Fiche de présentation

ARMAN,

né le 17 novembre 1928 à Nice, Alpes-Maritimes, France ; 1938, commence à peindre des vues du Midi, vendues dans des boutiques diverses ; 1946-1949, Arts décoratifs de Nice ; 1949-1951, école du Louvre, Paris  1952-1953, service militaire, dans le corps médical, en Indochine ; 1954, découvre l'oeuvre de Schwitters*; 1960, cosignataire du manifeste des Nouveaux réalistes*; 1964, vit à Vence, et à New York ; 1967, enseigne à l'université de Californie, Los Angeles; 1972, naturalisé américain ; 1985, devient expert en art africain ; 1990, annule sa rétrospective prévue pour l'inauguration du musée d'Art moderne et d'art contemporain de Nice, en protestation contre les propos antisémites du maire ; 2005, meurt le 22 octobre à New York, d'un cancer.
signature : depuis 1947, signe de son seul prénom, à l'instar de Van Gogh, et en 1958, suite aussi à une coquille dans un premier catalogue, supprime le 'd' final.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Plasticien

Présentation : Vers le milieu des années 1940, il débute avec des paysages de style fauve*, surréalisants* pour venir, en 1952 à une abstraction* lyrique proche de celle de Schneider*, Sans titre, et en 1953, à une abstraction* issue du cubisme*.
Accumulation :
Puis, brûlant ce qu'il avait adoré, il trouve sa voie dans la réalité la plus extrêmement opposée, celle qui recourt à des objets extérieurs pour réaliser l'oeuvre d'art. Entre-temps, Klein* lui dit : "C'est très bien ce que tu fais, mais il y en a deux mille comme toi. Il te faut trouver ton propre langage." De 1955 à 1959, il réalise ses Cachets, utilisant d'innombrables tampons encreurs et pochoirs, pour en faire une construction graphique all over*, Cachet oeil de tigre, (1959).  Cette même, ce sont les Allures, empreintes graphiques d'objets au préalable enduits d'encre, éclatement de bâtonnets parfois, comme un jeu de ma-jong, Allure aux bretelles, (1959, MAMAC), ou Allure d'objet, (1960), dans lequel on remarque surtout le dripping*. Viennent ensuite, en 1959 toujours, les Poubelle, ordures de toutes sortes ramassées, et montrées dans un polyèdre de Plexiglas, Poubelle, (1960, MLK), ou peu ragoutantes, Poubelle organique, (1971) ou La Grande bouffe, (1973), ordures ménagères ; ce n'est qu'une anticipation fruste de ses Accumulation, (commencées par Deschamps* en 1957), il s'agit d'un amas d'objets semblables, banals à l'extrême - tubes, grattoirs, téléphones, bombes insecticides, etc. Condition de la femme, (1960, Tate), ironiquement posé sur un socle Napoléon III. Sur le tard il reprend l'insertinde petites voitures dans du béton, Traffic Jam, (2002).
Sa première manifestation, c'est l'exposition Le Plein, chez Iris Clert, en 1960, réponse à l'exposition Le Vide, d'Yves Klein : la galerie est à ce point remplie de déchets que l'on n'y peut pénétrer. Il transcende ces ramassis par la démarche artistique de la mise en page et de la présentation, La Vie à pleines dents, (1960, MNAM), avec des dentiers ; Squelette d'Achille, (1960, Sara Hildén Museum, Tampere), avec des embauchoirs, Home, Sweet Home, (1960, MNAM), avec des masques à gaz, ou, titre grinçant comme nombre d'autres, Le Retour des croisés, (1961), avec des clés rouillées ! Un objet isolé, Arrêt de temps, (1963), réveil brisé, semble faire écho, au Zero heure de Mack,. En 1963, pour la première fois, les accumulations sont étudiées pour leur donner forme de sculpture en bronze, tirées à de nombreux exemplaires, Nail Fetish, (1963), pistolets, ou Manhattan, (1963), limes à bois. Viennent ensuite des mises en page allusives à un artiste, comme Portrait-Robot de Jacques de la Villeglé, (1965, CDA) ou Les Vis à Malevitch, (1964), entassement dans un carton carré ouvert sur un support monochrome. Le prototype des Accumulation, est sans doute une oeuvre de Rauschenberg* datant de 1953. Simultanément, et jusqu'en 1963, il laisse éclater ces traits noirs sur blanc du lyrisme expressionniste* de ses  Allures aux bretelles, (1959).
Colère :
En 1961, il brise l'objet morcelé et présenté dans ses différents éléments, ou les Coupe, quand l'objet est soigneusement sectionné en tranches, Choral, (1962, KNW) - violoncelle -, Toccata et fugue, (1962, BAAG) - violons et  Colère de contrebasse, (2003)  Généralement, les Accumulation et les Colère sont présentés simplement fixés sur support, mais ils sont parfois coulés dans du polyester ou du béton, doté d'un titre d'humour, comme Chopin's Waterloo, (1963, MNAM), pour un piano brisé, ou encore soudés.
"Je me suis souvenu que mon père m'emmenait voir des grandes manifestations où l'on coupe des voitures en deux pour en montrer l'intérieur. C'était pour moi la révélation d'un secret éblouissant. De là et venue mon envie de couper les choses de manière arbitraire, ce qui donne des résultats très curieux." Avec Le Murex, (1967), il procède à une juxtaposition d'ailes de voitures Renault, légèrement décalées jusqu'à former une coquille.    Et le propos esthétique du sculpteur apparaît renouvelé. Tout comme dans Buisson ardent, (1977), à la disposition sophistiquée de têtes de fourches soudées, ou Office Fetish, (1984, DIA) - téléphones de vieux modèle. Ayant fraîchement épousé une Américaine noire, il prend parti pour les Black Panthers en une performance à la Reese Gallery, à New York, durant laquelle il coupe l'Amérique en deux, Slicing, (1970).
