Fiche de présentation

DALÍ, Salvador

né le 11 mars 1904 à Figueiras, Catalogne, Espagne; 1921-1923, Beaux-Arts, Madrid, dont il est exclu pour insubordination ; 1927, entre dans le groupe surréaliste*, dont il est exclu en 1934 ; s'intéresse à la psychanalyse et se lie d'amitié avec Lacan ; baptise sa manière "paranoïaque-critique" c.a.d. critique de sa paranoïa ; compose un opéra, Être Dieu, qui en 1974, est enregistré ; 1929, rencontre Elena Diakonoff, épouse d'Éluard, dite Gala ; 1934, l'épouse ; 1939-1945, vit aux États-Unis ; Breton le nomme "Avida dollars", de l'anagramme de son nom ; 1955, se fait assister par un douteux secrétaire-imprésario, John Peter Moore, (1919-2005) qui possède 1 500 oeuvres ; 1972, donne son oeuvre et ses collections à l'État espagnol pour qu'elles soient montrées dans l'ancien théâtre de Figueiras, rénové après sa destruction lors de la guerre civile ; 1973-1981, John Peter Moorer est remplacé par  Enrique Sabater Bonany, qui a tous les pouvoirs dans une société créée en 1976 pour gérer sa production et... ses reproductions ; acquiert la citoyenneté monégasque ; 1979, est reçu à l'Académie des Beaux-arts de l'Institut ; 1981, s'inscrit enfin à la Spadem ; le 18 mars de cette même année, il communique par l'AFP :  "Ma confiance a été abusée surtout depuis ma maladie (1980)"; il signe en blanc des milliers de feuilles sur lesquelles des estampes sont imprimées durant qu'il n'est plus capable de signer ; son troisième secrétaire, Robert Descharnes, figure aussi parmi ses exécuteurs testamentaires ; il est l'expert de l'oeuvre ; 1982, Gala meurt le 10 juin ; 1983, est fait marquis de Pubol le 26 juillet ; cesse de peindre et quitte lentement la vie depuis la disparition de Gala ; 1989, meurt le 23 janvier à Figueiras ; est enterré dans son musée.
signatures  : 1919-1923 : DALI; 1924-1928, Salvador Dali; 1929, GalaSalvadorDali.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Graveur - Peintre - Sculpteur

