Fiche de présentation

PERMEKE, Constant

né le 31 juillet 1886 à Anvers, Flandre, Belgique ; fils d'Henri-Louis, paysagiste et premier conservateur du musée d'Ostende ; 1903-1906, Beaux-Arts de Bruges ; 1906-1908, de Gand ; 1909, s'installe à Laethem-Saint-Martin*; 1914-1919, mobilisé, blessé, évacué en Grande-Bretagne ; vit dans le Devonshire ; 1925, s'installe à Jabbeke ; 1938, élu membre de l'Académie royale flamande des sciences, lettres et beaux-arts ; 1942, interdit d'oeuvrer et d'exposer par les nazis ; 1945-1946, directeur de l'Académie royale des Beaux-arts et de l'Institut supérieur d'Anvers ; 1951, tombe malade en novembre ; 1952, meurt le 4 janvier à Ostende ; inhumé à Jabbeke.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : Il est influencé par l'impressionnisme flamand d'Émile Claus, Marietje de dos, (1907) ou Ma fenêtre le soir, (1911),  jusqu'à ce que Servaes* le convainque d'être lui-même, et il se cherche, Le Marin, (1909, Musée Van Buren, Bruxelles) ou Sur le quai, les Ostendaises, (1913, MOst), il se cherche. Il sort des appels nabi, symboliste ou postimpressionniste*, mondes avec lesquels il n'a rien de commun.
Il devient progressivement l'expressionniste* âpre, fruste, taillant à coups de serpe les formes cubiques et malaxant leur entourage, baignant dans toutes les gammes du brun, du beige, du vert bouteiile, Le Boucher, (1916, XL). Le regard mort des masques nègres et les leçons cubistes* qui en découlent, il les a mémorisés, et ils affleurent parfois dans l'angularisation,  Pêcheur ostendais, (1920,  Provinciale Mus. Constant Permeke, Jabbeke ou PC), La Kermesse, (1921,KMK),  Bassin d'Ostende au clair de lune, (1920, XL), mais sans plus, car le cubisme analytique, pour lui, serait maniérisme.
Dans le Devonshire, une palette éclaircie, lumineuse,  -qu'on retrouve pen 1943 dans quelques paysages dorés-  pour une sorte de cubisme cézannien, qu'il agrandit avec La Moisson dans le Devonshire, (1917 CP).
À la fin des années 10, il devient le maître souverain de l'expressionnisme flamand, Le Quartier des Pêcheurs, le soir, (1919, ibid.). Son inspiration régionaliste, figures et paysages de la Flandre occidentale, il la hisse à l'universalité, gonflée qu'elle est d'un puissant souffle tellurique. Il soumet les formes à son besoin furieux d'exprimer sans nuance, Les Rameurs, (1921, MAMC, Liège), La Roulotte, (1927), Le Faucheur, (1930). La mise en page est bouleversée au détriment de l'harmonie, La Friture, (1922, KMSKA), et seul compte l'avant-plan, toute perspective bue. Ses coups de brosse puissants sont ceux d'une peinture paysanne qui se sent étrangère aux raffinements intellectuels ou mondains, Le Pain noir, (1923). Les marrons se font bitume,  Les Moissonneurs endormis, (1920)  et il faut parfois chercher l'éclairage adapté à mettre en lumière les différentes parties du sujet qui semblent se dégager, péniblement, du chaos primitif, La Truie, (1929). Quant à lui, il éclaire de temps à autre par une touche blanche inattendue, A propos de Permeke, (1922, CP)
Son oeuvre se partage entre des formes sculpturales de paysans ou de pêcheurs aux traits grossiers, aux mains en forme de hachoir, Les Fiancés, (1923, MRBABx) et de vastes compositions presque informelles, L'Étable, 1933, MBALi), Le Mangeur de patates, (1935, MRBABx) ou encore L'Adieu, (1948, CP.), contre-jour de la femme couchée en raccourci, l'homme assis à son chevet dont l'inclinaison de la tête témoigne le désarroi. Le plat pays les champs sombres de la plaine flamande, ou, depuis la seconde moitié des années 1920, les remous glauques obscurs des vagues de la mer du Nord au crépuscule sous l'orage, La Grande marine, (1935, CP), 4,25 de long,  expriment la même tragédie cosmique que les marines de Nolde*, sans que Permeke se départisse de son brun cuivré, celui de la glèbe originelle, du purin, pétrie, malaxée; avec parfois un doré exceptionnel, L'Aube (1937, CCB) ou L'Aurore, (1942-1943, CCB), et ce Paysage Breton, (1951,CP), doté exceptionnellement et de perspective et de détails affinés fondus dans le camaïeu de jaunes. Ses nus sont à l'avenant. Souvent peints sur papier marouflé sur panneaux nervurés, visibles par deux bandes latérale. Déformés mais plantés sur la terre nourricière, avec des orteils ou des doigts tordus. Paradoxalement, c'est quand il veut faire ressemblant qu'il devient caricatural, La Tentation de saint Antoine, (1947) ou La Femme aux gants jaunes, (1949, MOst). Il est le triomphateur de l'instinct paysan, tout canon dépassé. À la sauvagerie de l'expressionnisme allemand, il oppose la rusticité flamande.
De 1937 à 1947, il est aussi sculpteur de figures, en bronze, élongées, Le Semeur, (1939) 2,90 m,  Torse, (1938, CP.), presque manièriste ; en bois, Autoportrait, (1940, ibid.), et surtout en pierre reconstituée. La femme nue est son sujet quasi exclusif et, comme s'il se retenait, il ne la déforme pas, lui donne même parfois un hiératisme antique, Lea, (1949, ibid)., son seul modèle étant son épouse.

Expositions : 1905, Ostende ; 1912, Giroux, Bruxelles, (P) ; 1915, Kingston-upon-Thames ; 1920, gal. Sélection, Bruxelles, (P) ;  1921,  La Licorne, Paris, (P) ; 1950, Biennale de Venise, (P).

Rétrospective : 1924, Giroux, Bruxelles ; 1929, Cercle d'art, Anvers ; 1930, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles ; 1946, Kunstvan Heden, Anvers ; 1947, Musée d'Art moderne, Paris ; 1975, Casino de Knokke-le-Zoute ; 1998, Salle Saint-Jean, Paris ; 2012, Bozart, Bruxelles.

Musées : Muse provincial Constant Permeke, Jabbeke.