Fiche de présentation

ROUAN, François

né le 8 juin 1943 à Montpellier, Hérault, France ; 1958-1961, Beaux-Arts de Montpellier ; 1961, de Paris ; 1961-1968, participe à Support / Surface*; 1971-1975, pensionnaire de la Villa Médicis*, Rome ; 1978, s'installe à Laversie, près de Chantilly.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Photographe

Présentation : La robe de la sainte, le baldaquin de la Vierge, dans Le Mariage mystique de Memling, la chape de saint Donatien dans La Madone du Chanoine Van der Paelen ou la houppelande du Chancelier Rolin de Jean Van Eyck, c'est à ces brocarts qu'il voue son art depuis 1975. Le chatoiement des couleurs, la profondeur des teintes, le relief du tissu, son velouté, son frémissement s'étalent sur de grandes toiles vibratiles et opulentes. Voilà sa manière à lui d'être abstrait*. Il est arrivé à cette étape en sautant rapidement, de 1964 à 1965, des papiers collés ou fendus, quadrilatères aux couleurs matissiennes* déjà, mais abusivement, titrés Tissage, (1965, CDA), à de vrais tissages, réalisés depuis 1965. De vrais tissages, de papier ou de toile, qui permettent de disposer à la base d'une multiplicité de petits quadrilatères aux couleurs alternées. Appliquant à ces carrés des graphismes réguliers, des couleurs complémentaires, la forme d'origine se trouve démultipliée, et se produit une vibration interne, profonde, sans rapport aucun avec la vibration formelle de l'op art*, Peinture-tressage, (1969-1971, FMSP). De 1971 à 1976, il crée quinze toiles dites Les Portes, d'une facture très sombre, signifiant par leur titre la limite provisoire qui permet ouverture ou fermeture sur-le-champ de l'expérience, Porta Flaminia, (1971-1974, MPSG). Lorsque le procédé se complique, lorsque le graphisme s'assouplit, devient plus sinisant, moins géométrique, lorsque la couleur froide cède le pas à la couleur chaude, c'est alors que l'on arrive, en 1975, aux effets des tissus des primitifs flamands. Il peint à la cire, Engladine, (2001-2003).
En 1982-1983, parce que se fait entendre l'appel de la figuration, il cache des objets ou des personnes dans l'épaisseur du motif, dotant l'oeuvre d'une nouvelle profondeur, un champ figuratif nouveau, voilé dans l'ensemble abstrait comme par un rideau de scène, Innocent soir Verde, (1984, FNAC), Son pied, la route nº 11, (1986, MNAM), ou Membre, mutilation, dépouille,'Membre, lambeau, guenilles, (1988, FNAC). Cette figuration se fait de plus en plus explicite, la démarche globale demeurant abstraite dans une appréhension immédiate. Des crucifix à plat, en raccourci, alternent sur des bandes de motifs hachurés avec des statuettes nègres allongées ; des crânes humains et des vols de colombes concentriques se font deviner. aboutissement de l'explicite, figurées dans leur station verticale avec leurs doubles reflets, retour après 80 ans à l'inspiration du cubisme*. Des érotiques avec quatre phallus posés sur un "tissage", comme les couleurs d'une carte à jouer, Bourrage de crâne, nº 4, (1992-1993, FNAC). Pour aboutir à ces compositions, il peint des toiles, les découpe en fragments (de l'allemand Stücke, "morceaux"), les colle sur des verres qui coulissent et lorsque l'oeil est satisfait du rapprochement, il considère que la maquette est au point et entreprend de la peindre à la cire. Comme il dessine à la cire sur papier les vingt-cinq Mirotopos, (1997), variations sur l' Autoportrait de Miró en1919. Le cryptage est devenu lâche, il ne réside plus que dans le développement de telle partie du visage, nez, oreilles, yeux, menton, ou sa négation. En bleu, couleur favorite depuis 1990. Vers l'an 2000, il commence à photographier le corps humain et se sert de ses épreuves morcelées pour des collages dans son oeuvre peint, Tressements, (2001-2002), sur lesquels il fait se presser un arrière-train féminin enduit de couleur neutre. De la même venue, des Épreuves négatives, (1998-2002), imprimées en chambre noire, composite comme ci-devant, portant surtout sur le sexe féminin, réduit à l'effet d'une radiographie médical.
Technicien hors pair, il crée, à compter de 2001 des Mappes, vieux mot emprunté aux cartes marines. Sur la toile il applique plusieurs couches de polyamide, ce tissu de polymère extrêmement fin et à chaque couche, une peinture
; la superposition est non-figurative, même si on aperçois, blanchâtre, une silhouette féminine dans un ensemble confus dans lesquels on distingue des motifs d'antan, (2005). Les photos de cette période, en noir et blanc à tirage unique, sur papier chiffon, juxtaposent, superposent des voiles et des corps. Il refuse l'image et l'accepte si elle se laisse "déconstruire", Odalisque, Flandres, (2010).  Réunissant toutes ses techniques, Le Tombeau de Francesco Primaticcio, (2004, MAMCC), rassemble vingt-quatre pièces, dessins, photographies, peinture, collage, nattage qui rendent compte de l'habileté du Primatice à peindre l'invisible.

Expositions : 1969, Biennale des Jeunes, Paris ; 1971, villa Médicis, Rome, (P), et Lucien Durand, Paris, (P); 1976, Pierre Matisse, New York, (P) ; 1987, 2005, Daniel Templon, Paris, (P) ; 2009, Jacques Elbaz, Paris, (P).

Rétrospective : 1983, Centre Pompidou, Paris ; 1994, Kunsthalle, Düsseldorf ; 1995, Musée de Villeneuve-d'Ascq ; 1997, Sezon Museum, Tokyo ; 2000, Abbaye Sainte-Coix, Les Sables d'Olonnes ; 2006, Les Abattoirs, Toulouse.

Musées :

Lieux publics : 1993, Vitraux, cathédrale de Nevers ; 1994, Église Saint-Jean-Baptiste de Castelnau-le-Lez, Hérault.

Citation(s) : On a dit :
- Je ne connais que François Rouan qui soit vraiment fort technicien. (Balthus).


Oeuvres


Bleu et brun sur blanc
Bleu et brun sur blanc
Bleu sur Blanc
Bleu sur Blanc