Fiche de présentation

CALLE, Sophie

née le 9 octobre 1953 à Paris, France; 1970-1979, parcout le monde; héroïne sous le nom de la Maria, du roman Leviathan de Paul Auster; 1979, le 1er janvier, commence ses " travaux " en se fixant des règles arbitraires; vit à Malakoff, Hauts-de-Seine.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Installationniste - Photographe

Présentation : Si tout photographe est un voyeur, elle pousse la perversion à son paroxysme en poursuivant le viol de l'intimité. Qu'elle photographie vingt-six dormeurs invités chez elle dans son lit, (1979), qu'elle suive des inconnus dans la rue (1980), qu'elle se fasse embaucher dans un hôtel vénitien pour épier les secrets des clients au travers de leurs objets personnels, (1981), qu'elle montre des aveugles et ce dont ils parlent comme étant le Beau, (1986), ou la couleur, (1991), ou qu'elle interroge des personnes devenues subitement aveugles sur la dernière image vue, (2010).  Elle développe sur 2 m verticaux des tombes californiennes portant les mots Mother, Brother, Father, etc., en lieu des patronymes, Les Tombes, (1990), elle poursuit une enquête commentée par des textes qui ont la frigidité d'un procès-verbal ou d'un mauvais Duras.
Elle fait engager par un tiers un enquêteur chargé de la filer une journée durant et de la photographier, (1981), ou lorsqu'elle rapporte ses fantasmes, dans des images autobiographiques, (1988), de danseuse nue ou de lettre d'amour commandée à un écrivain public, ou encore de photographie annuelle, avec son père, sur la concession qu'ils se sont réservée au cimetière du Montparnasse.
Elle se situe entre Klossowski* et Gilbert et George*. Elle est, avec Greg Shepard, vendeur en ligne, qu'elle épouse, l'auteur d'un film, No Sex Last Night, (1995), de la même aune que ses oeuvres graphiques. De surcroît, elle est fétichiste, conservant tout ce qu'elle trouve de quelque intérêt pour le souvenir. Elle organise des installations à la fois sobres et parlantes avec L'Erow de Jérusalem, (1996, mus. juif, Paris). En noir et blanc, elle expose des photos de statues mutilées durant la guerre d'Espagne et, vis-à-vis une série en couleur, les yeux bandés, de photos d'identité de délinquants servant aux exercices de tir pour les apprentis policiers des États-Unis, (2003). Elle fait poser des passants anonymes devant un mur de graffitis, Bronx, (2003). D'une lettre de rupture par courriel, se terminant par Prenez soin de vous, (2007), elle fait son miel demandant à cent sept femmes de la commenter, ce qu'elles font par lettre, photographie ou video*. Aux Rencontres d'Avignon, elle se met en scène, couchée déclarant : "Si vous avez une histoire pour m'endormir, allongez vous près de moi et murmurez la", (2013).
Elle dément Malraux* et son "la vie est un misérable petit tas de secrets"; elle est à la fois conceptualiste*, féministe et exhibitionniste.

Expositions : 1980, biennale de Paris ; 1981, Canon, Genève ; 1983, Chantal Crousel, Paris ; 1991, Musée d'Art moderne de la ville, Paris (P) ; 2001, 2003, Emmanuel Perrotin, Paris, (P) ; 2007, Biennale de Venise ; 2008, Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, Paris, (P).

Rétrospective : 1989, Fred Hofmn, Los Angeles  ; 1991, Musée d'art moderne de la ville, Paris  ; 2003, Centre Pompidou, Paris ; 2007, Biennale de Venise ; 2009, Cris et chuchotements, Centre Bruxelles-Wallonie, Paris, (G)..

Lieux publics : 2006, 'Le Téléphone', ligne 13 du tamway parisien; un combiné dans un évasement de rectangles déchirés et pliés; quand le passant le décroche, l'artiste est sensée répondre.

Citation(s) : Elle a dit :
- Mes travaux ne suivent pas une méthode artistique, mais sont un moyen de survivre.
- Comme je ne peux pas apprécier la beauté, je l'ai toujours fuie.
On a dit :
- Soi-disant photographe, elle n'est pas fichue de prendre une photo, quoiqu'elle fasse des progrès. [...] Comment la souris a fait son trou dans l'art contemporain, je donne ma langue au chat et je laisse à quelqu'un qui a une tête plus pensante que la mienne le soin de nous l'expliquer. (Hervé Guibert) .
- Call Girl. (anonyme).