Fiche de présentation

ARROYO, Eduardo

né le 26 février 1937 à Madrid, Espagne ; cours de journalisme ; 1958, se réfugie à Paris où il vit de caricatures dans les cafés ; 1964, collabore avec Aillaud* et Recalcati*; 1977, recouvre son passeport espagnol ; 1982, Prix national espagnol d'art plastique.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : A 21 ans, ses biographes et lui même affirment qu'il abandonne la plume pour le pinceau et continue le même combat politique : "L'artiste se refuse à être un animal qui peint; il revendique l'anecdote". C'est donc à travers des images conteuses, qu'il lutte contre le franquisme et tous les fascismes. Les quatre dictateurs, (1963), montrent sur fond de drapeaux nationaux, Salazar, Franco, Mussolini et Hitler, où, tout au moins leurs allégories à la Baj*; ce sont les couleurs qui font tonner les sarcasmes. Les Soucis d'Espagne, (1965), avouent la hantise de Napoléon . Pour attaquer les méfaits de notre temps, il se délecte dans la dérision des peintres d'aujourd'hui, L'enterrement de Marcel Duchamp, (1966.) ou La Femme du mineur Perez-Martinez Constantina rasée par la police, (1967), copie-charge du Portrait d'une danseuse' de Miro*. C'est encore Portrait du nain Sébastien de Mora, bouffon de cour né à Cadaquès dans la 1ère moitié du XXème siècle, (1970), qui pastiche Velasquez, le parodie en utilisant le visage de Dali*; c'est Gilles Aillaud regarde la réalité par un trou à côté d'un collègue indifférent, (1973), qui s'inspire d'une célèbre photo d'Henri Cartier-Bresson*, en coloriant comme une palette le visage d'un des deux personnages; c'est Le Meilleur cheval du monde, (1975, MNAM). portrait équestre d'Elisabeth II dont le visage est vide; c'est la reproduction grandeur nature de La Ronde de Nuit, (1975), dans laquelle les hallebardes ont été remplacées par des gourdins et à laquelle deux panneaux de paysages urbains ont été ajoutés. Tout cela est peint dans un style pop* volontairement bâclé, Bocanegra, (1963), ou soigneusement modelé, Robinson Crusoë, (1965, MCBAL). Ce pop est non seulement sophistiqué par les références culturelles, politiques surtout, mais aussi par toute une symbolique faite souvent d'anachronismes ou d'insolite. C'est particulièrement frappant dans ses intérieurs qui débutent en 1977, marqués par le voyeurisme, Espoir et Désespoir d'Angel Garnivet, (1977, MNAM). ou José Maria Blanco White guetté au British Museum, (1978, FNAC), ou encore Heureux qui comme Ulysse, (1977, MNAM). Toutes ces toiles font l'objet de séries aux multiples variantes. En 1979, il produit par des superpositions de papiers de verre des ramoneurs d'autrefois en haut de forme. En 1982, il revient au style de ses intérieurs avec la série Toute la Ville en parle, qui s'inspire du monde des affiches de cinéma, des néons dans la nuit et des stars en vedette. La peinture d'Arroyo donne à voir des images qui refusent tout à l'esthétique. Sa production est de plus en plus silhouettée, pleine ou vide, sur fonds nus ponctués de quelqu'emblème -il y a toujours chez lui une bonne dose d'allégorie, comme dans ces Mariée, (1993), dont le visage, sous le voile, est fait, soit d'un mur, soit d'un assemblage de photographies qui évoquent les pensées ou les attentes de l'épousée, comme lorsqu'il remplace les yeux, le nez, la bouche par une disposition de lettres, MARX ou CICERO. Il prend ses distances d'Adami* son proche qui use de traits cernés, tandis que lui découpe ses silhouettes aux ciseaux. En 1999, il lance qu'il veut être peintre d'histoire ! (ce qu'il a toujours été), et il le devient au sens du XIXe par le format et les encadrements, sans que change son graphisme, Le Jour que Richard Lindner est Mort, 1999, sur le pont de Brooklyn, entouré de miroirs, ou Le Martyre de Saint-Sébstien, (1999), avec trois visages dont l'attitude de voyeur est accentuée parce qu'ils figurent sur des toiles peintes dans l'oeuvre, entouré de ceintures de chasteté en plomb. Il est aussi sculpteur, de bas-reliefs aux déroulements figuratifs de bandes, (1977), à l'assemblage de matériaux bruts, tuiles et cailloux, (1988-1993), aux formes constructivistes, trapues et rondes, La Dame del Elche, (1977-1986), au minimalisme* de Vanités, (1993), grosse pierres arrondies par les torrents marqués aux orbites et à la bouche d'inclusions de plomb, à Meso tio Pepe, (1991, Ico, Madrid), minuscule personnage sur haute table à pieds monstrueux. Depuis 1957, il se livre à de très nombreux "divertissements" -plusieurs centaines-, en composant des portraits, soit en photographies retouchées, Gorbatchev, les yeux au ciel ; soit d'un trait qui saisit uniquement la caractéristique physique ou d'accessoire du modèle, Churchill ; soit encore en collages de papiers découpés, Oscar Wilde  Il donne à croire à des collages, lorsqu'ilpeint ses àplats séparés par une très fine ligne blanche, (2009) ; encore des portraits, et aussi des objets sommet en bas, chaises ou appliques murales. Sardines, anchois, (2000), un pastel déploie une boîte de conserve sur sa face et ses côtés et y peint un visage fait de simples traits noirs doté d'yeux à la manière de ce ; ux Cocteau*. C'est sa face Dada*. Son admiration pour Fernand Léger* lui fait créer une série de diptyque dans lesquelles une oeuvre légèrement remaniée de celui-ci est accompagnée d'un visage dû à Arrroyo, clown, policier, ramoneur, Fantomas, voire Fritz Lang, qui sont là pour admirer, (2008). La même année un portrait de Léger de face, à califourchon sur une chaise.  Toulouse-Lautrerc au Musée Guimet, (2014) ; c'est lui transformé en samourai. En 2005, illustre la Bible de couleurs économes.

Expositions : 1960, Salon de la Jeune peinture, Paris ; 1961, Claude Levin, Paris, (P) ; 1962, Crane Kalman, Londres, (P) ; 1963, Madrid, (P), immédiatement fermée ; 1999, 2014, Louis Carré, Paris, (P).

Rétrospective : 1982, Musée National d'Art Moderne, Paris ; 1998, Reina Sofia, Madrid.