Fiche de présentation

HELION, Jean

né le 21 avril 1904 à Couterne, Orne, France;  1920-192, études de chimie à Lille ; 1922, Arts décoratifs de Paris ; 1925-1926, académie Adler, Paris ; 1931, cofondateur d'Abstraction-Création* auquel il adhère 3 ans;  1936-1939, séjourne en Virginie ; 1939-1942, prisonnier de guerre en Poméranie, s'évade et gagne les États-Unis ; 1946, revient à Paris ; 1983, Grand prix national de peinture ; devient presque aveugle ; 1987, meurt le 27 octobre à Paris.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : De 1925 à 1930, il manie tour à tour l'expressionnisme* figuratif cuivré comme on en use beaucoup à Montparnasse* et la non-figuration*, Autoportrait, (1925 et 1927), Georges Bine, (1927, 1928), légèrement matiériste*, Nature morte,Abstraction, (1929), mais aussi (1929). Dans Homme assis (1928, CFK), on lit un début de stylisation annonciateur de la rupture de 1939. De 1929 à 1933, il est peintre dans la ligne du néoplasticisme*, Tensions complexes, (1930), jeu de carrés. Il s'écarte cependant du radicalisme de cette manière en introduisant des modulations, Composition, (1929), dans lequel il y a angles et courbes, teintes fanées des primaires, Composition, (1930, Sztuki Mus., Lódz), Tension circulaire, (1931, CFK.), avec des droites en crémaillère, convergeant vers le centre, et apportant ainsi à l'austérité quelque fantaisie. En 1933, et jusqu'en 1939, on voit apparaître le rectangle incurvé aux dégradés gris avec effet de métallisation, Composition, (1934, SGM.), Grand Volume, (1935,FPG.), Figure bleue, (1935-1936,MAMVP,), sorte de statue du commandeur non-figurative. Ces formes personnelles se multiplient et s'affirment, et c'est l'achèvement de la période non-figurative, Figure de rouille, (1936) ou Figure rose, (1937, MNAM.), avec la complexification modérée des formes et du fond polychrome, géométriques, regroupées en "monuments",Trois figures, (1938) ou en trophées, Figure debout, (1935, BAAG.).
En 1939, c'est la rupture et l'adoption de la figuration dont il ne se départ plus et dont il cherche la voie depuis 1936 : la toile charnière, c'est Figure tombée, (1939, MNAM.). Il entame la série des portraits cubiques, notamment ceux de l'Homme au chapeau, qui vont marquer son oeuvre par la juxtaposition d'à-plats.
À ce moment charnière où il bascule de la non-figuration à la figuration, Fille au mannequin, (1944l il peint un tableau (de lui) dans le tableau
Il. y a une parenté avec Léger* : même recherche des assemblages d'à-plats, même registre limité des couleurs, même rugosité de certaines formes, comme par exemple la manière dont les sein sont plaqués sur les torses. Il rend les plis des vêtements en volumes distincts, creusés dans la forme et remplis de teintes ou de couleurs différentes de celles qui les entourent; ces volumes sont accusés par un trait net, dur, sans bavure, sans concession, avec le but de frapper rapidement le regard, La Grande Citrouille étrusque, (1948) ou La Grande Mannequinerie,(1951, MAMVP.). Les grandes compositions de la vie quotidienne, voulant s'identifier au tragique de l'existentialisme ambiant, et notamment la série des Journaliers, (c'est-à-dire, les vendeurs de journaux) (1947-1950), sont exécutées dans des gammes très limitées, généralement à deux dominantes puisées dans les bleus et les rouges brique ou orangé, et les gris. La forme est prédominante et n'est pas intégrée à une perspective. Les objets sont dramatisés, qu'il s'agisse de poireaux, de potirons, de crabes ou de homards, c'est le dessin ourlé qui rend le tragique Tablée de gants, (1946).