Présentation : Sa première toile aurait été peinte en 1910, à 6 ans, sa dernière en 1983. De 1917 à 1920, il est post-impressionniste*, Les Bords de la côte catalane, (1919); de 1923 à 1927, il s'essaie au post-cubisme, Vénus et le marin, (1925, Mus. de Shizuoka), Nature morte au clair de lune, (1927, Th-B). En 1924, il adopte une facture léchée, précise, inspirée de la mise en page des grands renaissants, Jeune Fille assise vue de dos ou Jeune Fille debout à la fenêtre (MNAC)! Ètudes de têtes, (ca.1937) et le Portrait du père de l'artiste, (1925, MAMB), venu de la Nouvelle Objectivité*, sculptural.
Simultanément, en 1924, il entre en surréalisme. D'abord à la manière d'Ernst*, La Vache spectrale, (1928, MNAM), ou de Miró* lorsque voient le jour les éléments biomorphes, encore abstraits.
Surréalisme
Très rapidement, il devient surréaliste figuratif, adoptant le langage de la figuration rigoureuse, généralement rejeté. Il plante son décor, le plus souvent dans des espaces largement ouverts, comme le Tanguy* de 1927, plus rarement dans des villes qui rappellent celles de De Chirico*; il use aussi de la trouvaille du Magritte* de 1928, inscrivant dans les creux de formes plates, trouées et renfoncées les mots "ma mère" sans cesse répétés, L'Empire du désir, Mamère, ma mère, ma mère, (1929, HMSW), en hommage à Gaudi et à l'Art nouveau*.  Il s'invente, enfin, avec la transformation des rochers en biomorphes, Monument impérial à la femme enfant, (1929, Sofidu). Les vastes perspectives maritimes ou désertiques, la perspective fuyante du tableau, avec ses "prises de vues" insolites, le monde grouillant de personnages, d'objets de formes oniriques et freudiennes mêlés au raffinement laqué de la technique font sentir l'influence des grands maîtres ; telle main, c'est du Magnasco, Cannibalisme d'automne, (1936-1937, Tate) ; tel petit coin de paysage, c'est Vermeer ; telle figure, c'est Goya à peine revu, Construction molle avec des haricots bouillis, prémonition de la guerre civile, (1936, PMA) ; telle scène de plage, c'est Boudin, Image médiumnique paranoïaque, (1935, BvB). Mais ces références ne sont qu'un clin d'oeil ou la réaffirmation d'un savoir-faire.
L'oeuvre dans son ensemble est marquée des obsessions de l'artiste parmi lesquelles le phallus tient une bonne place, L'Énigme de Guillaume Tell, (1933, MMS), toile immense de plusieurs mètres carrés. Il y a les formes molles, montres dans Persistance de la mémoire, (1931, MoMA) ; corps, montagnes, pierres dans Le Sommeil, (1937, BvB), les téléphones, avec une langouste en place d'écouteur, (1937) ou  fondants dans Énigme Hitler, Le Moment sublime, (1938, GSS). Il peint un canapé en forme de lèvres de Mae West, (1937). Autre thème récurrent qui ne fait que répéter la fascination phallique, celui des fourches sous ces haricots trop lourds, Le Sommeil, (1933, BvB) ; les échasses qui ont poussé à l'éléphant , Rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une pomme-grenade une seconde avant l'éveil, (1944, Th-B) ou La Tentation de saint Antoine, (1946, MRBABx).
Le Portrait de Mme Harrison Williams, (1943- ), devenue comtesse Bismarck, en pied, au seul éclairage du visage, dans un monde sombre qui s'écroule.
"En juin 1932 se présente subitement à mon esprit, sans aucun souvenir proche ni association consciente immédiate, l'image de L'Angélus de Millet ; aussi, de 1933 à 1979, ce sujet revient-il régulièrement, soit qu'il le paraphrase, soit qu'il le triture,en le falsifiant, soit qu'il en introduise la reproduction dans, Portraitde Gala ou L'Angélus de Gala, (1935, MoMA). De 1936, la série de femmes à tiroirs, dont le Cabinet anthropomorphique, (1936, KKNW) et Girafes en feu, (1936, KBâ), dont les tiroirs entrouverts et le geste du refus suggèrent le viol qui laisse la femme dépouillée de ses secrets.
Il sculpte des objets de même facture, La Vénus de Milo à tiroirs, (1936, BvB). De la même année, un shaped canvas*, Couple sur le sable, (1936, BvB), marine en diptyque, découpée en deux torses penchés l'un vers l'autre. De bons esprits estiment le peintre achevé avant son départ pour l'Amérique, soit en 1939.
Il illustre en six volumes, La Divine Comédie, (1973).
Saint-Sulpice sublimé
"En 1951, les choses les plus subversives qui peuvent arriver à un ex-surréaliste sont deux : première, devenir mystique, et seconde, savoir dessiner; ces deux formes de vigueur viennent de m'arriver ensemble et en même temps à moi." La maîtrise n'a pas changé, mais l'inspiration, qui permet la multiplication de reproductions dans les boutiques de Saint-Sulpice et le rend fréquentable par les bonnes âmes, en même temps qu'il révèle une technique étourdissante, La Madone de Port Lligat, (1949, Marq) (deux ans avant sa conversion) ; Le Christ de saint Jean de la Croix, (1951, AGG), Crucifixion on Corpus Hypercubicus, (1954, MoMA), La Dernière Cène, (1955, NGW), Santiago el Grande, (1957) ou Le Rêve de Christophe Colomb, (1958-1959). et le raccourci radical de L'Ascension, (1958, coll. Perez Simon, Mexique), sur fond d'explosion atomique, Ce sont, avec la plupart du temps Gala en donatrice, des morceaux de bravoure, de plongées, de contre-plongées, de raccourcis, le tout dans un dessin parfait et dans une matière laquée : mais ce pompier-du-siècle-après est privé de tout mystère. "Son retour à l'académisme signifie-t-il qu'il a deviné la réhabilitation d'un certain XIXe siècle ? Il perçoit les futurs tremblements de terre comme il sent son public à la manière d'un acteur entrant en scène. Il a compris aussi que le cirque convenait à notre époque" (Pierre Mazars).
Il revient cependant de temps à autre à son style paranoïaque critique, et de 1978 date  une compression à la César*, réduisant à un cube des plaques de cuivre et de laiton repésentant La Cène.
Le Sculpteur :
Faut-i mentionner des tirages de 1000 exemlaires et plus ? Il done Carmen-Cstanets, (1970), virevoltante, comme Venus à la Girafe, (1973) ,presque classique et un Nu motant l'escalier, homage à Duchamp, (1973)
Le Verrier
A l'instigation de Jacques Daum inventeur d'une d'un nouveau procédé de pâte de verre,  il réalise de 1967 à 1989, 21 pièces en verre, tirées chacune à 850 exemplaires, L'Important c'est la rose,(1967) ou Montre molle¨
Les Estampes et l'Institut
Il ne lui reste plus qu'à entrer à l'Institut, après s'être prolongé par des ateliers d'estampes à la production industrielle qu'il signe et à s'être amusé à des recherches visuelles, hologrammes, peintures numériques ou stéréoscopies, venus de la théorie mathématique des catastrophes.
L'oeuvre peint compte environ 2 000 toiles.
L'écrivain :
De 1927 à 1983, on recense quelque 180 textes, proses et poésie comprises.

