Fiche de présentation

IMMENDORFF, Jörg,

né le 14 juin 1945 à Bleckede, près de Lunebourg, Basse-Saxe, Allemagne; père officie de la Whermacht et mère juive; pratique la danse et la peinture en autodidacte; 1963-1964, études de décorateur de théâtre à l'académie des arts de Düsseldorf et devient l'élève de Beuys*; 1968, milite dans le gauchisme; 1976, rencontre Penck* avec qui il réalise des interventions* et Guttuso*; 1981, enseigne aux Beaux-Arts de Stockholm; 1982, de Hambourg; 1989, de Francfort; vit et travaille à Düsseldorf ; 2004, frappé de la maladie de Charcot, vit en chaise roulante; 2007, y meurt d'une crise cardiaque le 28 mai.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : Il débute, en 1965, par une peinture gestuelle, Hort auf zu Malen, (VAbbe), dont l'inscription fait le tableau. De 1965 à 1968, l'inspiration sera pop*. Puis, pendant dix ans, jusqu'en 1978, il se met à raconter des histoires, légendées comme à Épinal, une sorte de dérision du Réalisme socialiste*. En 1978, il rejoint les Nouveaux fauves*, Transparent, (MMS). Dans la série des Ateliers, (1980), on voit le peintre dans une situation prométhéenne, écrasé par la tâche de construire; ce sont de grands formats dans lesquels l'architecture de la toile et sa perspective outrée deviennent prédominantes, Chaises, (1980, MLK), Porte II, (1980, MLK). Autour d'une pyramide centrale ou d'un parallélépipède d'objets, l'oeuvre peut être dépouillée; les foyers d'intérêt peuvent aussi se renvoyer l'un à l'autre comme dans les Ménines, se multiplier, Quatre Muses, (1980), où l'artiste se représente peignant face à un jeu de toiles, dans un éclairage inquiétant, légèrement fluorescent, dont l'intensité va s'accroissant. Les Café Deutschland, suite de 1978 à 1982, sont le lieu où l'artiste rêve et cauchemarde l'Allemagne d'aujourd'hui qui renoue avec l'expressionnisme* ante-nazi; s'il fallait se réclamer d'un prédécesseur, ce serait Beckmann* et sa sombre détresse ou Ysbrant* et le foisonnement de ses lieux de plaisir. Mais la construction d'Immendorf, tout en perspectives accusées, les sépare, Kolonie-Los,  (1982, MAMS). Dans de caveaux très munichois, aux perspectives prismatiques secouées par un cataclysme, encadrés de totems en avant-plan, s'accumule l'emblématique onirique d'un cerveau angoissé par son siècle : un loup sert, un aigle dépenaillé s'enfuit les ailes basses, un ors se dandine, la porte de Brandebourg se lézarde tandis que les consommateurs mâchonnent des rubans aux couleurs allemandes, cuvent à plat dos leur boisson, une cigarette encore à la main; un bloc de glace les oppresse, écrasant de sa géométrie polygone es artistes affalés qui rêvent les attributs de leur métier, congelés; l'éclairage fait la distorsion des plans sulfureusement colorés. Café Deutschland, l'étoile noire, (1982, MAMStE) propose une autre rêverie sur les périls d'aujourd'hui, avec ne forme noire, squale ou étrave qui partage en croix de Saint-André la mer déchaînée où traîne un bout de chaîne d'ancre, rompue, un canot de sauvetage, où un lecteur sur son tabouret de bar renversé continue à lire le journal malgré le naufrage. Le grand multiple sur papier Café, (1982) porte des titres différents selon la coloration de l'oeuvre qui va du rougeoiement aux teintes crépusculaires, sélectionnées en contraste sur les différentes parties du tableau pour obtenir l'effet des lumières tournoyantes synchronisées avec le rock. Il se veut peintre engagé. Il pourrait être, au sens strict, manichéen, quand il coupe sa toile en deux par un pilier central en miroirs et qu'il pose à gauche (!) un totem marxiste aux couleurs sombres et à droite (! un totem capitaliste aux couleurs brillantes : le symbole de l'Allemagne divisée en deux est très explicite... Mais le talent transcende l'anecdote en la revêtant de valeurs plastiques. Il se représente souvent au milieu de ses toiles, Nouvelle Majorité (1983, MLK), pour s'engager, dit-il, tout comme il y fait figurer son ami Penck* qui travaillait autrefois en Allemagne de l'Est. Le thème des objets envahissants et oppressants a été raconté dans les années 50 par Ionesco; ici, ils sont plutôt allusifs à Brecht. La série Café de Flore, (1990-1993) répond à celle des Café Deutschland, inaugure le cloisonnisme de chaque personnage qui se détache du fond encombré par un mince trait, comme les pièces d'un jeu d'emboîtage pour très jeues enfants, et l'évocation des grands aînés, que ce soient Breton*, Ernst* ou Duchamp*, reconnaissables surtout à leurs attributs, Beuys* et son chapeau, Sartre et son strabisme, et Malaparte son Kaputt dans les mains, évoqués comme pour exorcise les obsessions du temps, comme la hantise de l'antisémitisme. Depuis 1976, il est aussi sculpteur, inscrivant dans le même style massivement allégorique la troisième dimension, Couture porte de Brandebourg, question mondiale, (1982, LFIK), ou Peintre, (2002), trois singes en bronze. Au début des années 2000, réduit à la chaise roulante, il conçoit sur ordinateur et des assistants réalisent sous sa direction; des coraux, des synapses, des figures, en noir modulé, ombres chinoises ou sculptures, démantelés, sur un fond aux petits traits gris, évocateur du papier-peint historique ou historié, (2006). Des visages, des objets,  se dégagent dans la partie dorée ou argentée de la toile comme autant de figures ciselées, Sans titre, (2006)

Expositions : 1966, Schmela, Düsseldorf; 1972, Documenta, Kassel; 1982, 1993, Daniel Templon, Paris, (P); 2007, gal. de France, (Paris, (P).

Rétrospective : 2005, Nee nationale galerie, Berlin.

Citation(s) : Il a dit : " Je n'ai pas cherché mon style, il m'est venu. "