Fiche de présentation

KANTOR, Tadeusz

né le 16 avril 1915 à Wiepole, près de Cracovie, Pologne ; 1934-1939, Beaux-Arts de Cracovie ; 1948, promoteur de l'exposition d'art moderne à Cracovie ; dans sa Cricothèque (du nom de son théâtre, " Cricot 2 "), il accumule et archive tout ce qui, depuis 1980, a trait à son théâtre et il y passe une ou deux heures par jour, " veillant sur cette bibliothèque et ce cimetière "; 1990, meurt le 8 décembre à Cracovie.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Du milieu des années 40 au milieu des années 50, il pratique une peinture dada*, puis un art surréalisant*; enfin, il se livre une peinture informelle; dans les années 60, ce sont des " emballages ", l'art étant, selon lui, " une réalité inférieure ", Human Package, (1965, Sztuki Mus., Lodz), dans un environnement clos et vide, des corps qui tombent sur un corps allongé rehaussés de vrais objets à la manière de Johns* ou de Rauschenberg*, parapluie brisé, vêtements froissés, emblèmes du désespoir dérisoire, ou Figures, (1968, Sztuki Mus., Lodz). En 1963, il crée environnements et actions. Est-ce son théâtre qui es le plus connu, ou sa peinture? Difficile tant l'un renvoie à l'autre. Depuis 1972, ses dessins étiques, à l'encre de Chine, aux traits expressionnistes*, avec leurs solutions de continuité qui en font des ébauches achevées, disent la mort, l'exclusion, l'enfermement, la persécution, la judaïté, marqués, çà et là, d'une pointe d'humour grinçant. Objets-sadiques de 1973, ou Les Messieurs sérieux de 1983 qui montrent des bourgeois du début du siècle dans toutes les postures de potaches. De 987 à 1989, de grandes toiles, regroupées par thèmes, la maison, la chute, la mort, l'art du peintre, ne connaissent que le noir, plus ou moins intense, et le gris, parlent des mêmes sujets, qui le hantent, que les dessins : cadavres, exécutions, demeures réduites à la cheminée de briques disjointes, chute dans le vide sur une minuscule église. Les académies d'hommes, omniprésentes, sont modelées par des traits multiples qui rendent le mouvement ; contournées aussi, un peu michelangélesques sans exagération e déformations, mais toujours dramatiques; en cela, il cousine avec les Nouveaux fauves*. Quant à la série sur le métier d'artiste, l'humour s'y donne libre cours, indirectement plus que graphiquement parlant : la toile est " complétée " par des membres en mannequin de tissu et des mains ou des pieds en cire blafarde. Les titres justifient ces adjonctions : Je nettoie le tableau où je suis peint en train de nettoyer le tableau (1987), ou Le soldat porte le tableau où il est peint en train de porter le tableau avec ses camarades morts, (1988), dans ce dernier, l'une des jambes adventices est habillée de jean, l'autre est une prothèse. Ainsi, le tableau et la vie - aussi tragiques l'un que l'autre - se rejoignent et s'intercompénètrent. À noter aussi ses sculptures-installations*, comme Deux Orphelins dans une benne d'ordures, (1961) qui renvoie à Fin de partie de Beckett, ou Portrait de ma mère, (1976), caisse en forme de cercueil contenant 5 sacs sérigraphiés de photographies de la mère à divers âges et, au mur, la photographie de la tombe de la mère, ou encore La Classe morte, (ante1983), avec sa douzaine d'écoliers avec têtes, mains et pieds de cire blême, habillés d'uniformes en serge noire, assis, hagards, sur leur banc de bois brut.

Expositions : 1958, Samlarem, Stockholm ; 1989, gal. de France, Paris.

Citation(s) : Il a dit :
-  Il faut accumuler les documents, c'est important. Plus important que les spectacles.