Fiche de présentation

NITKOWSKI, Stani

né le 29 mai 1949 à La Pouëze, Maine-et-Loire, France, d'un père mineur polonais ; clerc de notaire et chiffonnier d'Emmaüs ; 1958-1965, atteint de myopathie, est placé dans une maison de santé ; 1972, commence à dessiner en fauteuil roulant ; 1973, à peindre en autodidacte ; 1979, le curé de Saint-Georges-sur-Loire lui commande un chemin de croix ; 2001, se suicide le 2 avril à Angers, d'une overdose d'aspirine, un mois après le suicide d'un de ses fils musicien ; inhumé à Saint-Georges-sur-Loire.
signature : Nitkowski ou, à compter de 1988, un triangle contenant un ovale vulvaire en pointillé.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Témoin de la douleur du monde dans un expressionisme* violent rendant simiesques les corps torturés, en noir et rouge, rehaussés de jaune. La fureur sans bruit. Parfois classé parmi les tenants de l'art brut*,  peut-être en fonction de dessins aux crayons de couleur, compulsivement remplis dans lesquels on distingue des réminiscences de Picasso*.  Ses débuts en peinture le rapprochent de Cobra*, Le Pied bot (1981), ou Le Jardin suspendu (1982), mais aussi de Chaissac* lorsqu'il peint en pièces détachées et fermement bordées, sur fond clair et nu, L'Enfant pull barrique (1984). Jusque là, un certain ludisme anime ses compositions. C'est sans doute avec le Christ rouge (1984) et Le Modèle (1985) que son graphisme terrible prend corps. Le trait libéré de toute contrainte, virevolte. Le corps se replie sur lui-même contorsionné pour se soumettre à un bourreau invisible ou pour se lover dans le cadre, L'Africain, (1986). Peu à peu l'encombrement gagne la toile, Mère porteuse (1986), La Petitte estropiée (1988), Le Lendemain (1989), autoportrait en chaise roulante, ou La Belle de Trestel (1991). Il retrouve la discrétion des fonds avec Antonin Artaud, couronné d'épines, La Poularde (1988). Le fond devient blanc pour mieux mettre en valeur les pantins désarticulés que sont devenues ses figures (1989). Au milieu des années 1990, après une résurgence de la couleur meurtrie, en 1994, les ténèbres reprennent le dessus, A Lui la puissance pour les siècles des siècles, (1995), les trois têtes des crucifiés. A la fin des années 1990, si le tragique demeure, la manière est apaisée et la matière affinée. Des figures uniques sur une toile au fond noir se détachent dans un semis d'or qui contraste avec l'identité de ces humiliés. Ou qui réalisent le paradoxe du Sermon sur la Montagne et de cette Bible d'où il tire ses titres. Ces êtres décharnés, prêts pour la résurrection des corps, fait d'un pointillé subtil, sortent de la nuit du tombeau. La forme est diluée ; il faut oser la regarder longuement pour la voir apparaître telle qu'en sa vérité elle existe, au coin de la rue, lépreuse, mendiant réincarnation de Job ou La Tenancière, (2000), perdue dans ses voiles de deuil ; ou encore, Le Blé sera rouge cette année, (2000), un titre qui, une fois de plus, sonne comme un exorcisme. Celui qui souffre n'est pas seulement homme, il est aussi animal, c'est pourquoi chiens ou marabouts sont anthropomorphisés dans une pâte grise pointée, lignée discrètement de blanc. Une seule toile sans personnage, Ma Mansarde, (2000). Et de 1972 à 1981, il hésite entre réalité et non-figuration. C'est la commande du curé de Saint-Georges qui, en 1979, le fixe définitivement dans la figuration ; quatorze tableaux de formats un peu différents pour un chemin de croix dans lequel la figure du Christ est la seule non masquée, tandis que l'environnement est fait de décors ligneux ou rocheux, frottés un peu à la Ernst*. On estime l'œuvre à plus ou moins 2 500 tableaux et 1 000 dessins.

Expositions : 1974, Supermarché à Angers, (P) ; 1982, 1989, L'œil de bœuf, Paris, (P) ; 1985, 1993, Vanuxem, Paris, (P) ; 2001, 2011, Polad Hardouin, Paris, (P).

Rétrospective : 1993, Musée du Piori, Niort ; 2002, La Halle Saint-Pierre, Paris ; 2003, Salle Chemellier, Angers.


Oeuvres


Sans-titre - encre sur papier - 30 x 21 - 1990
Sans-titre - encre sur papier - 30 x 21 - 1990
Rue Quincampoix - encre sur papier- 175 x 123 - 1981
Rue Quincampoix - encre sur papier- 175 x 123 - 1981
Les Maux et cris d'André Laude - acrylique sur toile - 73  x  60 - 1987
Les Maux et cris d'André Laude - acrylique sur toile - 73 x 60 - 1987
La fille à marier - encre sur papier - 137 x 111 - 1981
La fille à marier - encre sur papier - 137 x 111 - 1981