Fiche de présentation

MAILLOL, Aristide

né le 8 décembre 1861 à Banyuls-sur-Mer, Pyrénées-Orientales, France ; 1874, peint sa première marine ; 1882, arrive à Paris; refusé par trois fois au concours des Beaux-Arts ; 1885, accepté chez Cabanel et chez Gérôme ; 1892, commence la tapisserie ; 1895, commence à sculpter  la céramique ; 1896, naissance de Lucien Maillol* ; 1899, s'installe à Villeneuve-Saint-Georges et se lie avec les nabis*;; 1900, se consacre à la sculpture ; 1905, rencontre, grâce à Rodin, le comte Harry Kessler, allemand, qui devient son mécène et le tire de la misère ; 1908, voyage en Grèce ; 1934, Dina Vierny* devient son modèle, à 15 ans ; 1939, revient à Banyuls ; 1940, Dina Vierny le rejoint ; artiste infatigable, à 83 ans, il travaille 10 heures par jour ; les nazis appréciant sa sculpture, il refuse de rien montrer durant l'occupation ; 1944, meurt le 24 septembre à Banyuls des suites d'un accident de voiture suspect : il est renversé alors qu'il marche sur le trottoir ; pour avoir accepté une commande - non exécutée - de Speer, l'architecte officiel d'Hitler, d'aucuns le considèrent comme collaborateur. Dina Vierny est sa légataire universelle. 2013, son atelier est dispersé paf MMe Palloc egt Fede à Nice.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Dessinateur - Peintre - Sculpteur

Présentation : S'il n'a jamais cessé de peindre, sa production à deux dimensions se situe en deux étapes. Ses débuts sont impressionnistes, après un Autoportrait, (1884, musée Maillol ,Paris, ou MMP), à la Manet, il est tantôt purement symboliste. Au début des années 1890, il entend l'appel des Nabis et celui des symbolistes; il hésite. La Femme à l'ombrelle, (1891, MMP), symboliste, ou TanteLucie, (1892, ibid.), nabi, comme Méditerranée, (1895, Petit palais, Paris). Il tente la lisserie et le retour aux nuanciers limités, mais une ophtalmie l'oblige à interrompre. À 40 ans, il devient sculpteur mais il reprend une intense activité de peintre avec l'arrivée de Dina Vierny dans sa vie, en 1934. La touche s'est libérée, le classicisme n'est pas lâché, ni la gloire de la femme, des Deux Baigneuses, (1938) à Grand Nu jaune, (1943, MMP), c'est la célébration de la chair dorée, sculpturale, sans vibrations et sans souci poussé pour le visage, qui ne se rapproche que lointainement des portraits, Dina à la robe rouge, (1940, ibid). En 1905 - il a 44 ans -, il montre au salon d'Automne, La Médit erranée, (1902); cette sculpture est précédée de Torse assis à la draperie, (1896), encore en bois, suivie d'un bas-relief, à la Gauguin, Femme accroupie, (1903), lovée dans un encadrement carré. En 1902, son style est acquis, inspiré de l'antique dès avant son voyage en Grèce : les formes sont classiques, l'oeuvre est parfaitement polie et, sinon le mouvement, le geste est celui du Michel-Ange des tombeaux des Médicis. Nymphe, (1930, An), incarne la beauté à la fois convenue et ingénue. À une exception près Le Cycliste, (1907), commandé par le comte Kessler, la femme est "l'unique objet de son assentiment" et il en servira les rondeurs renoiresques* ; La Femme au crabe, 1925-930), accroupie,  Pomone aux bras tombants, (1937), et la sensualité lisse, parfois hommasse, L'Action enchaînée, (1905, MMP).  Çà et là, un reste de symbolisme dans la pose ou les accessoires des nus, une touche légère d'art déco, Monument à Debussy, (1930), ou Dina à la natte, (1940), hommage à son modèle, son amie et sa légataire. Ses femmes allongées, symbolisant les fleuves, reposent, à peine, sur un bout de hanches et déploient dans l'espace la légèreté de leurs jambes et de leur torse.
 Il ne travaille jamais directement d'après nature, mais accumule les dessins, les croquis : "Ils sont les éléments de mes statues à venir. Je ne suis tranquille que si j'ai la certitude de les retrouver au moment voulu. Or la mémoire ne suffit pas. Un mouvement, une ligne c'est souvent un éclair." Pour ce faire, il utilise la pierre noire et la sanguine; le dessin élaboré, au fusain, à la sanguine et au pastel, de 1920 à la fin de sa vie. Autres caractéristiques, il se fabrique ses armatures et il travaille lentement, multipliant les états, avant de parvenir à l'oeuvre définitive ; ainsi Harmonie, (1943), connaît vingt états préalables. Selon Dina Vierny, de nombreux faux circulent depuis 1930.

Expositions : 1888, Salon des Artists français, Paris; 1905, Salon d'Automne, Paris; 1947, Statens museum for Kunst, Copenhague, et Charpentier, Paris, (P); 1951, Düsseldorg, (P).

Rétrospective : 1933, Kunsthalle, Bâle; 1996, musée Campredon, L'Isle-sur-la-Sorgue.

Musées : 1994, musées Maillol, Hôtel Bouchardon, Paris et Banyuls; Musée Norton Simon, Pasadena, Californie, une vingtaine d'oeuvres.

Lieux publics : 1922, Monument aux morts, Céret; 1964, Jardins du Carrousel, Paris, 18 bronzes, donnés par Dina Vierny, sur l'initiative de Malraux; 1951, L'Harmonie, square de Düsseldorf.

Citation(s) : Il a dit :
- Une statue, si vous la faites en un après-midi, ce ne sera rien. Mais si vous y mettez un an de travail, c'est sérieux. [...] C'est comme quand vous aimez une femme [...], si vous l'aimez pendant vingt ans, vous l'aimez vraiment, magnifiquement. Mais si c'est un amour léger, si vous couchez avec elle une fois, ce n'est rien. En art, c'est la même chose. Je soulève un pan de sa chemise, je trouve le marbre.
- Quand je vois une fille, je vois le marbre sous la robe.
On a dit :
-   Elle est belle, elle ne signifie rien, c'est une oeuvre silencieuse. Je crois qu'il faut remonter loin en arrière pour retrouver une aussi complète négligence de toute préoccupation étrangère à la simple manifestation de la beauté. (André Gide).

Bibliographie(s) : Dina Vierny, Catalogue raisonné, à paraître.

Archives : musée Maillol-Fondation Dina Vierny, Paris.