Fiche de présentation

MOHOLY-NAGY, Laszlo

né le 20 juillet 1895 à Bacsbarod, Hongrie ; études de droit et de lettres à l'université de Budapest; 1919, découvre Malevitch* à Vienne ; 1920, s'installe à Berlin ; 1923-1928, enseigne au Bauhaus*, à l'atelier du métal où il rénove la forme des objets usuels ; ses élèves le surnomment "Holy Mahogany" (acajou sacré) ; 1933, arrive à Chicago ; 1937, y fonde le New Bauhaus ; 1944, naturalisé américain ; 1946, meurt à Chicago d'une leucémie.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Installationniste - Peintre - Photographe

Présentation : Il apparaît - et ses peintures également - après Malevitch*, Lissitzky*, Tatline*, Van Tongerloo* et Duchamp*. Mais à l'apport du premier il ajoute une multi-curiosité, le rapprochement entre art et arts appliqués et techniques et, partant, une conception globalisante de l'art dans la société. Il est peintre, mais aussi photographe, cinéaste, architecte, dessinateur d'art appliqué, typographe, inventeur de machines optiques* et en quelque sorte précurseur de l'art cinétique*; il s'intéresse au théâtre et avant tout, il est théoricien et enseignant. Avec le Bauhaus, il croit que l'art doit imprégner la vie quotidienne et qu'il n'y a pas de genre mineur. De 1917 à 1920, il est résolument figuratif, Autoportrait*, (1917, MNAM) lithographie, tout en boucles. Des câbles, des pylônes, des fils et au sol, entassées, des sapines, s'organisent autour d'un vide perspectif : c'est un de ses paysages ferroviaires qu'il va reprendre en se limitant aux primaires, Ponts, (1920, HGM), combine les sections de cercles et les angles aigus avec des motifs repris à la réalité. En 1919, des gouaches résument son propos : tout y est linéaire, des lettres frappent la construction ocrée sur fond vide avec ses roues et ses bras de machines, ses pylônes, son arc et ses lignes abstraites et même des objets stylisés, épis ou lampe à pétrole, le tout en couleurs primaires, Composition, (1921). En revanche, en 1920, il réalise des portraits sombrement expressionnistes* au trait torturé comme celui de Schiele* et ombrés de volutes. La Grande Voie ferrée, (1920, Th-B), délaisse la figuration et use de lettres ; le travail typographique est amorcé que l'on voit dans Portfolio Constructions 6, Kestnermappe, (1923, LMH). Toute figuration est abandonnée en 1922 ; les géométries sont posées sur un fond vide et uni, la courbe recoupe la droite ; la croix apparaît et la superposition de carrés en transparence ainsi que la section étroite de cercle ; le dégradé enfin, en rose et en gris, par transparence des couleurs primaires, Lis, (1922, NPSG), EIV, (1922, SKK), Photogramme, (1922, MNAM), A IX, (1923, MAMSF). En 1923, il quitte la rigueur intransigeante des écoles; les couleurs se multiplient, vives ou mortes, les géométries planes muent en formes tridimensionnelles, les ombres apparaissent, et les mouvements indiqués par spirales ou par flèches, Komposition am 3, (1923, SS), claviers, croix, diagonales contrariées, les épaisses croisant les minces, Composition A XI, (1923, GMH), ZVIII, (1924, NNG), ZIX, (1924, KM), et, depuis 1930, par une complexification de la non-figuration* en dégradés enchevêtrés, en résilles, en treillis, en surfaces granitées, en formes flottantes et gonflées, en cercles et anneaux ellipsés, sur empilement de petits rectangles noir et gris, CH XIV, (1939, BEL), semis de petits points en arc de cercle, Space CHV, (1941, MAMSF). Photographe, venu après Man Ray*, mais sans  connaître son travail, il produit, en noir et blanc, des images en plongée,  contre-plongée, oblique, Vue depuis la tour de la radio, Berlin, (1928) ou Scandinavie, (1930) quand les bérets marins sont cercles blancs. De 1922 à 1943, il réalise 430 photogrammes, soit par impression directe d'objets sur papier photographique, garant la trace non-identifiable, soit en chambre noire, et l'évolution des formes n'est plus visible, et le résultat n'est découvert qu'après le développement. De 1936 à 1946, il réalise des photos en couleurs, miroirs déformants, flous, abstraction, affiches lacérées, rochers, tout est expérimenté. Ces recherches photographiques sur les effets de la lumière des années 1920 portent leur fruit dans la peinture : il allège encore ses constructions par de fines lignes et ses pointes biseautées, superposées en couple, entourées d'une légère aura, apparaissent comme des géométries-volantes-non-identifiées, Sil 2, (1933, SGM). Les géométries deviennent transparentes, multipliant les plans arachnéens, Composition, (1935, MNAM). Il est à l'abstraction*géométrique ce que le futurisme* est à la figuration*. Très tôt, il use des nouveaux matériaux plastiques, de la Bakélite en 1931 au Plexiglas en 1946, Expérience avec le modulateur espace lumière 5, (1931-1935). Il est le père des installations* avec Modulateur-Espace-Lumière 5, (1922-1930). Il faut attendre 1938 et l'Amérique, CH Besta I, (1939, SGM), pour que la rigidité linéaire ou circulaire soit rompue par l'introduction de rubans repliés, venus de Moebius ou de Kobro, sculpture de métal soudé.

Expositions : 1922,1924, Der Sturm*, Berlin, (P) ; 2003, gal. de France, Paris, (P) ; 2012, 1917, Pompidou-Metz, (G).

Rétrospective : 1946, Cincinnati Art Museum ; 1947, Gugenheim, New York et Art Institute, Chicago ; 1976, Musée des Arts décoratifs, Paris ; 1991, Musée Cantini, Marseille ; 2010, Circulo de Bellas Artes, Madrid.

Musées : Les photogrammes se répartissent entre le musée national d'art moderne, Paris, et le Folkwang Museum d'Essen.

Citation(s) : Il a dit :
- Je ne sais rien de ma peinture, mais je suis fier de ma vie.
- Peindre avec la lumière. (à propos des photogrammes).