Fiche de présentation
YUE, Minjun
né en 1962 à Daqing, Heilongjiang, Chine ; peint en amateur ; 1985-1989, diplômé de l'université normale de Hebei ; vit à Pékin.
signature ; tantôt absente, tantôt en caractères chinois, tantôt en caractères latins, toutes dates mêlées.
Type(s) : Artiste
Technique(s) :
Peintre - Sculpteur
Présentation : Le rire grotesque est sa marque de fabrique ; il le dit universel même si de toute évidence il est dirigé contre la Révolution culturelle et ses dégâts. Au départ, The artist and his friends, (1991), est un autoportrait réaliste et heureux d'un petit groupe rieur mais non béat. Il en va de même pour The Rostrum of Tienanmen, (1992), aux exceptionnelles solutions de continuité stylistique, à la joie qui ne semble pas équivoque malgré les circonstances. La même année i'autoportrait cesse d'être réaliste et tend vers le stéréotype, Friends, (1992), diptyque où la faible différence de deux types d'hommes indique un avant et un après.
En 1993 le graphisme est définitif. C'est l'artiste qui se met encore en scène mais dans une manière répétitive et "clonesque" ; les yeux fermés et la bouche ouverte sur un grand rire niais. Dorénavant les situations changent mais le "ravi" demeure et son rire permanent est sarcastique, parce que commandé, Great Joy, (1993) au garde à vous, des dizaines individus identiques affichent sur ordre le bonheur comme au temps du Réalisme socialiste*. Il n'a plus qu'à décliner son clone, en céphalophore radieux, Sans titre, (1994), en frise de 5 m. Everybody connects everybody, (1997) une suite de portraits au crâne ouvert , trépané, de Water, (1998), Mao y nageant à Memory, (2000), lâcher de ballons à quelques années de distance, Big Swans, (1997) , ils chevauchent des cygnes et (2003), ils s'étonnent de les voir libres.
Il est une autre voie pour persifler, le pastiche des grands maîtres et le vide. De très grandes toiles, 2,50 x 2,50 m. à l'huile, en noir et blanc, reprennent des visages célèbres peints par Rembrandt, Fragonard ou Ingres, qu'il invalide,- Manipulations, titre-t-il- d'un treillis de bouclettes en continu ; il fait de même pour un manifestant chinois ou pour un lit sur lequel repose une vanité, (2003). Velasquez avec The Princess, (1997, musée Minsheng, Shanghaï), à Delacroix avec La Liberté guidant le peuple, (1996), à Manet, avec l'Exécution de Maximilien, (1995). Quant au vide, c'est celui des héros absents, La Mort de Marat, (2002), de David, sans Marat comme The Founding Ceremony of the Nation du Réaliste socialiste Dong Xiwen* sans cesse repeint en supprimant les banis , vide maintenant de Mao, décor sans acteurs.
Le Labyrinthe lui sert d' allégorie, Anchoret in the mountains, (2008), en noir et blanc pour la Longue marche ou Mao Xinglan, (2007), en murs de Chine rouge, toute activité cloisonnée, surveillée à la longue-vue.
Sculpteur de 25 exemplaires identiques, regroupés, 2000, A.D, (2000), hilares, faisant le salut militaire, uniformisation du genre chinois tourné en dérision. En revanche, de facture surréalisante*, The Lumberjack, (2005), un vide de ciel immense et de terre réduite encadrés de fûts d'arbres.
Rire forcé et bonheur contraint
Expositions : 1987, Heibei Museum, Shijiazhuang, (G) ; 1994, Schoeni, Hongkong, (G) ; 1995, Théorèmes, Bruxelles, (G) ; 1997, Klaus Littmann, Bâle, (P) ; 2000, Maison de la Villette, Paris, (G) ; gal.75 faubourg, Paris, (P) ; 2002, One World Art Canter, Pékin, (P) ; 2008, China Gold, Musée Maillol, Paris, (G) ; 2009, The Revolution Continues, Saatchi, Londres, (G) ; 2012, Fondation Cartier, Paris, (P).
Citation(s) : On a dit :
- Un homme des plus intelligent rit bêtement dans son coin. Et tous les dieux d'en rester déconcertés. (Ouyang Jianghe).