Fiche de présentation

SAINT-PHALLE, Niki de ( Catherine-Marie-Agnès Fal de Saint-Phalle, dite )

née le 29 octobre 1930 à Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine, France ; passe son enfance à New York ;1942, son père abuse d'elle ; 1944, subit des malaises nerveux qui se répètent à diverses reprises ; 1949, épouse l'écrivain américain Harry Mathews ; 1951, revient à Paris ; soignée par eéectrochocs ; 1954, commence à peindre en autodidacte, encouragée par Hugh Weiss* ; 1960, rencontre Tinguely* ; vit et travaille avec lui ; 1966, collabore avec Ultvedt* ; 1971, épouse Tinguely ; 1961-1963, adhère aux Nouveaux réalistes* ; 1992, Grand prix de la ville de Paris ; 2002, meurt le 21 mai à San Diego, Californie, d'un cancer dû au substances respirées pour réaliser ses Nanas.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Sculpteur

Présentation : Son œuvre est inscrite dans sa vie, celle du combat de la femme pour son identité, avant même que l'on parle de féminisme. Il lui faut "tuer" la mère castratrice, le père abusif et s'affirmer femme et artiste : ce sera accompli avec les Nanas, qui, en 1965, assoient sa renommée.
Auparavant - 1954-1956 -, elle peint des œuvres encombrées, un peu schizophrénique, Composition, (1956, MMS). Puis de 1958 à 1960, ce sont des inclusions d'objets dérisoires dans du plâtre sur bois, ce qui la voue déjà au Nouveau réalisme, Night Experiment, (1959, Sprengel museum, Hanovre).
Son autothérapie d'instinct vengeur, son passage à l'acte s'exprime pour la première fois avec Portrait of My Lover, (1961), chemise, cravate, cible, accompagné d'un lot de fléchettes que le spectateur est invité à employer. La même année, regardant un tableau immaculé de Bram Bogart*, elle l'imagine saignant. Et décide de ses Tirs. Sur un support de bois, elle enfouit des sacs de plastique bourrés de couleurs ; elle ajuste des objets de rebut comme Rauschenberg* ; elle bourre les reliefs de tubes d'huile puis elle soumet le tout à la carabine et l'éclatement des couleurs s'épand sur l'œuvre, Shooting Picture (1961, Tate), à la verticalité dégoulinante et épaisse, Tir, (1961, MAMAC), Château noir et blanc, (1962, MAMAC). Jusqu'en 1963. Il s'agit de véritable intervention*, puisque le tir à lieu en public et dans la rue.
Vient le cycle court et transitoire de la mariée, avec sa robe blanche façon XIXe siècle, posée dans un environnement baroque ou accouchant de têtes et de cœurs. Un ex-voto de grande dimension, Heart, (1963), peinture et plâtre sur grillage, rassemblant des têtes de mort et de poupée aussi bien que des éléments mécaniques.
Elle passe, de 1963 à 1964, du tir qui a exécuté ses obsessions, à la femme qui va les affirmer, la Nana. L'inspiration sera un dessin de Larry Rivers* représentant sa femme enceinte. Le prototype, Crucifixion, (1964, MNAM), avec ses concrétions, ses accumulations d'objets banals qui, à la manière d'un Arcimboldo en trois dimensions, forment une femme, opulente, aux rotondités pleines d'aspérités, à la microcéphalie, L'accouchement rose, (1964, MMS).
Les Nanas lisses, en polyester sur armature de fers soudés revêtus de treillis, naissent en 1965. Elles sont bariolées de couleurs vives, rouges et bleus dominant dans un dessin circulaire qui s'harmonise aux gonflements de seins, de ventre engrossé, de fesses. Elles lèvent souvent une patte dans une esquisse de pas de danse ou d'envol, Black Venus, (1965-1967, WM). Elles sont essentiellement ludiques mais, à travers ce jeu, de plus en plus monumental, l'artiste continue à régler ses comptes ; avec Hon, (1966, MMS), dont seule la tête a été conservée et qui, géante de 28,70 m de long, et de 6,10 m de haut, couchée sur le dos, dans laquelle on s'introduisait par le vagin, est une véritable salle polyvalente, cinéma, bar, etc. Elle donne aussi des personnages drôles et subtilement critiques, qui sont comme une parodie anticipatrice des figures hyperréalistes* de Duane Hanson* de 1970, La Waldaff, (1965, MNAM), ou  un assemblage sur bois d'un paysage peuplé de petites nanas s'ébrouant, Garden, (1972), et encore L'Aveugle dans la prairie, (1974, MNAM),  les chaises anthropomorphes-portraits de 1981-1982. Snake and Egg, (1982), 7 ex.
Elle découvre Gaudí et aussitôt rêve d'un Jardin fantastique ou Jardin des Tarots,  qu'elle commence, en 1979, à Garavicchio en Toscane et qui n'est ouvert au public qu'en 1993, et achevé en 1998, et ses 22 sculptures colossales., dont Le Fou, (1990), en polyester linéaire, peint. De cette période date l'usage des céramiques et des miroirs fragmentés dans le revêtement de ses sculptures dont sa fantaisie élargit les sujets, même si le style reste celui des Nanas.
 Le Cyclop : 
En 1960, de conserve avec Jean Tinguely, ils achètent une parcelle isolée dans la forêt de Milly.  A l'aide de matériaux de récupération is y dressent une énorme tête de C-clopr  à l''oeil unique, à la peu  d'acier ridé, à langue en tobogan et à l'intérieur couvert de miroirs. ; i faut attendre1980 pour que l'existence de ce qui n'est encore qu'une ébauche soit révélée A compter de là et jusqu'en 1994, -inauguration par le président François Mitterrand-, tous les amis artistes sont requis pour apporter à l'oeuvre leur contribution. 
La mort de Tinguely la réduit au silence et la précipite ensuite, en 1993, vers un hommage à son mari et à ses premières œuvres du milieu des années 50, dans des bas-reliefs animés aux figures s'ouvrant et se fermant mécaniquement, aux motifs mouvants comme ceux d'un étalage de grand magasin à la veille de Noël.
En 1999, elle reprend à très petits tirages de trois exemplaires, des œuvres de polyester conçues dans les années 60 et les confie au bronze, Cheval et Mariée, (1963-1999). Elle crée également des personnages plats en tubulures de squelette imaginaire, dorées et peintes sur l'ossature desquels s'agrippent des animaux de la taille des jouets d'enfants, Le Pendu, (1980-1999).

