Fiche de présentation

GIACOMETTI, Alberto

né le 10 octobre 1901 à Borgonovo, près de Stampa, Grisons, Suisse; fils d'Augusto Giacometti*; frère aîné de Diego Giacometti*; 1910, commence à dessiner ; 1919-1920, Beaux-Arts et Arts et Métiers de Genève ; 1922-1925, suit les cours de Bourdelle* à l'académie de la Grande Chaumière*; 1930, adhère au surréalisme*; 1962, Grand prix de la biennale de Venise ; travaille à Paris, Stampa et Maloja ; 1966, meurt le 11 janvier à Stampa ; est enterré, le 15 janvier, à Borgonovo.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : "Qu'il s'agisse ou non de sculpture ou de peinture, il n'y a que le dessin qui compte", dit-il. S'il fut avant tout sculpteur, il fut aussi et pour commencer, peintre. Précocement, il réalise une première oeuvre à la manière fauve*, Nature morte aux pommes, (1913). Durant sa période de recherches qui va s'étendre jusqu'au milieu des années 1920, prédomine un style coloré et contrasté, avec des rappels de Hodler*, Nu, (1923, KZ).
De 1925 à 1935, il abandonne pratiquement la peinture et il sculpte, dans la veine cubiste* d'abord, surréaliste* ensuite, il aplatit la forme, Torse, (1926), abstraction de trois  blocs, dont le supérieur marqué de lèvres. Lampadaire à godets, (1934)
Deux Autoportrait, (1930, KZ) et Le Père de l'artiste, (1923, KZ), annoncent néanmoins qu'un peintre est né et qu'il a trouvé son style, affirmé en 1935. Le dépouillement extrême, l'incision du trait, la palette gris-bleu - ce qui se rapproche le plus du bronze -, il ne s'en départ jamais plus. Les personnages sont vus de face, les yeux exorbités, échos des vierges renaissantes à l'écoute de l'annonciation de notre époque, de la tragédie calcinante, du misérabilisme, La Mère de l'artiste, (1939). Il est surtout portraitiste et les natures mortes restent rares, La Pomme sur le buffet, (1937), toute en linéarité de construction et de traits. Les sujets le plus souvent traités sont Diego, le frère, et Annette, l'épouse. Sans les distinguer psychologiquement. Ce qui compte, c'est le rendu de ce que l'oeil du peintre voit... et qui change à chaque seconde, d'où les interminables et suppliciantes séances de pose. Quand un caricaturiste cernerait la réalité en quelques traits majeurs, lui les multiplie comme autant de coups d'épingle en résille ; le sujet est campé à l'intérieur, généralement de buste et en position frontale, probablement assis, comme les saints de Mantegna, dans l'architecture qui les encadrent. Ce ne sont pas à proprement parler des portraits tant il est difficile de distinguer l'un de l'autre les sujets ; sauf lorsqu' exceptionnellement ils sont vus de profil, ils ont, homme ou femme, le même nez retroussé, les mêmes yeux globulaires, la même bouche épaisse : ce sont des Giacometti. Les rares couleurs ont progressivement été abandonnées pour plus d'austérité encore, au profit des seuls noirs et blancs. Dans Intérieurs, et Homme assis, (1949, Tate), il y a encore quelque rehaut de jaune et de rouge.
Ses sculptures  ne sont pas toujours émaciées, Composition cubiste, (1926), blocs sur marches. Cependant il adopte l'éticité, destinée à découvrir une nouvelle échelle de grandeur, dans les années 1920, Trompette, (1936), théoriquement lampadaire,  interrompues et recommencées dans les années 1940. La Cage, (1950, MPSG), mini-tête et mini-buste à l'intérieur d'un volume cubique à niveau de regard, posé sur un parallélépipède également à claire-voie, seul exemplaire rehaussé de couleurs. A ce statique il fait correspondre la captation du mouvement des corps filiformes, L'homme qui chavire, (1950).
En 1945, ces figures deviennent des miniatures dans lesquelles le socle est privilégié, portant son microbuste d'un tenant et, en général, ses bustes pyramidaux. Plus tard, il aboutit ses grandes figures d'homme pressé ou de femme de Venise, étêtée, solidement plantée sur des pieds hypertrophiés qui n'en font qu'un. Essence de l'homme, existence de la forêt, Homme qui marche, I (1960, Unesco) - il faut se rappeler Femme debout, (1931, MPP) de Picasso*, toujours précurseur.
En 1962, les formats des peintures s'agrandissent, les nus quittent la position assise pour la station verticale, de face toujours, et toujours avec, centré, l'oeil d'où partent les traits. L'oeuvre et estimé à 3661 numéros.
Faux
: ils foisonnent ; entre août 2009 et février 2010, la police allemande saisist 1200 faux.

Expositions : 1932, Pierre Colle, Paris ; 2009, Giacometti, Fondation Beyeler, Riehen, Bâle ; Musée des Beaux-arts, Grenoble, (P).

Rétrospective : 1945, Pierre Matisse, New York ; 1950, Kunsthalle, Bâle ; 2007, Centre Pompidou, Paris.

Musées : Fondation Alberto et Anette Giacometti,de droit suisse, 8, rue du Grenier Saint-Lazare, Paris, en litige avec l'Association Alberto et Anette Giacometti, cour de Rohan, Paris, immeuble appartenant à la Fondation ; chacune se réclame de la volonté de la veuve de l'artiste dont le testament confie à Lisa Palmer, présidente de l'Association, les droits moraux. La Fondation, elle, dispose d'un fond considérable de près de 1000 numéros dont 114 bronzes posthumes et les archives. Il semble qu'au moment de la création de la Fondation, en 2003, l'Association, créée en 1989, eut du disparaître ce que des antagonismes personnels ont rendu impossible. En 2013, la Cour d'Appel de Paris appuie le point de vue de l'Association.

Citation(s) : Il a dit :
- J'ai déjà suffisamment à faire avec l'extérieur sans me préoccuper de l'intérieur.On a dit :Il faut des statues qui ravissent les morts. (Jean Genet).
- J'allai me perdre dans la contemplation de cette tête météorique, calcinée, façonnée par le feu d'une chute vertigineuse à travers des vides infinis, tombée là, dans ce local et je la regardai dévorer avidement l'espace autour d'elle. (Balthus).