Fiche de présentation

RAYSSE, Martial

né le 12 février 1936 à Golfe-Juan, Alpes-Maritimes, France ; 1949, peint ses premières aquarelles; 1955, après des études de lettres, choisit la peinture ; 1960, cofondateur du groupe des Nouveaux réalistes*; 1963-1968, séjours alternés à la Ruche* à Paris et à Los Angeles ; 1968, quitte son marchand Alexandre Iolas au motif qu'il soutient la dictature des colonels grecs ; 1972, réalise un film Le Grand départ ; 1973, s'établit à Ussy-sur-Marne ; 1979, en Dordogne, dans le Périgord ; 1982, Grand prix national de peinture ; 2014, Premium Imperale ; vit pour partie à Los Angeles

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : Depuis 1956, il assemble de menus objets usuels, repris à l'hygiène, l'esthétique ou aux soins, dans des reliquaires de Plexiglas, Colonne, (1959, SMA) ou confectionne des mobiles et des objets dada*, à base de déchets de plastique utilitaires, Arbre, (1960, MAMAC). Il est intéressé par l'orientalisme et la gnose, et il prend soin de paraphraser ses oeuvres et de les répartir minutieusement en périodes titrées. Il lui arrive de prendre pour support la photo elle-même qu'il peint à l'eau, Quinze Août, (1964).
Le Raysse Beach, (1962, MNAM) est une installation qui anticipe l'esthétique Prisunic dont il est le chantre contempteur
Parallèlement à cette oeuvre qui va se développant dan la continuité , Tableau dans le style français, II, (1961, MNAM), existent des ouvrages moins connus, non-figuratifs*, hors normes ; il s'inspire du Rauschenberg* de 1962, avec Portail du peintre, Arman à l'époque des Allures, (1963, MAMAC), d'une informalité colorée à la Clavé*. L'Hygiène de la vision, va de la collection rangée de produits ménagers, aux célèbres femmes s'adonnant à leurs soins de beauté.
De 1960 à 1969, il s'approprie la photo pour la transformer, créant un type de femme à bandeaux lisses, à la bouche droite, au sourcils bien arqués, qu'il donne comme "pin-up" à sa génération ; le visage est découpé, peint, orné d'une mouche, d'une fleur, d'un néon qui ourle les lèvres, Portrait de Mme VDK, (1962, MNAM), Portrait de France, (1964, MAMAC) ou Peinture à haute tension, (1965, SMA). La même sur tôle convexe, Tableau métallique, portrait à géométrie convexe, (1964, MNAM). Éléments de vocabulaire pour dire peut-être quelque chose de simple et doux, (1968, MCM), et Hygiène de la vision, portrait double, (1968-1969, MMStE), la tête de femme est réduite à la silhouette du visage découpée dans le métal peint, un porte-serviettes avec le visage en sérigraphie sur un torchon. Avec Life Is So Complex, (1966, MPSG), il présente la femme sous forme d'un puzzle aux pièces carrées, mêlées.
Son univers aseptisé, coloré, n'est pas éloigné de celui de Wesselman*, qu'il précède de peu, préférant, comme lui, les objets usuels mais rutilants, aux déchets récupérés de Rauschenberg*.
En 1963-1965, une série transgresse les grands maîtres classiques, d'Holbein à Ingres ; leur éternel féminin est ramené par détourage d'un personnage et coloriages monochromes simplificateurs, à l'idéal pop* Made in Japan, (1964, HIR), ou Simple and Quiet Painting, (1965, LMK), Made in Japan, Tableau turc, (1965).
Parfois les silhouettes sont découpées dans des planches de triplex, juxtaposées en plans superposés. Les néons ne servent pas uniquement à dessiner bouches et coeurs, ils soulignent des sommets de monuments, America, America, (1964, MNAM), la Statue de la Liberté, ou de montagnes. Quatre Néons pour Alexandra, (1967, MAMVP) indique son intérêt pour le minimalisme*. Dans toutes ces oeuvres, il travaille par flocage, c'est-à-dire par vaporisation de fibres plastiques qui permet différentes épaisseurs, et donc intensités.
Depuis 1964, et jusqu'en 1980, il se passionne pour la vidéo* et le cinéma; une oeuvre mixte en témoigne et fait transition, qui allie le découpage pop à un film super 8, À propos de New York, (1965).
De 1970 à 1972, reprenant le fil de ses débuts, il fabrique des "choses" sculptures dérisoires en papier mâché ou assemble des objets indianisants ou venus de la nature, et introduit dans l'oeuvre le souci écologique Ce sont les Coco Mato. Il compose également des 'Images calmes', sérigraphies aux aspects de montage photographique
La révolution intervient en 1973, avec Loco Bello. Il retrouve le dessin traditionnel, la perspective, et dorénavant, il ne remplit plus son support, comme pour isoler sur le blanc, le détail, le fragment qu'il a choisi de montrer. Le pastel gras peint arbres et champs aux tonalités vertes, à la touche presque impressionniste, pour des paysages de la Marne, des scènes du Maghreb, dans lesquels grouillent de petits personnages désordonnés comme les foules des souks. Peinture champêtre, bucolique, ensorienne* au graphisme baroque, aux couleurs acides; les fêtes champêtres avec leurs masques sur visages macrocéphales, les rouges, bleus et roses sur verdure abondante, c'est  L'Embarquement pour Cythère des années 1970, Salauds, (1974, MNAM), Image XVII, (1976, SS).
Avec Spelunca, (1977), le volte-face de cet ex-pop est achevé. Le classicisme retrouvé emprunte ses thèmes à la mythologie de l'Hellade, ou, plus simplement, à la bucolique contemporaine : les tracteurs et moissonneuses dans des champs heureux sous des ciels édéniques voisinent avec des personnages quotidiens mais étranges ; son goût de la franchise et de l'innocence refuse la compromission, Megalopolis, (1977, MNAM), Pythagore dominant de sa stature immense la bonne ville de Nice, (1984).  
Les couleurs sont fabriquées par lui pour obtenir les nuances voulues à partir des primaires et il ne peint qu'à la lumière naturelle. Natures mortes, académies de femmes nues au modelé parfait sur fond uni, portraits au profil nostalgique en couleurs franches, groupes inquiétants, il poursuit son renouvellement. Les Deux Poètes, (1991, MNAM) ressortissent à la tradition épurée, évanescente, avec les figures des deux vagabonds, sur fond nu, comme détourées, assis dans une lumière fugitive provenant du débordement du blanc. Le Carnaval de Périgueux, (1992) peint un tableau dans le tableau, ce qui est une autre formule pour laisser une marge, et porter le regard sur des personnages inquiétants dont d'aucun rappelle le La Tour diurne ; ils sont sept adultes, transgressant la réalité dans la bouffonnerie, à la manière d'une sotie médiévale. Un homme de rupture et de liberté, notamment à l'égard du marché. Poussant plus loin encore l'art de la régression, il montre un chromo, techniquement parfait, Dieu merci !, (2004), Vénus allongée, ses travaux préparatoires, ses variations ou Poisson d'avril, (2007, FPV), scène carnavalesque, ou Ici plage comme ici-bas, ('2012, FPV),  grouillement de foule dans des couleur pastel atténuées.
Il est l'auteur d'environnements*, décorateur de théâtre, sculpteur.

