Fiche de présentation

SCHLEMMER, Oskar

né le 4 septembre 1888 à Stuttgart, Bade-Wurtemberg, Allemagne ; 1903-1905, apprenti en marqueterie ; 1905-1909, Beaux-Arts de Stuttgart ; 1914-1918, engagé volontaire dans les armées allemandes ; 1919-1920, académie de Stuttgart ; 1920-1929, enseigne au Bauhaus ; 1927, ne peint pas ; 1929-1932, enseigne aux Beaux-Arts de Breslau ; 1932-1933, aux Beaux-Arts de Berlin ; 1933, révoqué par les nazis qui détruisent nombre de ses œuvres, notamment des reliefs sur bâtiments publics ; interdit d'expositions ; 1938, travaille comme décorateur, expérimentateur de matériaux nouveaux et camoufleur (Camouflage*) dans des usines de peinture à Stuttgart et à Wuppertal ; 1943, meurt le 13 avril à Baden-Baden.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : De 1909 à 1913, il est peintre d'extérieurs à la manière de Barbizon ; plusieurs toiles sont conservées à la Galerie der Stadt de Stuttgart.
De bonne heure, il use de la courbe et de la géométrisation, comme les cubistes* analytiques usent de l'arête au même moment (avant que ne s'en saisisse le purisme* en 1918), Pavillon de chasse à Grünewald (1911, Staatsgal, Stuttgart), appliquant l'ondulation à la chevelure et aux épaules. Il peint encore des paysages cubiques, Maisons brunes (1913), des natures mortes esquissées, Nature morte aux verres (1913), et des visages réduits à un masque ou des profils sur fond géométrique, Tête de jeune fille avec argent (1913, Staatsgal., Stuttgart).
Il découvre la danse en 1912 et devient à la fois danseur, décorateur, costumier et photographe de scène. Rencontre déterminante pour appréhender sa peinture. Le corps dans l'espace inspire dorénavant sa peinture. Il devient le styliste d'un corps dont il ne voit que les courbes, Autoportrait, (1912, SS), qui fait onduler la masse des cheveux et les épaules en manches de gigot, comme dans Homo, (1916, SS) ondulent le crâne, le torse, les fesses et les testicules. Ses têtes ont la même forme de mannequin que les statuettes de guérison du Nordeste brésilien. Cela ne va pas, parfois, sans maniérisme, Autoportrait (1912, Gal. der Stadt, Stuttgart), où la cuisse droite, hypertrophiée, forme un angle avec une tête aveugle dans un décor géométrique en dégradé, ou Damienne (1922-1923, Neue Pinakothek, Munich), où la jambe se termine en angle aigu ; Danseuse (1923, SMKM) est réduite à une épure blanche.
À compter de cette année, il bâtit ses toiles à la verticale, entassant les têtes des mannequins les unes au-dessus des autres, et dégageant les côtés de la toile, Entrée au stade (1930, SS) ; non seulement les formes des corps, mais leur disposition même, évoquent des grilles, Trois dans l'ombre (1932, SS). La construction du tableau, par la disposition des personnages en perspectives et en plans successifs, renvoie aux renaissants, modernisés par la radicalité d'un angle, L'Escalier du Bauhaus, (1932, MoMA). Cette perspective, il la télescope, passant parfois de l'avant-plan à l'arrière-plan sans intermédiaire, Tête de jeune fille (1941, Städtische Kunsthalle, Mannheim) ; et, vers la fin de sa carrière, il disposera des têtes bleutées comme des semis. Toutes ces figures, statiques, étrangères les une aux autres, attendent dans un espace que le spectacle commence, réduites jusque-là à des colonnes. Il use tantôt de marrons sombres, Femmes à table Quatorze Personnes dans une architecture imaginaire (1922, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf), ou (1930-1931, Mus. Ludwig, Cologne) ; tantôt de beiges pâles, Scène à la balustrade (1932, Staatsgal., Stuttgart) ou de couleurs évanescentes comme dans la série des adolescents (1930, Staatsgal., Stuttgart) sur papier, au pastel et fusain.
L'avant-dernière année de sa vie, apparaît le thème de la fenêtre, croisée au-delà de laquelle se passe une scène d'intérieur, esquissée, mais plus proche de la vie que les compositions d'autrefois, Repassage (1942, Kunstmus., Bâle) ou Double Tableau-fenêtre (1942, Van der Heydt-Mus., Wuppertal).
Sculpteur, il est l'auteur de reliefs où les formes arrondies sont prises dans l'orthogonalité de la composition, Relief H (1919) ou Figure abstraite G (1923). Et encore Drafhiger homo avec figure de dos dans la main (1931, SS) .C'est une sorte de transition, de la surface plane aux figures modelées à la troisième dimension, qui prend vie dans ses décors et costumes de ballets, des marionnettes grandeur nature et des masques pour le Triade ballet, (1922, SS) à Quatre anthropomorphes ; véritables sculptures, sortes d'automates grandeur nature, pivotant, en couleurs primaires, à base d'éléments géométriques, cercles, tubes, cônes, ovoïdes, etc., accompagnées de masques élémentaires, en papier mâché, peints.
Nombre de pièces sont reconstituées jusqu'en 1994 et appartiennent au petit-fils, Raman Schlemmer. Auteur du ballet, il le danse et le photographie d'une manière veloutée qui rappelle les photogrammes.

Expositions : 1910, musée des Beaux-Arts, Stuttgart (G) ; 1924, Exposition nationale, Vienne (G) ; Kunstverein Jena, Iena (P) ; 1969, Centre culturel allemand, Paris (P) ; 2012, Danser sa vie, Centre Pompidou, Paris, (G).

Rétrospective : 1983, Stuttgart, Rottenburg et Badenweiler ; 1999, musée Cantini, Marseille.

Musées : Staatsgalerie, Stuttgart, une vingtaine d'œuvres. Galerie des Stadt, Stuttgart, une dizaine d'œuvres.

Lieux publics : 1930, maison du Dr Rabe à Zwenkau, Leipzig, peintures murales et sculpture.

Archives : Chez Raman Schlemmer.