Fiche de présentation

VALLOTTON, Félix

né le 28 décembre 1865 à Lausanne, Vaud, Suisse ; 1882, arrive à Paris, Académie Julian ; 1897, rejoint le groupe ds Nabis ; 1899, épouse Gabrielle Bernheim ; 1900, naturalisé français ; 1925, meurt le 29 décembre à Paris.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Académique à ses débuts (1885-1891), xylographe populiste de 1892 à 1900, (et reprenant cette technique durant la première guerre mondiale), il s'attache ensuite aux éléments et s'affirme peintre de la nature. Influencé par les nabis, lorsque dans ses paysages qu'il ne peint jamais sur le motif, il simplifie les masses et les délimite, Nuages, Romanel, (1900, MCBAL) ou Voiliers à Honfleur, (1913, MRBABx). Clair de lune, (1894), aux nuages sans effilochages, aux contours parfaits qui se reflètent sur une bande d'eau dans la nuit d'une lande presque nue. Au delà de ce cloisonnisme, il peint une quarantaine de Couchers de soleil, entre 1894 et 1915, tout en bandes horizontales, inanimées, et Hodler s'en inspire dans ses Lac Léman, (1915) ; il anticipe d'une certaine manière l'expressionnisme* américain. Etrangement de Jardin, soleil et fleurs, (1904), à Coucher de soleil, eau verte et grève rosée, (1913), qui rappelle Impression, soleil couchant, de Monet, il peint des toiles post-impressionnistes qui, dans cette dernière, se libère du genre en indiquant les derniers rayons par une traînée verticale, allant jusqu'au rectangle rigoureux, à bonne distance, voire coupée de son origine. La nuit approche, c'est un magicien du soir.
Ce même cône de lumière, sert aux défenses anti-aériennes, Paysages de ruines et d'incendie, (1915) ou Verdun, (1917) et, cette fois, c'est aux futuristes* qu'on songe d'autant qu'une série de dessins traduisent l'éclatement des bombes. Il déjoue a classification, frôlant la géométrisation dans Cimetière de Châlons-sur-Marne, (1917, Musée d'histoire contemporaine), immensité de croisillons fleuris à matricule. Le Cimetière de Souain, (1917), au recto le ciel, au verso un cratère d'obus ; inanimé donc mais tout est dit.
Avec ses nus, il annonce la Nouvelle Objectivité*. Il traite la femme  avec froideur et distance, Étude de fesses, (1889), hyperréaliste* avant la lettre. De La Maîtresse et la servante, (1896) à Andromède enchaînée, (1925), il oscille entre le débraillé et l'académique, entre le sculptural et la mollesse, le modelé des formes, la netteté du trait, le glacé du rendu, le plombé des chairs dans la finesse de l'huile, avec des seins trop lourds, et des fesses flasques. Ses mythologies gardent un parfum 1900, avec les corps dénudés conservant leur coiffure à gigots et leur chignon de la Belle Époque, Orphée déchiré par les Ménades, (1914). Comme l'immense triptyque, Le Deuil, Le Crime châtié, L'Espoir, (1915, MCBAL), à dominante de verts, entre symbolisme et art Nouveau.
Il est aussi portraitiste, Octave Mirbeau, (1902, MPSG). Il connaît la sobriété des constructions, La Loge de théâtre, (1909), diagonale opposée à celle du Chien de Goya, et quand il s'agit d'intérieurs, l'éclairage au néon, avant la lettre.
Les plans inanimés signent Marée montant, Houlgate, (1913), Un soir sur la Loire, (1923), dont les couleurs reflètent l'état de la lumière comme dans Une rue à Cagnes, (1920) aux ombres marquées ou Côte roussie et tourterelle, (1933)
 d'une palette empruntée aux fauves* et piquées de petits animaux en réserve.

Expositions : 1898, Bureaux de la Revue Blanche, Paris, (P) ; 1906, Bernheim-Jeune, Paris, (P) ; 1909, Kunsterhaus, Zurich, (P) ; 1997, Musée Maillol, Paris, (P).

Rétrospective : 1928, Jacques Rodriguès-Henriquès, Paris ; 1979, Petit Palais, Paris ; 2007, Kunsthaus, Zurich ; 2014, Grand Palais, Paris.

Citation(s) : On a dit :
- Quels singuliers Français ont pu s'opposer à ce qu'on consacrât à Paris le talent et la méthode de cet artiste? Le temps sans doute réparer bien des dommages. (Apollinaire).
- Sa peinture est opaline. De l'opale, il a la netteté et en même temps la fugacité. Il est complet et pourtant extrêmement simple. Sa peinture n'est pas vraie, elle est réelle, elle a l'air d'exister.  (Antonin Artaud).

Bibliographie(s) : Mrina Ducrey, Catalogue raisonné de l'oeuvre peint, 3 vol. Institut suisse pour l'étude de l'art, 2005.