Fiche de présentation

RUSCHA, Edward

né le 16 décembre 1937 à Omaha, Nebraska, États-Unis d'Amérique ; grandit à Oklahoma ; 1947, crée une bande dessinée à base de faits de la vie réelle ; 1955, sert dans la Navy ; 1956-1960, Chouinard Art Institute, Los Angeles ; 1958, travaille aux presses Plantin comme typographe et metteur en page ;  1960-1961,  graphiste dans une agence de publicité ; simultanément, commence à peindre; 1961, séjourne à Paris; vit et travaille à Los Angeles.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Photographe

Présentation : Les lettristes* ont implanté dans la peinture de chevalet des lettres ou des mots sans autre motif que plastique ; les peintres titrent leurs toiles, au dehors de celle-ci pour les nommer et les singulariser. Ruscha, lui, réalise la fusion d'un titre avec la peinture : il le rend parlant en effectuant la symbiose entre les lettres et l'oeuvre d'art. Il est dessinateur de lettres publicitaires et entend réagir contre l'expressionnisme abstrait de son temps. L'influence du pop* et celle de Jasper Johns* se révèlent dans une pâte encore expressionniste*, 1938, (1958). ; les lettres apparaissent dans une toile qui épèle son nom, E. Ruscha, (1959); dans un même alignement de bord à bord quand .Felix, (1960), agrandit un épisode de B.D*, aux dimensions d'une toile. Sa mise en page il quitte la stricte frontalité, Large Trademark with Eight Spotlights, (1962, WM), consacré au 20th Century Fox, éclairé dans un angle. Il  représente des maquettes, Museum on Fire, (1968, MoMA) ou The Los Angeles County Museum in Fire, (1965, HIR). Lors d'un séjour parisien, il relève des enseignes privées, Boulangerie, (1961), ou publiques, Métropolitain, (1961,1962, MoMA), ou encore les pictogrammes des plaques d'indiction routière, d'une manière qui n'eut été que décorative si elle en était restée là. Mais cette captation, cette exposition du signe annonce sa démarche ultérieure toute marquée par la mise en page et le gigantisme du cinéma hollywoodien. Les mots typographiquement construits à l'identique, soit en surimpression, soit en noir au blanc, dans une série de toiles carrées sur des fonds associés suggérant ce que le mot dit, proposent une réalité à deux composantes, l'exprimée et la montrée, Heavy Industry, (1962, Broad Art Foundation, Santa Monica), Rooster, (1967). Il pratique même une technique inusuelle, jus de fruit sur toile, A Blv. Called Sunset, (1975, LMK). La déstructuration du langage s'engage avec Eye, (1969, musée d'Oakland) et Hey, (1969, MMSF); sur un monochrome dont le sommet est un dégradé nocturne, les lettres molles, comme les montres de Dalí*, tracent le mot du titre qui se défait dans une pâte liquide mais épaisse puisqu'ombrée, piquée de grains ou de baies, Brother, Sister, (1991, MOMA). Le panoramique apparaît de 1979 à 1982, dans de longues toiles étroites, Large Trade Mark with Eight Spotlights,(1962, WM) qui n'est autre que l'enseigne de la "20th Century Fox" éclairée dans la nuit. Théâtralité dépouillée de la mise en scène de Back of Hollywood, (1977, MBALy), détachant ses lettres monumentales, vues de l'arrière sur un fond de collines sombres, éclairées par les premières lumières du crépuscule : avec peu de moyens, l'atmosphère du " bois sacré " est immédiatement perceptible. En 1963, il entame les jeux de mots et les jeux de lettres à l'humour corrosif. Sur fonds de couleurs d'une vibration progressive, adaptée à la portion de la sentence, I remember, (presque noyé) to forget (normalement discernable) to remember, (appuyé) (1984). Il adopte aussi une discrète figuration du fond, ligne étoilée des réverbères alignés, Good Ness, (1987) ; un lanterneau rougeoyant, Industrial Chemical, (1987), une phrase " words without thougts never to heavens go " en anneau de planète, Words Over Miami, (1987). Depuis 1985, nombreuses toiles en noir et blanc, à la technique toujours soignée, au fond en dégradé, qui donnent l'impression de l'usage de la bombe et dont les mots sont souvent " censurés " par des cartouches, noirs ou noir au blanc. Five Past Eleven, (1989, HIR), avec un bambou hyperréaliste* indiquant l'heure sur une section d'horloge géante. Cette facture si proche d la réalité, minutieuse, il l'applique à des végétaux ou aux étoiles du ciel, les titrant de nombreux petits caractères blancs, à une marine de naufrage aussi, The End, (1991, MOMA). De 1961, Twenty Six Gazoline Stations, (1963, MNAM), 2005), Nine Swimming Pools, (1995), montrent des photographies banales comme ce que l'on réalise à des fins techniques, industrielles, documentaires, de propos conceptualiste*, Thirty-Four Parking Lots, (1967, FNAC), pris en plongée, mas aussi des livres vus par leur tranche, (2001). Il affiche des contacts, des formats originaux de Rolleiflex; de temps à autre, on remarque que les photos servent de croquis aux peintures; qu'il procède à des montages, Ruscha with Some of his Books, (1970), le même Ruscha frontal devant un alignement de voitures différentes. Il recourt parcimonieusement à la couleur et ce sont des images, cette fois, élaborées. Elles témoignent, d'une autre manière, de son goût de la série et de la géométrie. Et parmi tout ce travail d' "homme de lettres", une toile haute en couleur, parfaitement traditionnelle, même si elle est ironique, Angry, Because it's Plaster, Not Milk, (1965), un colibri déçu. Il oppose une toile en noir et blanc Trade School, (1992), au même bâtiment coloré, The Old Trade Scool Buiding, (2005), entouré cette fois de  grillages concentrationnaires. Passant au Mexique, il remarque un paysage montagneux peint en primaires sur un mur ; il le réduit à des géométries tout en longueur, anamorphosées,  Azteca in Decline, (2007, Broad Art Foundation, Santa   Monica).

Expositions : 1963, Ferus, Los Angeles, (P) ; 1970, Alexandre Iolas, Paris ; 1998, Maria Goodman, Paris, (P) ; 2003, Daniel Templon, Paris, (P); 2006, Jeu de Paume, Paris, (P) ; 2009, Beyeler, Bâle, (P).

Rétrospective : 2004, Whitney, New York ; 2009, Hayward, Londres, Beyeler, Bâle.

Citation(s) : Il a dit : -Mon travail a des liens plus étroits ave l'espace cinématographique que pictural.

Archives : Modern Museum of Art, New Yok; l'essentiel de ses clichés.