Fiche de présentation

LORJOU, Bernard

né le 9 septembre 1908 à Blois, Loir-et-Cher, France ; autodidacte ; 1922, commence à peindre ; 1925, dessinateur de tissus pour un soyeux ; 1940, se consacre exclusivement à la peinture ; 1986, meurt le 26 janvier à Saint-Denis-sur-Loire.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Il peint comme éclate la cymbale de l'orchestre. Il est l'un des maîtres de la figuration de protestation. Il ne se limite pas à contrecarrer l'abstraction*, il est un moraliste qui peint l'histoire telle qu'elle se fait et la dénonce, aussi bien la conquête de l'Abyssinie par les Italiens que l'assassinat de John Kennedy, en 1964, et une série inspirée par le sida, en 1985. Le regard pessimiste qu'il jette sur le monde le fait se cantonner, de 1938 à1949, dans le noir et le gris, les marrons aussi, d'un misérabilisme vengeur mais non décharné à l'encontre de celui d'un Gruber* ou d'un Buffet*, La Chasse, (ca. 1944), aux objets angularisés, à la palette terne, à la perspective aplatie, L'Âge atomique, (1949, MNAM). Cependant, la couleur apparaît au début des années 40. Le Repos des dames, (1943), à la manière de Guttuso*, avec son regroupement des figures en pétale de marguerite, ou Cavalier contre lion, (1947), au cheval frère de celui de Guernica. La composition des grandes toiles est dramatisée et ironique comme dans Le Massacre de Rambouillet, (1957), où le chasseur, couché, mourant ou mort, est dévoré par les rapaces. C'est un animalier attentif, de la chouete à l'éléphant. À compter de la seconde moitié des années 1950, la couleur est en forme, abandonnant le liseré qui la bordait. Le drame reste présent, même s'il devient coloré, et la force expressionniste* de la douleur est partout présente, comme dans ce deux portraits, Odette jeune et Odette folle, (1959). Puis viennent, en 1962, les personnages lunaires à tête d'Arlequin, à l'instar de ceux qu'a mis sur pied Somville*, en 1957. Il se voue par prédilection à la figure et ses paysages sont rares, Place de la Concorde, (1965). À compter de la seconde moitié des années 60, sa palette ne connaît plus que les teintes vives, criantes, agressives, bleus dominants, ou rouges, ou verts, se situant entre deux couleurs, qui explosent et l'empêchent d'être trop charmeur. Il travaille en pochoir inversé, de sorte que la forme se détache, blanche, dans les couleurs vives qui l'entourent. Dans le feu d'artifice de ses figures, fruits, fleurs, il conserve quelque réminiscence cubiste, un oeil déformé, un chapeau triangulaire, des pans géométrisés, reprenant avec un clin d'oeil ce qu'il concède, et aboutissant à un syncrétisme de tradition et d'avant-garde. Encore qu'il sache, surtout au début des années 80, dissoudre ses couleurs dans un tachisme* figuratif.

Expositions : 1928, Salon d'Automne, Paris ; 1939, Rio de Janeiro, (G) ; 1945, Du Bac, Paris, (P) ; 1946, Anglo-Frenh Art Center, Londres, (P).

Rétrospective : 1985, Palais de l'Europe, Menton.

Musées : Musée de la Chasse et de la nature, Paris, nombreuses oeuvres animalières et trois toiles-plafond pour le Salon de l'Afrique, (1967).

Citation(s) : Il a dit :
-  L'abstrait fait se pâmer les poules, bâiller les singes, braire les ânes.
On a dit : "
-  Le Tartarin de la peinture. (Bernard Dorival).