Fiche de présentation

SOTO, Jésus-Raphaël

né le 5 juin 1923 à Ciudad Bolívar, Venezuela ; dessinateur d'affiches de cinéma ; 1942-1947, Beaux-Arts de Caracas ; 1947-1950, dirige les Beaux-Arts de Maracaïbo ; 1950, s'installe à Paris ; bourse épuisée, il joue de la guitare dans les cafés ; 1960, Grand prix national de peinture du Venezuela ; 1995, Grand prix national de sculpture de France ; 2005, meurt le 17 janvier à Paris ; est inhumé au cimetière de Montparnasse*.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Sculpteur

Présentation : C'est en 1942, qu'il découvre, à Caracas et par de mauvaises reproductions, le cubisme*; il lui faut attendre 1950 et son arrivée à Paris pour apprendre que l'abstraction* existe, et Mondrian* et Malevitch*. Ses oeuvres d'étudiant sont des paysages vénézuéliens transposés en larges à-plats.
A Paris, il plonge dans l'art optique* : Répétition Optique, n° 2, (1951, Mus. Jésus Soto, Ciudad Bolívar, ou JSB) est une réalisation sérielle de rectangles alignés et contrariés, en relief, blanc, noir et jaune, qui provoque la vibration optique du tableau, proche du Vasarely* et du Kelly* de la même année. Puis, dans un autre système sériel, plus subtil, il manie non seulement la répétition mais aussi la progression ; il va du point au carré par le trait et de petits traits, Rotation, (1952, MNAM), ou encore des pastilles. Il veut dynamiser le Mondrian* des années parisiennes, comme celui-i l'a réussi avec Boogie-Woogie. Il fait donc glisser des carrés l'un sur l'autre par transparence d'un Plexiglas, Déplacement d'un carré transparent, (1953) ou Points blancs sur points noirs, (1954) ; la vibration optique naît du déplacement du spectateur devant l'oeuvre fixe. Il peint le même motif sur bois et sur plexiglass en avant de 30 cm., (1953, 1957, MNAM) et Spirale, (1955, MNAM). 
En 1955, il adopte la fine rayure verticale noire et blanche, devant laquelle il pose sur Plexiglas d'autres motifs, de sorte que le mélange des deux provoque une troisième forme, Structure cinétique horizontal-vertical, (1957, JSB). Des éléments colorés primaires affichent nettement la troisième dimension et deviennent sculpture à part entière, Harmonie transformable, (1956, JSB).
De 1957 à 1962, il crée des oeuvres brouillées; sur support fruste, parfois ligné, il pose un écheveau désordonné de fils de fer, (1957) et Cercles rouges, (1961, JSB).
En 1962, retour à l'ordre, avec d'abord les Nouvelle Écriture, (1963). Le fil Nylon est mis à contribution, qui suspend devant les lignes verticales noires et blanches de fines arabesques noires, autonomes, qui pourraient être graphisme, ou au contraire, des arabesques blanches. De même, depuis 1964, il suspend en avant du tableau des baguettes ou des cintres mobiles, Olive et noir, (1966, SGM). C'est une étape nouvelle puisqu'à la simple superposition de deux plans immobiles, se substituent des éléments mobiles qu'un simple souffle met en action pour leur déformation. Et ainsi jusqu'en 1979.
Simultanément, à compter de 1961, il invente la série des T. En insérant nombre de ceux-ci, par le pied, il crée avec les barres transversales, un avant-plan qui provoque la variation des lignes de l'arrière-plan, Tés blanc et jaune, (1971). Mais dès Placa Nigra, (1958, JSB), il réintroduit le carré de métal fixe, soulignant l'orthogonalité du tableau, qui dialogue avec les éléments vibratiles, Orthogonal IV, noir et olive, (1979, JSB). Ce carré rouge sur lit de T. Senegales, (1988),  en arrive à donner l'illusion de glisser, Carré vibrant, (2004).
De l'alignement régulier de carrés identiques, il passe au jeté horizontal de carrés de métal de dimensions et de couleurs différentes, Décembre ambivalent, (1993, JSB), reprenant ce que Stazewski* faisait dès 1960. Comme les carrés sont en avant du caisson, leur ombre est projetée sur le fond. Il met, en trois dimensions, les Composition avec plans de couleur sur fond blanc, Mur panoramique vibrant, de Mondrian, en 1917, qui cherche alors à faire flotter ses quadrangles.
Pour inviter à prendre possession de l'espace dans un environnement* optique, il invente, en 1966, le fait de fines tiges métalliques suspendues, qui se transforme, en 1984, en volumes virtuels lorsque les tiges sont peintes graduellement de telle manière qu'apparaisse une sphère, Sphère concorde, (1996). Un autre avatar de cette trouvaille, ce sont les Pénétrable, (1992, FMSP), les tiges sont de nylon jaune et pendent d'un portique cubique dans lequel on pénètre. Il est l'un des pionniers de l'art cinétique*.

Expositions : 1943, Salon d'Art vénézuélien, Caracas, (G) ; 1949, Taller libre de arte, Caracas, (P) ; 1951, Suzanne Michel, Paris, (G); 1955, Mouvement, Denise René, (G) ; 1956, 1997, Denise René, Paris, (P) ; 2015, Emmanuel Perrotin, Paris, (P).

Rétrospective : 1965, Signals, Londres ; 1968, Berne, Hanovre, Düsseldorf ; 1969, Amsterdam, Bruxelles, Paris ; 1971, Musée des Beaux-Arts, Caracas ; 1972, Bogotá ; 1974, Guggenheim, New York, Rotterdam, Washington ; 1982, Palacio Velásquez, Madrid ; 1983, Musée d'Art contemporain, Caracas ; 1985, Center for Fine Arts, Miami; 1990, Musée de Kamakura, Japon ; 1997, Galerie nationale du Jeu de Paume, Paris ; 2013, Musée d'art moderne, Centre Pompidou, Paris, (P).

Musées : 1973, Musée Jésus Soto, Ciudad Bolívar, Venezuela, avec 250 oeuvres de divers artistes cinétiques, chaque salle disposant d'un programme de musique électronique. 2009, vingt oeuvres de 1958 à sa fin, Musée national d'art moderne, Paris.

Lieux publics : 1957, Structure cinétique, Cité universitaire, Caracas ; 1987, Volume virtuel, Hall du Centre Pompidou, Paris.

Bibliographie(s) : Georges Lematre, Catalogue raisonné, 2 vol. La Différence, Paris, 1997.