Fiche de présentation

ART AUSTRALIEN ABORIGÈNE

Type(s) : Mouvement

Présentation : Qu'il s'agisse de peinture, de sculpture, de tapis de sable, l'œuvre d'art, appelée par ses auteurs "dreamtime", est éphémère et se perpétue par tradition secrète, engendrée depuis les origines (50 000 ans) par les ancêtres, premiers occupants ; les "tapas" représentent le titre de propriété de la terre ; les peintures et les sculptures évoquent le panthéon mythique de la faune, de la flore et de ses habitants. Peindre, c'est incarner son territoire à l'aide de signes symboliques, parfois à même la peau. Leurs auteurs sont considérés comme porteurs de culture, civilisés.
Les "tapas" sont à l'origine du changement de leur statut, puisque c'est en 1967 qu'ils accèdent à la pleine citoyenneté et qu'en 1992 la Haute Cour d'Australie leur reconnaît un droit à la propriété terrienne.
En 1971, près de la moitié des 300 000 aborigènes représentant 2% de la population, sont regroupés dans une réserve à Papunya* et exécutent pour la première fois une peinture dans un lieu public, le mur de l'école, Le rêve de la fourmi à miel, traduisant la représentation entomologique de l'animal par son signe symbolique, le U. Ce travail, admiré par les Occidentaux, est suivi d'autres, transposés sur supports permanents alors que, traditionnellement, il est effectué sur écorce à l'aide de pigments naturels à dominante ocre ; il est commercialisé et entre dans les musées, dans des galeries comme celle, communautaire, Warumpi à Alice Springs, -qui abrite l'un des 42 Centre pour la culture et l'art aborigène- leurs auteurs sont désormais considérés comme porteurs de culture, civilisés, au point que la spéculation et les faux s'en mêlent. Les passent de l'anthropologie à l'esthétique.
Les foyers principaux de création sont Papunya, Utopia*, la terre d'Arnhem*, Turkey Creek* et le Warnayaka Art Centre à Lajamanu fondé en 1991. Également, les grottes de Wanjina* qui contiennent des peintures rupestres.
Cet art est exposé pour la première fois en 1988 à la Biennale de Sydney. Les tapis de sable sont, d'un point de vue technique, à rapprocher des Mandala* et des peintures Navajo*.
Reste la sculpture des aborigènes Tiwi qui se voient octroyer, en 1912, les îles Bathurst et Melville au nord de la province Territoire du Nord du continent; ils taillent des arbres, les évident, les munissent de grandes oreilles, les transforment en totems, les Pukumani Poles, les peignent et en entourent les tombes par protection ; parmi leurs auteurs, Barry Kantilla, Michael Munkara, Thomas Munkanome, Bruce Tipuamantumirri, Gulumbu Yunipingu, actifs au début du XXIe siècle.
D'une toute autre venue, l'art de certains des quelques 100 000 enfants métis, arrachés à leur famille par le gouvernement, entre 1910 et 1970, parqués jusqu'à 14 ans dans des camps situés dans les déserts, en vue d'assimilation aux Blancs. En avril 2004, un chercheur, Howard Murphy, découvre 65 dessins, pastels et aquarelles datant des années 1940 et 50, dans les archives de Colgate University ; ils sont confiés à la Picker Art Gallery de l'université. En 2005, 48 autres sont mis à jour. Ils proviennent du peuple Nyungar du sud-ouest de la province Western Australia et furent réalisés dans le Carrolup River Native Settlement, situé dans la même province. La peinture naïve*, représente des paysages, des figures, des animaux et surtout des kangourous, des arbres brisés, des signes, des poteries ornées de dessins, des compositions fabuleuses. Parmi les auteurs identifiés, Revel Cooper, (1938), Parnell Dempster, (ca. 1940), Atoll Farmer, (1940), devenus artistes professionnels tandis que la plupart des autres enfants vivaient de petits travaux ou mourraient.

Expositions : 2012, Musée du Quai Branly, Paris, (P)