Fiche de présentation

BISSIČRE, Roger

né le 2 novembre 1886 à Villeréal, dans le Quercy, Lot-et-Garonne, France ; Beaux-Arts, Bordeaux ; 1925-1938, enseigne à l'académie Ranson de Paris, où il forme Bertholle*, Le Moal*, Manessier*, Vieira da Silva* ; 1926, naissance de Marc-Antoine, dit Louttre B* ; 1963, se retire dans le Lot ; 1952, grand prix national des arts ; 1964, meurt le 2 décembre à Marmignac, Lot.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : Lorsqu'il quitte Paris, en 1938, après avoir formé toute une génération d'impressionnistes abstraits*, son œuvre personnelle est méconnue, voire inconnue. Et cependant... Cubiste de la deuxième génération, plus cézannien que picassien*, il géométrise, Paysage (1918, musée d'Agen) ; il a, jusqu'en 1923, des sobriétés qui lorgnent parfois sur l'Art déco*, Les Trois Harris (1920). Il glisse vers l'impressionnisme, Nature morte à la carte de France (1923, KZ). De 1925 à 1937, Paysage (MAMVP), Deux Nus (1926, MRBABx). Il évoque le cubisme* synthétique avec une recréation de la forme inspirée de Picasso* notamment, dans la série de ses Modèles, de 1931 à 1935-1936.
Cependant, en 1927, il s'essaie à occulter un sujet dans des touches juxtaposées, annonçant ainsi son style propre. En 1937, Figure debout (MAMVP), avec des couleurs franches en losange, dans un habit d'Arlequin, rappelle le goût de l'artiste pour le coloris et la géométrisation des touches.
De 1939 à 1944, un retour forcé à la campagne, accompagné d'une menace de cécité, lui fait traiter des thèmes ruraux à la manière expressionniste*. Quoiqu'il prétende avoir renoncé à toute peinture, cette période durant. Hors normes, Vénus noire (1945, MNAM), sur fond à relief de stuc peint comme il va le faire, des traces blanches de bonshommes à la manière de l'art brut*.
Il a la soixantaine quand il atteint la maturité de son art et devient, deux décennies durant, impressionniste abstrait*. En 1946, il engrillage la figure de telle sorte qu'est suggérée la technique du vitrail (ou le cloisonnement en petits tableaux distincts du Torres-Garcia* des années 1930), Le Soleil (1946, MNAM) ou Le Soleil noir (1949).
Il réalise une tapisserie, manière patchwork, Cathédrale de Chartres, (1947, MUC). Il dote l'œuvre d'un cadre peint par une ligne explicite près du bord de la toile, Compo (1952, MRBABx). La touche vibratile chante la couleur et l'ensemble est allusif d'une silhouette en surimpression. Les tapis de couleurs à motifs, Jaune et gris (1958, MNAM), cousins vigoureux de ceux de Klee*, et les tapis de couleurs sans motifs (1954) se détachent sur fond noir, qui forme 2 cm d'encadrement dans le cadre. Ces tapis de lumière sourdent sur leur fond de pénombre, Paysage mexicain (1955, Lxbg), frappés de lignes doublées. , Abstraction,(1956, deux plans dont le premier en grillage,  petits motifs carrés dans leur résille d'espace ou de traits sont des facettes, côte à côte, Vitrail (1963) ; Agonie des feuilles (1962) et Silence des crépuscules (1963).e. Parfois, le motif mosaïque s'élargit et le pinceau s'amollit. Dans une série de très petits formats intitulée Journal en image (1962-1964, il ne dédaigne pas le retour à la figuration (l'a-t-il vraiment abandonnée dans les plus "abstraites" de ses toiles ?) et ancre plus encore le peintre dans l'impressionnisme.
Il est aussi sculpteur en modifiant à peine des ferrures trouvées, Cheval (1938) ou L'Oiseau (1938), et aussi Christ (1938), fer, bois, os. Masque (1945) le fait revenir à une sculpture inspirée, cette fois, de l'art nègre.
L'œuvre comprend 2 912 numéros.

Expositions : 1947, Drouin, Paris.

RĂŠtrospective : 1959, musée d'Art moderne, Paris ; 1964, biennale de Venise ; 1986, musée d'Art moderne de la ville, Paris.

Lieux publics : vitraux aux tympans des tours de Mutte et du Chapitre, cathédrale, Metz, 1960.

Citation(s) :
Il a dit :
- La peinture est une éternelle balançoire. Rien ne s'enseigne. J'avais coutume d'encourager les élèves qui m'intéressaient à quitter l'académie, jugeant qu'ils n'y pouvaient prendre que de désastreuses habitudes.

Bibliographie(s) : Isabelle Bissière et Virginie Duval, Catalogue raisonné de l'œuvre de Bissière, 3 tomes, 2001, Ides et Calendes, Neuchâtel.