En 1953 et 1954, brève parenthèse de la série des Atelier qui reprend le dessin et la perspective traditionnels, tout en leur gardant une vigueur qui les empêche de n'être qu'académisme; il pose ses figures dans l'intimité de la pénombre, Le Poète Alain Jouffroy, (1953). Pendant les dix ans qui suivent, on le voit composer avec intransigeance sa peinture de choc ; il use par exemple de nuages rouges pour indiquer les limites confuses, parce que sanguinolentes, des pièces de boucherie, Voiture de fleurs et boucher, (1964, MAMVP); il met de l'huile dans son graphisme pour le rendre moins acerbe, série des Toits, (1959-1961). Il est décorateur du Roi Lear, (1965), pour la télévision.Il donne une série de Femmes sur la terrasse (1961),
Portraitiste légèrement expressionnistes*, Pierre Bruguien, (1959) ; il montre en diagonale une Jeune Fille à la fenêtre, (1958), nu posé sur des lingeries, des rideaux et des reflets blanc cassé, Autoportrait dans le miroir, (1964), en pourpre. En 1967, s'amorce le retour à la forme stricte, à ces silhouettes habillées de tôle, empesées d'armure, des années 1939-1953, mais la rigidité est compensée par le jeu des couleurs mi-métallisées, mi-transparentes, qui, multiples, habitent la forme, glissent l'une vers l'autre jusqu'à donner l'impression d'un bariolage et progressent vers l'acidité, Triptyque du dragon, (1967, MBARs), ou Choses vues en mai, 1968 (1969, MBAo), immense triptyque aux figures en pied.
La production de 1979 à 1983 apparaît comme chamboulée, aux deux sens du mot : il représente des hommes et des femmes par terre, sur le dos ou à plat ventre, après une chute, et il les représente également de manière hâtive, brossée à la va-vite, avec des visages à peine ébauchés, des taches de couleurs qui leur font porter des masques de clown, L'Exposition de 34 ou le songe et la dispute (1979).
Enfin, dans la nouvelle série des Atelier (1982-1983), on voit des simplifications matissiennes* comme un clin d'oeil au soir d'une carrière éloignée du maître évoqué et le jeu des géométries par croisement de toiles interposées. Un certain maniérisme le tente qui gomme sa vigueur; les formes s'aiguisent en flammes, comme dans les chevelures et pubis, les ombres ou les croûtes de pain, voire les silhouettes. N'était-ce le refus de plaire en restant fidèle à la rusticité, il eut pu tomber dan la facilité d'un système. Il laisse nombre de toiles inachevées de 1975 à 1983, qui sont à retenir pour la composition et l'ébauche de couleurs parce qu'il n'a pas le temps d'y ajouter les traits apprêtés, Le Perroquet et ses échos,(1975, MAMStE) ou Scène au banc,(1983).

Expositions : 1929, Barcelone, (P) ; 1932, Pierre, Paris, (P) ; 1995, Piltzer, Paris, (P) ; 2001, Marwan Hoss, Paris, (P).

Rétrospective : 1980, Pékin, Shanghai, Nanchang ; 1982, Musée national de Luxembourg ; 1984, Musée d'Art moderne de la ville, Paris ; 2004, Centre Pompidou, Paris.

Citation(s) : Il a dit :
- Il faut chercher à humaniser la géométrie et à géométriser l'humain. La supériorité de la nature est d'offrir le maximum de complexité de rapports. C'est vers elle que je vais à grands pas. Au lieu d'une peinture orgueilleusement cantonnée dans les solitudes, je veux une peinture reconnaissable sans distorsions, claire et pourtant pleine de mystères abstraits,  (1936).
On a dit :
- Les belles filles que vous aurez vues à Nîmes ne vous auront, je m'assure, pas mois délecté l'esprit par la vue que les belles colonnes de la Maison Carrée : celles-ci ne sont que les vieilles copies de celles-là. (Nicolas Poussin, 1641).