Fiche de présentation

FAVRE, Valérie

née en 1959 à Bienne, Berne, Suisse, grandit  à Evilard  ; 1969, académie Meuron, Neuchâtel ; 1975, entre en psychanalyse ; 1982-1985, comédienne à Paris ; Académie de la Grande Chaumière* ; 1988, s'installe à Paris ; 1998, à Berlin ; 2006, enseigne à l'Universität der Künste, Berlin.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Installationniste - Peintre

Présentation : Ca. 1988, elle montre une installation conceptualiste*, La Réserve de couleurs, soixante tiroirs, avec soixante étiquettes d'appellation de couleur. Elle entraine dans une Bibliothèqie imaginaire (1994), murs nus, marqués de lignes, de côtes et baladeur émettant des bruits divers selon le rayon visité ; elle dresse trois chaises de dactylo à 3 mètres de hauteur, et c'est Ciel des anges (1997). Elle fait dégringoler des toits un immense Collier (1997), tube et boules de plastique blanc. Elle rend hommage à Géricault avec Les Restes de la Méduse (1997, PIC), tourbillon peint au sol, tandis qu'au mur, dans un plan fixe de huit heures, en vidéo*, une femme rend compte des témoignages des survivants.
Peintre ensuite. Blanc sur blanc, voici de la volaille écorchée, Poulets (1992), inspiré par le XVIIIe de Watteau. Elle déconnecte la figuration de la réalité : des justaucorps promènent dans le vide leurs quatre ouvertures dans un envol baroque de tissu bordé d'un boa de plumes, Robe rouge (1995, FNAC), des bottes se tordent. Elle peint en série, de très gros plans d'oreilles, qui en deviennent abstraites, ou de bouches, plus parlantes. Elle paraphrase, Oreiller nº 5 (1991, FNAC), qui renvoie immanquablement à Composition, blanc sur fond blanc de Malevitch* en 1917 ; des visages célèbres aussi, de Vermeer ou de Petrus Christus, ou inconnus (le sien, par exemple), et les coiffes d'un bonnet de fou à deux cornes, dans une pâte verdâtre ; ce sont les Filets de mémoires (1997). Elle peut être animalière ou non-figurative*, Combat d'insectes (1997), toujours dans un genre ourlé ; de cette seconde manière, Balls & Tunnels (1999, Val.) d'une informalité centrifuge.
Elle peint des enfants-murs dans un flou aqueux de liquide amniotique, vus - mais ici en couleurs - par échographie. Toutes ces inspirations laissent la place à une peinture mûrie, comprenant des allusions à la mythologie, aux légendes, aux contes très anciens, avec pour cadre La Forêt, (2002), thème archétypal s'il en est, se déployant en 14 panneaux sur 1 820 x 170 mètres ; elle relève alors des Nouveaux-fauves* proche de l'école de Leipzig*. Face à cette forêt pleine de flaques de lumières et située à l'orée blanche, la futaie est habitée par Pégase, Pinocchio, la mort et des lapines hybrides féminins, sexuées. Elle montre aussi une trentaine de petits tableaux, Autos dans la nuit (2002) qui disent la mythologie d'aujourd'hui. L'huile coule comme pluie glauque, assimilant le décor à un voile déchiré, Le Troisième frère Grimm (2005). A l'instar d'un bas relief, sur une longueur imposante, elle développe dans un air gothique, Secret Service for the Queen (2008), des femmes en chevalier, cuissard, talon aiguille, pièces d'armure, têtes de mort ou animal entourent le cadavre décharné sur une civière, protégé par un baldaquin rose ; le développement est celui des Danses macabres des cimetières d'autrefois. Sa manière obsessionnelle d'analyser ou de dénoncer l'art d'aujourd'hui.

Expositions : 1987, Salon de Montrouge ; 1988, Usine éphémère, Paris (P) ; 1993, 2005, Nathalie Obadia, Paris, (P) ; 1993, Von Schoilz, Bruxelles, (P) ; 1996, Lothringer strasse, Munich (G) ; 2003, Kunstverein, Friedrichshafen (P) ; 2006, La Force de l'art, Grand palais, Paris (G) ; 2007, 2012, Jocelyn Wolf, Paris, (P) ; 2009, Carré d'Art, Nîmes, (P).