Expositions : 1957, Longchamp, Nice ; 1959, Breteau, Paris ; 1960, Stedelijk Museum, Amsterdam, (G) ; 1966, Biennale de Venise ; 1981, Musée d'art moderne, Paris ; 2005, gal. de France, Paris, (P)..

Rétrospective : 1965, Stedelijk Museum, Amsterdam ; 1969, Galerie nationale de Prague ; 1982, Musée Picasso, Antibes ; 1992-1993, Galerie nationale du Jeu de Paume, Paris ; Musée d'Art moderne, Vienne ; Centre Julio Gonzales, Valence, Musée d'Art contemporain, Nîmes ; 2014, Centre Pompidou, Paris.; 2015, Palazzo Grassi, Venise .

Lieux publics : 1988, fontaine, Place du marché, Nîmes; 1989, métopes en mosaïque et monument, Conseil économique et social, Paris ; Place d'Assas, Nîmes ; vitraux, Notre Dame de l'Alliance, Paris.

Citation(s) : Il a dit :
- On pourrait définir la peinture comme un ensemble d'images qui a fonction d'intervenir dans la psyché des individus [...] Il faut des symboles et des archétypes afin que le tableau raconte une histoire, c'est-à-dire qu'il appréhende un fragment de réalité. [...] Le vingtième siècle est tombé dans un maniérisme complet [..]. La manière l'emporte sur le fond. [...] Les maniéristes veulent exécuter un bon tableau, rien d'autre. Aussi visent-ils à séduire et pour séduire utilisent un code préétabli connu de tous afin de susciter un réflexe pavlovien. Ils obtiennent ainsi le plaisir de la reconnaissance.
-  Les Prisunic sont les musées de l'art moderne.