Accumultation bis :
Il reprend la simple juxtaposition, mais les objets sont neufs et colorés, Couleur traçante, (1967, SMA), tubes de peintures giclant leur huile, dans de la résine, des couteaux sont arrêtés dans leur trajet, ou organisés en panoplies, Pinceaux piégés, (1988) ; d'autres tubes sont écrasés, Hello Jackson, (1990), formant de bord à bord une sorte de Pollock* orange, brun et rouge. Des panoplies soudées aussi, ondulante, The Wave, (1980, Th-B), Long Term Parking, (1981, FCAC), dans 1 600 tonnes de béton, soixante automobiles empilées. Trois portraits-robots, Mozart, (1991), Beethoven, (1991) et Ravel, (1991, musée Hakone), réunissent des éléments propres à ces compositeurs, simples pour les deux derniers, recourant à une épinette et à des éléments d'accessoires d'opéra pour le premier. Il accumule Fauteuil d'orchestre, (1986), fait de boites de violons et d'instruments à vent, et cela l'amène à l'art.  L'Accumulation tourne au tour de force avec l'emboîtement, Spinal Cord, (1996), en arc de cercle de fauteuils Louis XVI, et Ici et là, 5 Solex, (1989, FCAC) ; ou avec la pièce montée, Spirit of Yamaha, (1997), piano sectionné et porté par deux motos : construction de Yamaha. En 1964, commencent les Combustion, ou présentation d'objets à moitié calcinés, l'instar de la Porte de 1954, par Beuys* et ce sont des fauteuils One Day in Amsterdam, (1984), des horloges à gaine et autres meubles dont les débris sont coulés dans le bronze, jusqu'à une commode, Feu Louis XV, (1985).
En 1975, une installation*-intervention* a lieu à la galerie John Gibson de New York : une chambre et un salon totalisant 100 m2, reflets des intérieurs petit-bourgeois américains, sont saccagés à coups de hache sous l'oeil de la caméra, Conscious Vandalism, (1975, MAMVP). Idée reprise dans la même crainte d'apocalypse dans The Day After, (1994), tout un salon ravagé par le cataclysme dernier et pétrifié... en bronze. Un an plus tard, le voilà venu à la sculpture monumentale, traditionnelle si l'on ose dire, Captain Nemo, (1995-1996), gigantesque assemblage d'alambics de parfumerie, évoquant le vaisseau spatial.
Il continue néanmoins une production picturale avec des Accumulation et des Colère sur surfaces planes, soit par empreinte, soit par dessin, soit par pochoir, soit par incrustation, soit traditionnellement à l'huile.. En 1992-1994, il adresse un clin d'oeil à Van Gogh, celui des dernières années, et l'accumulateur trouve ainsi le moyen de se juxtaposer à un lyrisme tournoyant, coloré, marqué d'un cyprès noir. Au début des années 1990, il glisse de l'accumulation à la collection.
L'aspect désespérément ludique de l'oeuvre le cède à l'aspect mémoratif : il présente des séries de variantes d'objets des années 1930 à 1950, juxtaposés en sages rayons métalliques qui trouveraient tout naturellement leur place dans un musée d'arts décoratifs, voire d'ethnographie. Moulins à café, appareils de photos à soufflet, vaporisateur de la forme et de la marque Fly-Tox, 12 machines à écrire sur 12 paquets de papiers adéquats, Heroïc Times, (1997),  témoins nostalgiques du design des années révolues. Mais aussi des objets d'art africain, de 80 étriers de poulies en Plexiglas, (1992) à 28 Tshango, fétiche-hache, enchâssés dans une feuille de cuivre, (1996). Ces répétitions coïncident avec les répulsions instinctives d'une époque, celle de la société de consommation et celle du théâtre de Ionesco*. Ses éclatements de naguère, il les reprend en 1995 et leur soumet des antiques coulés dans le bronze, découpés verticalement et dont les tranches sont articulées par des charnières. De sorte que l'oeuvre peut s'ouvrir et se fermer et offrir non une vue simultanée mais des vues successives. À la fin de la décennie, en 1998, il présente une série, Nec Mergitur, d'objets découpés en diagonale, piano ou machine à écrire, et fixés sur caisson recouvert de toile puis passés à l'acrylique bronzée en versant le pot sur la composition et Sans titre, (1999), métal de petits arrosoirs démantelés sur plan de métal. Hormis les bronzes tirés à de nombreux exemplaires, ses créations font état d'une imagination sans cesse renouvelée. Créateur ou collectionneur, Et quo iékoi, (2001), présentation de masques du Cameroun.Une dernière oeuvre, Conrebasse peinte sur panneau strié, (2003).
On estime que l'oeuvre compte 6000 numéros.

Expositions : 1955, Progressive London Group, (G) ; 1956, Haut-Pavé, Paris, (P) ; 1961, Cordier-Warren, New York, (P) ; 1963, Sidney Janis, New York, (P) ; 2006, Vallois, Paris, (P) ; 2013, Zero, Paris-Düsseldorf, Passage de Retz, Paris, (G).

Musées : Musée Arman, Nice

Succession : Les enfants contestent la testent qui fait de Corice Arman, épousée en 1971, sa légataire universelle  qui s'affirme eule seule apte à décerner des certificats.