Fiche de présentation

MONORY, Jacques,

né le 25 juin 1934 à Paris, France ; École des arts appliqués, Paris ; graphiste chez l'éditeur de photographies Robert Delpire ; ca. 1950, commence à peindre ; 1974, épouse la soeur de Bernard Moninot*; 1964, participe à la Figuration narrative*; vit à Arcueil-Cachan.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : En 1962, il détruit la plupart de ses oeuvres, des natures mortes de facture classique. Comme Fromanger*, il appartient à un groupe de réalistes*-photographistes : c'est à partir d'un document photographique, pris en noir et blanc par lui-même  que la peinture est élaborée et transpose légèrement la réalité (sans la méticulosité des hyperréalistes*) en fixant les oppositions noir-blanc, ombre-lumière, dont la photo rend tous les dégradés. Les toiles sont longtemps monochromes bleues, comme jadis les photos étaient sépia ; exceptionnellement  cochenille, un diptyque en  miroir, Astérion l'unique, (1965) quand deux souris cherchent à sortir du labyrinthe.
Les toiles sont sont rarement isolées, faisant partie de suites où l'on voit le sujet glisser progressivement vers un changement de champ comme au cinéma ; ou on a le même tableau présenté en positif et en négatif; ou encore on trouve deux sujets sur la même toile, portrait dessus, champ de fleurs dessous, diptyque séparé par une plaque de métal dans laquelle se reflète le spectateur devenant partie prenante de l'action, Meurtre, 20, (1968, MNAM). Il donne des annexes, figurant semelle de cambrioleur et clés, 14 juillet privé, (1967, toujours en bleu). Il visionne la vie moderne, la violence, l'érotisme, l'environnement, par des arrêts sur image. Il oppose l'infini des ciels à la médiocrité et à la petitesse de la vie courante, Sans titre, (1976, FRAC Lorraine). Ses compositions sont fortement inspirées par les États-Unis. C'est un imagier qui cherche à dresser la mémoire de notre époque ; c'est un retour au XVIIe hollandais, tout focalisé sur la bourgeoisie, mais alors que là-bas, elle se réchauffe à l'opulence, ici, elle se glace à une culture déshumanisée; dans son bleuté cadavérique, Opéra glacé, (1974), avec, sur le grand escalier, un tableau dans le tableau, représentant l'entrée du camp d'Auschwitz. Il insère parfois des sections améthyste, Le Plaisir et sa..., (1976), amalgame d'une gare à la Eiffel, d'une statuaire à la Versailles, et d'un pilier du pont Alexandre III ; à mi course une inclusion de roses artificielles, reproduites en grisaille inversé. L'année suivante, Technicolor, (1977), tout est violacé, la violence s'estompe, apparaît au second degré, comme cette scène de cimetière quand des voiles voilées de crêpe, pleurent sur les cercueils alignés de quelque catastrophe. Les toiles deviennent, provisoirement, multicolores, balayées par trois couleurs fétiches, indépendantes du sujet, appliquées par zones, violet, bleu et jaunes. Il rejoint les peintres pop* en incorporant avec discrétion quelque objet au tableau fil de laine, corde à danser, kleenex. Vers la fin de la décennie, dans la série des singes, une photo carrée sur une toile carrée avec une relation humoristique entre le décor peint de la toile et la pellicule : le singe se peint, le singe regarde un peintre le peindre, un singe réputé de la catégorie aimable se superpose à une chambre sens dessus dessous. Et un pinceau, une brosse, bien réels, sont posés sur la toile. Il s'attarde dans les zoos et devant leurs habitants, Tigre, (2008). Durant la décennie 90, avec sa série Cinénigme, notamment, il continue la dislocation de la surface et l'exploitation des ressources limitées fournies par les limites du tableau, morcelant ses sujets, les disposant sur un fond uni, Énigme n°1,. Encore un geste meurtrier, Folie de femme, (2006), bleu, lignes indiquant le trajet de la balle, pistolet. L'améthyste revient en force avec des trous jaunes ou bleus, dans l'exploration de notre Galaxie, (2008) dont les milliards d'étoiles sont représentées par un éparpillement de goutelettes blanches. Quoique tout l'oeuvre puisse être titré Roman-Photo, il retient cette appellation pour une série qui comme beaucoup d'autres est un montage de planche de contact, Spéciale n°7, A Nicéphore Niepce, (2007), en gris et bleu ou en bleu-nuit, Memento mori, (2013).

Expositions : 1964, Salon de Mai, Paris ; 1968, Mommaton, Paris, (P) et Jewish Museum, New York, (G) ; 1971, 1984, Arc, Paris, (P) ; 1972, Stedelijk Museum, Amsterdam, (P) ; 1991, Lelong, Paris, (P) ; 2008, Maeght, Paris, (P) ; 2009, Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, (P).

Rétrospective : 1999, Musée de Dôle ; 2015, Fondation Leclerc, Landerneau.

Citation(s) : Il a dit : "
- Tous mes tableaux sont des bouts de pellicule de films noirs, plus ou moins trempés dans un bleu monochrome. Peut-être, un jour, je peindrai avec toutes les couleurs. Ce jour-là, j'aurai brisé la séparation entre moi et le monde.