Expositions : 1956, Restaurant Gothard, Saint-Gall, Suisse ; 1961, Musée d'Art moderne, Ville de Paris.

Rétrospective : 1987, Kunsthalle, Munich ; Museum of Fine Arts, Roslyn, Long Island ; 1992-1993, Kunsthalle, Bonn, Mc Lellan Gall., Glasgow ; musée d'Art moderne de la ville, Paris ; 2002, musée d'Art moderne et d'art contemporain, Nice ; 2015, Grand Palais, Paris.

Musées :
- Niki Art Museum, Nasu, Tochigi, Japon ;
- Moderna Museet, Stockholm ;
- Sprengel museum, Hanovre, (l'essentiel de l'œuvre) ;
- musée d'Art moderne et d'art contemporain, Nice (170 œuvres).

Lieux publics :
- 1970, Le Cyclope, forêt de Milly-la-Forêt ;
- 1972, Golem, Rabinovitch Park, Jérusalem et le Dragon, Le Fort, Knokke-le-Zoute ;
- 1974, Le Poète et sa muse, campus université d'Ulm ;
- 1982, fontaine Stravinsky (en commun avec Tinguely), centre Georges-Pompidou, Paris ;
- 1983, Sun God, campus université Californie du Sud, San Diego ;
- 1988, place de la Mairie, Château-Chinon (en commun avec Tinguely) ;
- 1993, Le Temple idéal, Nîmes ;
- 2003, La Grotte, jardins du Herrenhauser, Hanovre.

Citation(s) : On a dit :
- Les noces de Vénus et de Vulcain.   (Pierre Restany, faisant allusion à sa collaboration avec Tinguely).