolores qui lui permettent une grande diversité de graphismes, du maigre effiloché au gras pondéreux. Ses gravures sont comme l'épure de ses tableaux.
Sculptures.
Il attaque grossièrement à la tronçonneuse, le bois de fruitier pour en tirer des formes massives au rapport lointain avec les arts dit "premier". Sortant d'une poutre équarrie, Modèle pour une sculpture, (1979-1980, MLK), tachée de noir et pourpre, le corps mi-soulevé comme dans les sculptures funéraires étrusques. Suit une figure debout le bras le poing levé comme un salut dictatorial, Sans titre, (1982, MAGS). Il donne des séries de Têtes, (1986-1996), énormes, (1986, KZ), en creux, série de treize, balayées de jaune, évoquant la destruction gratuite de Dresde en 1945, (1989), distordues et asymétrique, Excentrique, (1993) ou (1995, KNW) ; il revêt certaines sculptures de tissus quadrillés, collés au bois, à l'instar des mannequins funéraires Bembe du Congo, Sculptures-étoffes, (1994). Jusqu'ici, il s'agit de nus ; il les habille dans le bois, leur appliquant une jupe, Mère de Guirland, (1997) ou Soeur de Mondrian, (1997, Musée de Chemnitz). Plus monumentales que jamais, des statues assises qui renvoient à l'Egypte de Memphis, Dona Via Venezia, (2006), et deux fois grand comme nature, (2010), pieds démesurés, caquette sur le nez en cube pondéreux, et pénis en écharde érigée, Chose Zero, et Penseur nocturne de chose, (2009), sortes de Penseur de Rodin, ou de Christ aux outrages, revus à la hache

 Il est aussi décorateur d'opéra, Punch & Judy, (1993, Amsterdam).

Expositions : 1961, dans une maison abandonné, Berlin, (G) ; 1963, Werner & Katz, Berlin (P) ; 1970, Franz Dalhem, Cologne, (P) ; 1972, Documenta, Kassel ; 1975, Biennale de Sao Paulo; 1979, Gillepsie, Laage Salomon, Paris, (P) ; 1993, Montenay, Paris, (P) ; 2007, gal. de France, Paris, (P) ; 2010, Thaddaeus Ropac, Paris, (P) ; 2013, Château Résidence, Dresde.

Rétrospective : 1976, Kunsthall Berne ; 1985, Bibliothèque nationale, Paris, pour les gravures ; 1990, Kunsthaus, Zurich ; 1995, Guggenheim, New York ; 1996, musée d'Art moderne de la ville, Paris; 2006, fondation de l'Hermitage, Lausanne, et Louisiana, Humlebaek, Danemark ; 2007, Royal Academy, Londres ; 2009, Hôtel des Arts, Toulon ; Museum Burda et Kunsthalle, Baden-Baden. ; 2011, Gravures, Musée Cantini, Marseille et Sculptures, Musée d'art moderne de la ville, Paris.

Lieux publics : Armalamor, (1994), sculpture dans le hall de la bibliothèque de Francfort.

Citation(s) : Il a dit :
- Le renversement du motif du tableau me donne la liberté de me confronter aux problèmes picturaux. [...] L'objet peint à l'envers est utilisable pour la peinture parce qu'il est inutilisable en tant qu'objet.
On a dit :
- Sa sculpture est digne d'un premier semestre d'études dans une école d'art. (Beuys).