Fiche de présentation

ALBEROLA, Jean-Michel

né en 1953 à Saïda, Algérie; d'ascendance espagnole; 1962, arrive à Marseille; 1972-1976, étudesen arts plastiques à Aix-en-Provence; 1976, Beaux-Arts du Havre; 1991, enseigne aux Beaux-Arts de Paris; vit au Havre.
signature : 1983-1987, Acteon fecit, puis, A.fecit.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : Comme les vieillards regardaient Suzanne, comme Actéon regardait Artémis, ainsi le peintre regarde la peinture classique - religieuse ou mythologique - et le réel, en voyeur. Et ce regard est coupable, qui détourne et s'approprie. Il ne se contente pas de philosopher sur cette constatation, inconsciente mais universelle, il l'illustre en conceptualisant*. Il assemble des morceaux de réel pour leurs qualités d'équilibre, et pour leur pouvoir de suggestion. Il les superpose avec robustesse et les mène par une palette de couleurs savantes, multipliant les teintes, du céladon au vert olive, ar exemple, relevés d'un orangé. Il procède à des collages de formes, entourant d'un trait unique les contours de plusieurs sujets hétérogènes et les recouvrant d'un aplat de même couleur. Sa facture est plus expressive qu'expressionniste*. Les lambeaux de figuration et d'abstraction sont réunis par et pour le souvenir qui devient création, L'Afrique, (1983, MNAM), et ces morceaux rapprochés, s'articulent dans un propos global dont on saisit la trace; c'est leur proximité qui provoque l'allusion, Ceux qui bâtissent des églises, (1990, MNAM) et (1991, MAMStE). Il met son sujet en situation, l'entourant d'autres objets, allant de tableaux anciens à des cartes postales. Il jette un clin d'oeil en direction de tant d'artistes qui, depuis Dada*, ont remis en cause la peinture, Bonjour Mr Manet, (1983), voilé, et que l'on ne peut regarder qu'entre le 23 janvier et le 30 avril de chaque année, dates-anniversaire de la naissance et de la mort de Manet. Il pense son métier, Ex voto : la parole de saint Agathon, (1986-1987, FNAC), tableau reflet de Suzanne et les vieillards : la parole de saint Agathon, (1984-1985), qui est action de grâce parce que la peinture continue à exister. Quant à Celui qui fait le Gilles, (1993, FCAC), outre l'hommage à Watteau, il est une illustration de la peinture-reflet, puisque au sol se projette, à la craie, le grisaille de la peinture, à la manière des peintres des rues. À la fin des années 1980, il illustre sa démarche en présentant des "morceaux" comme tels, éléments éclatés de grande peinture et surtout de Velázquez, repris comme des esquisses, comme une incessante étude; sur des napperons de papiers dont usent les pâtissiers, il fignole un objet isolé, casquette de l'armée chinoise ou perceuse, circonscrit dans le petit ovale imposé. Il peint aussi des monochromes de petit format, avec ce qui lui reste de peinture après chaque séance, accumulant couches et touches. De 1987 à 1991, il travaille, dans la foulée d'une oeuvre isolée de 1985, le thème de la crucifixion, dans la même démarche de regroupement signifiant. La forme du crucifié est ténue, mais les objets et les parties de corps qui l'entourent sont des études, des morceaux de peinture, et apportent au tableau sa signification, Peinture civile comme guerre civile, (1987, MAMStE).  Il recourt à la physiologie humaine et botanique par le truchement, s'il le faut, de la radiographie. Certains papiers, par métaphore du voile de Véronique, montrent le corps supplicié par simple imprégnation d'huile. Mais sa règle générale n'a pas varié : il peint des morceaux, des citations, par association d'idées : le Massacre des Innocents de Poussin, le renvoie au génocide rwandais, qui suscite en lui l'image de Leiris, l'anthropologue africain; ces trois thèmes vont l'amener à une création composite, sinon hybride, en connivence avec l'absurdité de notre temps et son désordre; de Leiris aux Rwandais, il fait appel au second degré, comme dans la série Les Frères Lénine, (1994-1996), dans laquelle il y a tantôt une potence allusive au sort de l'aîné, tantôt un poing dressé, allusif du cadet. À la fin du siècle, sa palette est toujours mate, mesurée, et les motifs qu'il imbrique sont d'un figuratif indéchiffrable. Il montre aussi une toile conceptualisante*, Je suis un objet visible de votre puissance d'achat, (1999), et pour pousser le propos, il affiche l'estampe originale qu'il en a tirée et le multiple, avec son prix. Puis, il reprend le dépiautage de la figure et sa reconstitution quitte à y ajouter quelque membre superflu, (2002). Parce qu'il est aussi l'auteur d'une série de lithographies - à l'opposé de sa peinture - dans un style BD*, La Fin du XXe sièce, (1999). Il travaille lentement; il reprend, efface et recommence. Dans cet esprit il peint en noir sur mur de couleur des visages composites, Analphabêtes, (2002). De dix-huit mois à deux ans lui sont nécessaires pour aboutir à reconstruite de manière abstraite , une constellation de réalités. Jusqu'en 2008, on estime qu'il n'aurait pas atteint les cent toiles.Il est aussi sculpteur et vidéaste*; de 1984-86, datent des sculptures en métal qui se veulent paraphrases de l'art nègre, Masses africaines, (1985) ; il pratique le ready-made*, détournant les objets de leur sens premier, tel ce porte-bouteille bourguignon du XVIIIe siècle qui peut se confondre avec l'art nègre ou apparaitre comme une sculpture d'avant-garde du XXe siècle. Il en va de même d'une section d'un cable transatlantique Toulon,-Saint-Louis du Sénégal. Il parsème son travail d'objets dadaïstes* et commet, en 1996, des toiles non-figuratives, faites de spirales assemblées et titrées, La pensée de Leibniz, Elisée Reclus ou Michel Bakounine...Ou fait dispaître la réalité dans une non-figuration qui révèle so graphisme, "Donne moi de l'air" est inscrit sur une toile qui laisse apparaitre un pied dans des zones arrondies d couleurs, Celui qui cycliste, (2002).  De 1994 à 2007, il travaille le néon et en crée des vanités, Crâne, (1995, FCAG) ainsi que des aphorismes et des visages approximatifs.  À ses débuts, en 1974, il montre de grands dessins noir et blanc, d'après des photographies, figures acéphales et larges espaces blancs.

Expositions : 1981, ARC, Paris, (G) et 1997, (P) ; 1982, 2010, Daniel Templon, Paris, (P) ; 2008, Musée des Beaux-arts, Nancy, pour les toiles, et Saint-Etienne, pour des murals éphémères, des dessins et des objets, (P) ; 2009, Hermès, Tokyo, (P).

Musées :

Lieux publics : 1985, 'André Breton dixit', jardin des Tuileries, Paris, sculptures ; 1987, porche du ministère de la culture, Palais Royal, Paris, deux statues composites, faites d'un sourire de Boudha, d'un bras en patte de taureau babylonien, d'une bouche cycladienne, accompagnées d'un texte de Malraux : " L'homme que l'on trouvera ici, c'est celui qui s'accorde aux questions que la mort pose à la signification du monde" ; 1991, voûte du ministère de la Culture, Paris; 1993, vitraux, cathédrale de Nevers.

Citation(s) : Il a dit :
-  D'abord un espace se met en place. Ensuite, j'attends. J'attends qu'il y ait des choses qui m'arrivent et qu'elles entrent dans le tableau [.... Une peinture se fait lentement, elle est lenteur, comme une poussière qui se dépose très doucement.