Fiche de présentation

CHÉRI SAMBA, ( Sambawa Mbimba N'Zinga Nurimasi Mdobasi, dit )

né le 30 décembre 1956 à Kinto M'Vuila, Madimba, Bas-Zaïre, République démocratique du Congo ;  1972, s'établit à Kinshasa, où il fréquente quelques mois les ateliers de peintres d'enseignes ; 1975, ouvre le sien ; 1979, adopte le pseudonyme de Chéri Samba ; face au succès, il ouvre un atelier au sens renaissant du mot, des assistants réalisant des oeuvres sur lesquelles, il ajoute sa patte et sa signature ; vit à Kinshasha et à Paris.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : S'il était Ocidental, on le classerait parmi les peintres de la Nouvelle figuration*, s'inspirant de la BD* par ses dessins simplifiés et les nombreuses légendes explicatives qu'il fournit en français et en lingala, en bandeaux ou en bulles au détriment parfois de la lecture directe du tableau. Mais il est un produit du métissage, ayant adapté à la vie africaine en général et à la vie urbaine de Kinshasa en particulier la dimension narrative de ses scènes de moeurs. La crudité de ces sujets, leur érotisme naïf*, la violence quotidienne de la rue, celle de l'homme pour la femme, le goût de nouveau riche des intérieurs sont d'une ironie décapante. C'est un moraliste social plus que politique qui pourfend les travers de ses concitoyens dans un style d'enseigne publicitaire agressif donc efficace.
Il met à plat de manière sans doute simpliste la société des cités noires mi-rurales, mi-urbaines de la périphérie des grandes métropoles. Les couleurs sont franches, relevées çà et là d'une pointe de fluorescence. Il se garde de tout pastiche et de tout dévoiement artistique : il est peintre populaire, comme on est écrivain public, et se refuse à recourir à tel ou tel procédé qui l'enrégimenterait dans une classification, Autoportrait, (1989, VP). Avec la fin des années Mobutu, (1997), on ressent un léger glissement vers plus de simplicité, vers une imagerie plus publicitaire mais l'esprit ironique reste le même, comme les textes qui continuent à faire leur leçon, Grand tort de la colonisation et grave erreur de l'Afrique indépendante, (1994), triptyque, 130 x 200. Le français est savoureux (et parfois approximatif), Pays alignés, (1994), " Dans mes avions, je reste à côté de l'hublot pour voir, mais tous les pays du monde sont non alignés puisqu'ils sont tracés en zigzags. "
À la fin des années 1990, il passe à une peinture plus élaborée, Le Nid dans le nid, (1996), scène familiale d'intérieur creusé dans le fruit d'un arbre, ou Portrait de Picasso, (1997), évoque le peintre regardant un masque nègre tandis que derrière lui les Demoiselles d'Avignon apparaissent comme le fruit de son songe. Le lissé est accentué, le réalisme peaufiné et certains sujets, au sein de la toile, sont délicatement pailletés. S'étant de nombreuses fois mis en scène, il invente aussi des autoportraits en spirale de pelure, d'une pièce, J'aime la couleur, (2003, 2009), noir à l'extérieur, rose à l'intérieur, ou Collège de la Sagesse, (2004). A comparer à Sa Majesté Cheri Samba, (1975) et même avec The Draughtsman, (1981), on lit le chemin parcouru. Il peint lentement, une dizaine de tableaux par an.
L'oeuvre est estimé en 2004, à 320 tableaux dont le tiers appartiennent à Jean Pigozzi de Genève.

Expositions : 1978, Beaux-arts de Kinshasa ; 1982, Arts d'Afrique, Musée des Arts Décoratifs, Paris ; 1991-1992, tournée dans les grands musées américains, ainsi qu'aux fondations Tapiès de Barcelone et Ludwig d'Aix-la-Chapelle ; 1989, 1992, Jean-Marc Patras, Paris, (P) ; 2004, Fondation Cartier, Paris.

Rétrospective : 1992, Musée provincial d'art moderne, Ostende ; 1997, Musée des arts d'Afrique et d'Océanie, Paris.