Fiche de présentation

DEUX, Fred

né le 1er juillet 1924 à Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine, France ; 1939, dessine sur des bleus industriels que son père, ouvrier, rapporte de l'usine ; 1941-1943, Arts et métiers de Paris, section électricité ; Résistance ;  1947, employé de librairie à Aubagne ; 1948, commence à dessiner ; 1951, s'installe à Paris et rencontre Cécile Reims* et André Breton*; 1958, publie son premier livre qui est suivi d'une dizaine d'autres, les premiers paraissant sous le pseudonyme de Jean Douassot ; 1951, rencontre Cécile Reims*; 1959-1973, s'installe à Lacoux, Ain ; 1963, cesse provisoirement de travailler ; 1972, crée un Centre d'art contemporain à Lacoux ; 1976, réalisation de Bréviaire,  premier livre unique, texte et surtout planches ; 1980, reprend le dessin isolé ; 1985, s'installe à La Châtre, Indre.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Dessinateur - Peintre

Présentation : Employé de librairie, il découvre, en 1948, un livre sur Klee*, c'est la révélation de l'art graphique et, en 1949 et 1950, de premières oeuvres délicates s'inspirant aussi bien du Klee "figuratif", Ma fille Annie, (1949, MCM), que de son comparse Reichel*; il les rejoignent avec de petits personnage grotesques. En 1950, il produit des coulures de laque à laquelle il laisse toute liberté, des taches avant de rencontrer Michaux*, l'année suivante; ce sont des sortes de Rorschach, La Sainte Baume, (1950) ou Fou, (1952, MCM), parmi lesquelles on lit un premier cheminement larvaire, Rochers de Morzine, (1951, MCM) et encore avec Otage, (1964) dont Fautrier* n'est pas éloigné. Dans Sans titre, (1959), des monstres apparaissent.
En 1960, il atteint son style propre, qui est tout de minutie et d'un trait tellement aigu que l'n distingue mal les dessins à l'encre de Chine, des gravures. Il ne dessine plus qu'à la mine de plomb, rehaussée sur le tard, d'aquarelle. Il scrute l'anatomie interne, met un endoscope au bout de son crayon, pour détailler les viscères, les veines, les artères, les cervelles, les foetus, toute une triperie humaine d'écorchés, sectionnée et réajustée en labyrinthes des abîmes, pour les besoins du fantastique, Sans titre, (1966). Il y a là un alliage d'artisanat et de spontanéité, celle-ci pour l'invention, celui-là pour la technique qui suppose des milliers de traits infimes. Il est l'émule de Wols* quand il remplit un espace de petits carrés de 5 mm de côté et d'autres formes à la même échelle, distendus en draperies ou en filets, ajustés en murs et pyramides. Ses formes ne sont pas seulement articulées les unes dans les autres, bouturées ou marcottées mais de surcroît emboîtées, comme chez Bellmer*. Echange du vide, (1972, MNAM) se détache sur fond nu, mais le plus souvent l'espace est touffu, 'Spectre magique', (1990, MNAM). Rarement ses dessins ou gravures sont rehaussés d'une touche monochrome, macule sanguinolente. Dans le milieu des années 1980, il se départ de ses petits formats pour agrandir le champ de ses ciselures à de grands panneaux de feuilles juxtaposées de plus de 2 m de haut, Méditation, (1985, MCM) ou L'Absent, (1985), croix aux quatre côtés égaux, recouverte de viscères et portant entre la branche du haut les empreintes de mains et entre celle du bas les empreintes de plante de pied. Il explique sa technique : un bout de tissu imprégné de couleur, appliqué sur le papier; puis un autre, imprégné d'encre et, avec une pointe, il dessine d'un trait. Le biologique et le minéral, ceux de la décomposition et de la recomposition, du cadavre et de l'embryon, de la putréfaction pour l'éclosion, L'Enfantement des dieux, (2002), triptyque.  En 2000-2001, les rehauts sont d'acrylique monochrome, Vif argent, (2002), poulpes et filets ou de laque dorée, La Transmission par le dessin, (2003, MNAM). Une grande nappe orangée et cuivrée, filamenteuse, Une grande main prenait ce qui lui était dû, (2008).

Expositions : 1953, Le Fanal, Paris;  1971, 1992, Chave, Vence ; 2001, 2014, Alain Margaron, Paris, (P) ; 2008, Halle Saint-Pierre, Paris, (P).

Rétrospective : 1972, Centre national d'art contemporain, Paris ; 1989, Musée Cantini, Marseille ; 1990, École des beaux-arts, Paris ; 1997, Hospice Saint-Roch, Issoudun ; 2004, Centre Pompidou, Paris.

Musées : Musée Cantini, Marseille, une centaine d'oeuvres. Kunstmuseum, Bochum.et Panorama Museum, Bad Frankenhausen, Thuringe.