Fiche de présentation

APPEL, Karel

né le 25 avril 1921 en Amsterdam, Pays-Bas ; 1936, commence à peindre chez un de ses oncles ; 1940-1943, Beaux-Arts d'Amsterdam ; 1946, gagne Maastricht, puis Liège, avec Corneille*, et fréquente chez Marc Mendelson* ; 1948, rencontre Constant* ; co-fonde Cobra* ; 1950, se fixe à Paris ; 1957, séjourne régulièrement à New York ; 1976, vit l'été à Monaco et l'hiver à New York ; atteint d'une maladie cardiaque,  ne peint plus qu'assis ; 2006, meurt le 4 mai à Zurich.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : De 1944 à 1946, sa peinture, ses portraits sont rudes, paysans, comme des toiles de Gustave De Smet*. Le débridé, ce sera pour l'année suivante, mais tout au long de sa carrière, il alterne des œuvres "instinctives", proches de Jorn*, et des constructions plus calmes, plus classiques, telle La Roue, (1949, Crédit communal de Belgique), à dominante bleue divisée en deux dans le sens de la hauteur, abstraite* géométrique  dans le bas, une brouette imaginaire gravissant des escaliers dans le haut.
De 1948 à 1978, il est "Cobra", informel, instinctif, "puéril", Animaux, (1948), ce sont quelques graffitis* noirs sur fond de couleurs, jetés à la va-comme-je-te-pousse ou posés comme de grandes mosaïques, Cri de liberté, (1948, SMA).
Progressivement les formes vont s'organiser sur fond noir, Sans titre, (1948, KAa), les bêtes innommables font crier les couleurs dans la nuit. Animaux au-dessus du village, (1951) est plus structuré encore grâce au trait noir et dur qui limite les sujets ; à ce moment, il y a une connivence avec Atlan*, mais celui-ci est plus syncopé. Parallèlement, il se bat avec l'épaisseur du jet d'huile jaillissant pour y modeler ses formes sauvages, Vie de la rue, (1953, Louis), Grande Fleur dans la nuit , (1954, SMA), où le magma est dominé par un œil ou un ocelle, une fleur, dit le titre, qui point dans les ténèbres, comme le Couple amoureux, (1955, HGM), qui délaye noir et blanc. Il est sauvage, refuse toute domestication, toute civilisation ; ses coulées de couleurs savent être stridentes, pour malaxer ses monstres schizophrènes qui apportent une dynamique de carnaval avec l'obsession de regards maquillés de grands cercles noirs et la contorsion de la ligne, des êtres et de leur enchevêtrement, Michel Tapié de Celeyran, (1956, HGM). Les fonds sont parfois des à-plats séparés comme du papier déchiré de collage, ou des morceaux d'aluminium sur lesquels la couleur criarde se mire, qui sait prendre les teintes de néons douceâtre, dans la série Night Face in Broadway, par exemple, quand la même tête subit des éclairages différents.
S'appliquant à la fresque, il devient un "Cobra" ludique, Appelbar, (1951, SMA) ; on y voit, sur quatre murs blancs intérieurs, ainsi que sur la porte, des poissons, des oiseaux, des êtres humains cloisonnés par un trait noir se détacher en couleurs vives qui disent la joie de la création. De la même veine, la décoration de la cafétéria du Musée municipal d'Amsterdam, en 1956 ; les oiseaux-hommes débridés aux couleurs franches sur fond blanc convergent vers un vitrail lumineux en ocelle, ou Le Cycliste, (1969, MAMAC), peinture avec apport de reliefs, tête et roues, haute en couleurs primaires. Le "Cobra" tragique n'est pas éteint pour autant : Les Condamnés, (1953, SAM), Crocodile, (1956, FPG), Barbare, (1957, SMAK), Sans titre, (1963).
Jusqu'en 1981, il continue comme un enfant qui refuse de se policer ; ses monstres sont parfois faits de couleurs pâles, scintillantes dans leur émail, bleus enfant de Marie, verts pomme acide, Tête d'indien, (1970). De 1978 à 1981, il rejoint une abstraction poussée faite de ces mêmes émaux appliqués en bandes parallèles en des formes anthropomorphes devenues strictes face à leurs aînées. Il atteint l'abstraction et il faut deviner qu'il s'agit d'un Portrait de Van Gogh, (1979). Il s'agit des bandes vues dans Entre lit et Horloge, (1940-1943) de Munch*, qui deviennent les Cross Patterns de Johns*, dès 1972. Une série comme les Fenêtre, (1981, FMSP) crée l'espace par l'opposition de masses claires et sombres rangées dans leur bataillon de bandes juxtaposées. On songe à Porte-fenêtre à Collioure de Matisse*.
Dès 1981, il s' engouffre dans le néo-expressionnisme* ; jamais il 'a peint aussi grand, jamais il n'a peint aussi expressionniste*, Devant le tombeau, La Ville, (1981), 2,20 x 1,90 m ; les formes cryptées avec dessin en superposition renvoient au cadet Schnabel*. En 1983, les Portrait de Kafka, avec de grands yeux exorbités un peu Pierrot-rêveur à la Somville*, ou de Jean-Paul Sartre, de Gertrude Stein, etc., dans lesquels la déformation du trait concourt à la formation équilibrée et harmonieuse de l'ensemble. Il repart en couleurs éclatantes, auprès desquelles certaines toiles des années 50 paraissent ternies, soit "classique" lorsqu'il s'agit du Bateau sous ciel de nuage, (1984) ou du Torero, (1985), soit "sauvage" lorsqu'il retrouve le débridement d'une scène de chasse (?) aux quatre silhouettes sur fond blanc immense, 7 x 3,30 m, Sans titre, (1988), peint dans les lieux mêmes d'une rétrospective parisienne, ou lorsqu'il se lance dans les paysages de montagne, L'Horizon de Toscane, (1995), avec la crête de montagnes sous ciel noir ou blanc, derrière un premier plan rageur de quelques coups de brosse qui n'ont cédé en rien à la gouge délirante de la couleur.
A compter de 1961, il sculpte. Troncs d'olivier, reliefs en bois ou en polyester, (1964), aluminium, (1971) ; contreplaqué, pour 17 personnage de Cirque, (1978, musée contemporain de Dunkerque), faits de contreplaqués à plusieurs épaisseurs, peints recto-verso de couleurs violentes.

Expositions : 1946, Beeren Huis, Groningen ; 1949, Stedelijke Museum, Amsterdam, (P) et Colette Allendy, Paris ; 1954, Facchetti, Paris et biennale de Venise.

Rétrospective : 1953, palais des Beaux-Arts, Bruxelles ; 1969, Venloo, Pays-Bas ; 1972, Canada ; 1975, États-Unis ; 1973, Wildenstein, Londres ; 1975, Ariel, Paris.

Musées : musée d'Art contemporain, Dunkerque : 18 œuvres à trois dimensions, l'Appel Circus (1982).

Lieux publics : Fresque, Enfants qui demandent, (1949), restaurant de l'hôtel de ville, Amsterdam ; vitraux, église de Zaandam.