Expositions : 1925, Dalmau, Barcelone, (P) ; 1929, Goermans, Paris, (P) ; 1932, Julien Levy, New York, (P) ; 1937, Gravida, Paris, (G).

Rétrospective : 1941, Museum of Modern Art, New York, (P) ; 1971, Musée Boymans van Beuningen, Rotterdam1980, 2012, Centre Pompidou, Paris ; 1983, Barcelone et Madrid.

Musées : Centro d'arte Reina Sofia, Madrid : 56 tableaux, dont 23 d'avant 1950 ; Musée d'Art contemporain, Barcelone ; Fondation Dalí, avec trois sites, Figueiras, Port Lligat et Pubol (Catalogne), donation, en 1974, de peintures de lui et de ses amis ; Musée Boymans-Van Beuningen, Rotterdam : toiles de 1933 à 1939 ;  Salvador Dalí Museum, St. Petersburg (Floride), la collection Reynolds Moore, 93 huiles, de toutes les époques, 300 aquarelles et dessins, la presque totalité de l'oeuvre graphique ; Perrot Moore Art Center, Cadaquès, (Catalogne), la collection du premier secrétaire, plus de 100 huiles. Musée Dali, Cleveland, Ohio.

Citation(s) : Il a dit :
- Au moment du surréalisme des années 1930, ma peinture était un peu automatisme imaginatif [...] aujourd'hui [...] j'utilise une technique photographique. Chaque tableau est défini d'avance par une structure parfaitement géométrique. En ce moment, (1974), je peins des tableaux stéréoscopiques en utilisant deux miroirs qui reflètent deux photographies, comme les anciens, Vermeer, par exemple. J'obtiens des visions et des couleurs uniques. Pour résumer, autrefois je peignais la fantaisie de la réalité, aujourd'hui je peins la réalité de la fantaisie. La peinture, c'est la photographie à la main et en couleurs. La pauvreté est une maladie. Après Gala, ma femme, ma muse, la chose que j'aime le plus au monde, c'est l'or. [...] Viens, Mort, mais tellement cachée que je ne te sente pas venir, parce que le plaisir de mourir pourrait me redonner encore la vie.
- Picasso est espagnol, moi aussi. Picasso est un génie, moi aussi. Picasso est connu dans le monde entier, moi aussi. Picasso est communiste, moi non plus.
- La différence entre les surréalistes et moi, c'est que moi je suis surréaliste.
- Je suis enchanté de cette nouvelle matière qui comporte l'élasticité moléculaire d'un escargot et,tout à la fois,la consistance de la gare de Perpignan   (à propos) de la pâte de verre

