Fiche de présentation

OPALKA, Roman

né en 1931 à Hocquincourt, Somme, France ; 1935, sa famille regagne la Pologne ; 1940, déporté avec sa famille ; 1950-1956, Beaux-Arts, Varsovie ; 1949-1950, Beaux-arts de Lódz avec Strzeminski*; 1958-1960, enseigne aux Beaux-arts de Varsovie ; 1977, se fixe en France ; 1991, grand prix national de peinture ; 2008, s'installe à Bois-Mauclair, Le Mans ; 2011, meurt le 6 août à Rome, d'une infection généralisée.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Photographe

Présentation : Conceptualiste* peut-être même avant la lettre, il s'adonne à traduire graphiquement la fuite du temps, Suites des Lettres grecques, peintes blanc sur noir, ou suite des Chromes, infinité de signes typographiques, peints de même ou encore, C'est la lutte finale, (1967) ou probablel coulée de lave ; ce qui l'amène, en 1965, à commencer un tableau (et des tableaux) interminable par définition. Sur une toile préparée, de 196 x 135, il peint de gauche à droite et de haut en bas, en blanc sur noir, la suite des nombres : parti cette année-là du 1, il est arrivé à près de 6000000 en 2010 et son voeu est d'achever à 7.777.777. A chaque tableau, à compter de 1972 et de 1.000.000, il ajoute 1% de blanc de telle manière qu'il finira par peindre blanc de titane sur blanc de zinc, De 1 à l'infini, (1965-1985, MNAM) ou de 3307544 à 3353469, en trois toiles,représente quelques segments de cette oeuvre sans fin. Le résultat est une maille de texture identique, crochetant l'oeuvre en lignes régulières, avec de temps à autre, la diversion d'un repentir qui altère la monotonie, parfois une lueur rougeoyante, parfois encore un reflet de flagelle organisé. Au fur et à mesure que la toile blanchit, l'esthétique progresse car au lieu des chiffres, on voit un monochrome ondulé d'imperceptibles  queues de microcmètres. En 2010, il n'est pas loin du monochrome absolu.
À ce travail laborieux, il confronte une photographie quotidienne de son visage, dans un cadrage, rigoureusement le même, qui, à distance, enregistre la fuite du temps. et il enregistre en polonais, le nombre en train d'être peint. Son propos est d'illustrer le temps irréversible, comme le fera, à compter de 1968, Kawara*, de manière plus froide et plus radicale et de 1975, mais annuellement seulement, Nicholas Nixon*.

Expositions : 1966, Dom Artysky Plastyka, Varsovie ; 1982, Isy Brachot, Paris ; 1995, Biennale de Venise ; 2004, Praz Delavallade, Paris, (P).

Rétrospective : 1992, Musée d'Art moderne de la ville, Paris ; 2006, Musée des Beaux-arts de Saint-Etienne.

Citation(s) : On a dit :
- [...] la peur qu'un nombre se mette à grandir dans mon cerveau jusqu'à ce qu'il n'y ait plus en moi aucune place pour le contenir [...].     (Rainer Maria Rilke, Les Carnets de Malte Laurids Brigge).