Fiche de présentation

DOLLA, Noël

né le 5 mai 1945 à Nice, Alpes-Maritimes, France ; 1962-1966, Arts décoratifs de Nice ; travaille comme peintre en bâtiment ; 1967, participe à Support-Surface* ; 1976-1990, cesse de peindre et enseigne à la villa Arson, Nice ; 1988, fonde le Groupe Elan, composé de lui-même sous tous les anagrammes possibles ; 1990, recommence à peindre ; 1997, épouse Sandra Lecocq*.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Le 14 décembre 1967, à Nice, il entre en scène en réduisant un châssis à un séchoir et en y pendant des linges trempés dans la couleur : les ingrédients de la peinture sont réunis, mais ce n'est pas de la peinture, elle est bafouée; ainsi commence un conceptualiste*. Peintre, sa démarche repose sur cette interrogation : " Le peintre en bâtiment est-il le roi du monochrome? ", et sa réponse est que " le peintre en tableaux n'est que le prolongement du premier, celui qui sait se resservir de sa pratique en la tressant d'autres données ". Il réfléchit à l'acte de peindre : le premier geste étant le point réalisé par le pinceau lorsqu'il rencontre la toile. Puis il s'impose des règles pour maîtriser la peinture : alors qu'il est gaucher, peindre de la main droite en mettant l'œil à un oculaire. Il suit ainsi le chemin de la peinture par une approche matérialiste et matiériste*. Le point devient pastille, peinte, opercule manquant ou disque mobile. C'est sa manière à lui de conceptualiser, comme Toroni* le fait avec le carré et Buren* avec la rayure, Trois Plinthes, (1971), posées verticalement contre un mur et percées de cercles, ou Torchon, (1971), aux motifs toroniens* ou africains. Sa période Support-Surface est faite de chiffons, Trempage, (1967), peinture à chaud sur drap libre, étroite bande de tarlatane trempée dans la couleur rouge, en déroulant jusqu'au sol à quelque distance qu'il se trouve du plafond, et frappé de pastilles rouges, Rouleau, (1970). Il prolonge cette pratique jusqu'à Étendoir, (1999), trois draps partiellement peints, en état de séchage. De 1973 à 1976, il aborde la croix, en référence à Malevitch* : variations de quatre carrés réguliers ou non, dont les jointures forment une croix grecque de tissu ou monochrome noir avec une croix en sous-impression, ou faite du pigment et de son aura d'huile sur une bâche plie, Sans titre, (1974, FRAC Limousin). Dans le même temps, il intervient* par des restructurations, de land artiste*, en posant, de 1970 à 1985, des cercles ou des anneaux sur la neige de Salz ou sur le sable de Nice. Le même 14 décembre, il se livre à sa première intervention*, traçant un cercle à la craie sur le sol, y invitant, pour dix minutes, des spectateurs, déversant tout autour des ordures nauséabondes et ordonnant : " Inspirez, expirez, inspirez, expirez. " Viennent quelques installations comme Le Grand Leurre, (1986-1998), machine agricole rose, sur gazon, ou La Grande Herse, (1972).
Après une vacance de près de quinze ans, il reprend sa peinture, non là où il l'avait laissée, mais avec toujours la même obsession de la matière. Si celle-ci est de cire sur bois, elle use du rouge profond mêlé de noir, habitée de remous, de traits, de pastilles, de clichés d'imprimerie, disposés en trames séquencées, à moins que ce ne soit une équivalence rude d'un miroir sans tain, Châsse, (1990, FNAC). L'œuvre prend une intensité, une gravité et une sensualité qui portent à caresser. Si le travail est d'acrylique, de grands rectangles superposés en forme de carrés, de triptyque, sont enflammés d'ondes de fumée, Les Trois du Cap, (1987, FRAC PACA) réalisant ainsi le contraire de Pollock*, puisque le monochrome est au plafond et léché par la flamme... dont la fumée apporte une seconde couleur. L'année 1990 est particulièrement féconde, avec de grandes toiles jaune paille sur l'acrylique desquelles ce sont spirales, damiers, cercles de fumées déposées par un flambeau de suif sur la matière a fresco. Il introduit aussi des ready-made* peints, jalousies associées en polyptyque aux surfaces régulières séparées entre elles par des pots de couleurs qui ont coulé, et dans le même esprit de la fenêtre, des rectangles noirs souillés de craie, peints à même le mur (1966). Ce sont les Tableaux d'écolier, (1999), charbon de bois sur toile blanche, ou craie sur toile noire, graffitis* à la Voss* prolongés par des collages de tarlatane, de bandes Velpeau. Il reprend la gravure, soit sur Plexiglas, soit sur plomb détouré; dans ce cas, l'ambiguïté est organisée, d'une verge-fusée ou d'appareil sexuel masculin transformé en caniche ; mais là n'est pas l'important; le plomb sert à imprimer grassement un premier papier qui lui-même sert à en imprimer un second, par pression, et ainsi de suite, les gris déclinant. Il revient à la fumée avec l'installation Le Temple de Vulcan, (1999), 13 plaques d'aluminium sensibilisées et absorbant teintes douces, rares et fumées. Il est saisi par le goût de la figuration avec Christ à l'avion jaune, (1995), allusion à Gauguin, transposé en Avignon sur toile brute. Un sac descendu du plafond, Gant à débarbouiller la peinture attribué à Chronos, (2001), et Ne pleure pas Jeanette, (2008), des mouchoirs de fantaisie pendu sur un support. L'art de remettre l'art en question en tous ses médias.
Il devient abstrait* géométrique. Les triangles dont la pointe est soignée grâce à des caches, s'effilochent tandis qu'ils vont à la rencontre l'un de l'autre, Pour papa, (2005); d'autres toiles sont à fond uni, dont la couleur prêt au grège, et les angles aigus s'y déploient, agressifs comme s'ils s'agissait de flèches-laser, La bataille de Carcan-old-down, (2003). En 1995, il crée des installations à base de photographies développées sur toile cirée et nanties de rouleaux de tarlatane, Chemise Ghost, (1994) ou Oreilles, informatisées, béantes, énormes (1995). Une série de photographies couleur, Vir Heroicus Sublimis, Find Us, (1999) développe une autre technique et une pêche à la ligne se dresse devant un paysage profond portant un animal, homme ou poisson. Le Passager de Galhinas, (2005), chante l'immensité un oiseau, une bande de terre au loin et la mer.
Vidéaste*, il montre Tropicana Hotel, (2003-2005), suite de 22 scènes en hôtel tropical et Offshore, (2005) racontant avec force vidéos et photographies, l'histoire de ses expositions.

Expositions : 1967, Benn, Nice (G) ; 1969, intervention à Rome ; Jeunes de l'école spéciale d'architecture, Paris ; La Bertesca, Gênes (P) ; 1976, Gérard Piltzer, Paris (P) ; 2005, Filles du Calvaire, Paris (P) ; 2009, Mac/Val, Vitry, (P).

Rétrospective : 1998, La Ferme du Buisson, Noisiel ; musée des Beaux-Arts, Mulhouse ; Centre d'art contemporain, Quimper ; Centre d'art contemporain, Vassivières ; 1999, musée d'Art moderne et d'art contemporain, Nice (P) ; 2013, Villa Arson, Nice.