On a dit :
- Il est notre seul Don Quichotte en pension chez Freud. (Alain Bosquet).
- C'est peut-être, avec Dalí, la première fis que s'ouvrent les fenêtres mentales. (André Breton). 
- Un génie d'un immense talet, d'une iinimaginable fantaisie, , d'une très vaste intelligence et, au fond, d'une grande gentillesse malgré son egocentrisme apparent et les allures de clown qu'il se donne.     (Jacques Daum).
- Toi, avec ton génie et ton talent, c'est un miracle que tu ne sois pas en train de crever de faim. (Gala).
- Chez Dalí, il nous montre trois tableaux minuscules, mais ici éclate le mérite de ce peintre, car ces tableaux qui ont les dimensions d'une carte postale font l'effet d'être beaucoup plus grands, parce qu'ils sont conçus comme de grands tableaux. On peut couvrir de peinture une toile de 10 m_ et ne produire en définitive qu'une miniature agrandi; c'est ce qui est arrivé si souvent aux peintres officiels. Dalí fait tout le contraire, il met le ciel et la terre dans un espace où la main ne tiendrait pas. (Julien Green, 16 octobre 1933).
- Déjeuner chez Jaloux. Il me montre deux belles toiles de Dali, mais quoi, tout le monde a son Dalí maintenant! Ce peintre aurait dû rester rare. Rare, il éblouissait. À présent, il existe des séries de Dalí qu'on ne distingue que difficilement les unes des autres. (Julien Green, 6 janvier 1936).
- Classé parmi les surréalistes qui recherchaient le scandale avec un succès modéré, il se détachait d'eux peu à peu par la simple raison qu'il était seul de son espèce et ne ressemblait à personne. Après Grandville, il a perfectionné un genre à lui : le scandale féérique. (Juien Green, 5 décembre 1980).
- Bosch était un " frère du libre esprit " aussi bien qu'un catholique. Dalí procède de lui, sans l'innocence, mais non sans génie. [...] Dalí fournissait des mystères (Julien Green).
- Le grand drame de Dalí provient de ce qu'il a voulu construire Sainte-Sophie et que c'est le Sacré-Coeur de Montmartre qui est sorti de ses mains. (Marie-Laure de Noailles).
- Dans la pensée de Newton et de la physique classique, il y a d'un côté le temps et l'espace, de l'autre la matière. Mais le deux concepts n'étaient pas liés. La matière se meut dans un espace-temps donné une fois pour toutes. En revanche, dans la relativité d'Einstein, l'espace et le temps sont en quelque sorte intrinsèques à la matière. Le temps ne coule pas de la même manière sur la terre, qui est une planète "légère ", que sur une "lourde " comme Jupiter. Dans ce sens, le temps est intérieur aux choses et c'est ce qui vient tout de suite à l'esprit quand on regarde les montres molles. (Ilya Prigogine).
- Ma galerie est une maison sérieuse qui n'est pas faite pour les clowns .  (Paul Rosenvberg).
- Un jour, lors d'une de mes dernières visites, j'amenai avec moi Salvador Dali, selon moi le peintre le plus doué de la jeune génération, qui vouait à Freud une vénération extraordinaire, et pendant que je parlais avec Freud, il fit une esquisse. Je n'ai jamais eu le courage de la montrer à Freud, car Dali avec sa clairvoyance avait déja figuré la mort à l'oeuvre. (Stefan Zweig).

Succession : 1982, le testament fait de l'État espagnol le légataire universel ; 1983, la Fondation Gala-Salvador Dalí est chargée d'administrer son Théâtre-musée ; 1983, l'exploitation des droits de l'oeuvre est cédée, jusqu'en 2004, à la société Demart Pro Arte, installée en Suisse, gérée par Robert Descharnes, chargée d'alimenter en fonds la Fondation ; 1994, l'État espagnol dénonce cette concession et confie l'exploitation à la Fondation Gala-Dalí de Figueiras.

Divers : Faux :
En 1999, l'État espagnol saisit 10 000 lithographies, des sculptures et des toiles, appartenant à John Peter Moore, sur les 350 000 réputées fausses : "J'ai signé quelques toiles blanches, en me fiant à mes collaborateurs, mais les 350 000 unités que l'on m'attribue sont un tour de force que je n'aurais pu physiquement exécuter" ;  Moore est condamné en 2004, par un tribunal catalan, pour avoir trafiqué et vendu une toile volée en 1974 à New York, Double image de Gala.