Fiche de présentation

BECKMANN, Max

né le 12 février 1884 à Leipzig, Saxe, Allemagne; 1897,commence à peindre; 1900-1903, académie de Weimar; 1902, y rencontre Minna Tube, peintre ; 1903-1904, premier séjour à Paris; Académie Julian* ; 1906, séjourne à la Villa Romana, Florence; 1906-1911, adhère à la Sécession*; 1914, s'engage comme infirmier; 1915-1919, réformé pour dépression nerveuse, vit à Franfort-sur-le-Main; 1920, participe à la Nouvelle objectivité*; 1925-1933, enseigne aux Beaux-arts de Francfort ; 1928, Reichsehrenpreis Deutscher Kunst; 1929-1931, séjourne à Paris; 1933, destitué de son enseignement par les nazis, 'installe à Berlin espérant s'y faire moins remarquer ; 1937, peintre dégénéré*, cinq cents oeuvres sont saisies par les nazis; quitte brusquement son pays et prend le premier train pour Amsterdam; 1938-1939, séjourne à Paris; 1940, son fils parvient à lu expédier à Amsterdam, les oeuvres restées dans son atelier berlinois; 1947, séjourne en France; au départ de Roterdam, s'installe aux États-Unis et y enseigne à la Washington University Art School de Saint Louis; 1949, au Brooklyn Museum; 1950, à l'Ameican Art School, New Yor ; meurt le 27 décembre, à New York, d'une crise cardiaque.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : De 1905 à 1917, il est symboliste, Jeunes Hommes au bord de la mer (1905, Mus. de Weimar), avec les corps blafards des nus nordiques dans un composition à la Puvis de Chavannes ou Grande scène de mort, (1906, Fondation Günther Franke, Munich) ; postimpressionniste*, Morceau de mer, (1907, SLAM), symboliste à nouveau, Résurrection, (1908, SS), naturaliste, Scène de tremblement de terre de Messine, (SLAM). C'est à partir d'ici qu'il se construit, tenté par la déformation tragique, mais il se contente aussi bien d'une facture délavée, comme son contemporain Kokoschka*, Gare à Berlin, (1914, VDHW), que d'un camaïeu de gris, Lancer de ballons, (1908, SS). À compter de 1917, précisément, il ne lâchera plus l'inspiration médiévale. Il l'adopte d'abord dans une série de tableaux religieux, Le Christ est la femme adultère, (1917, SLAM), ou Descente de croix, (1917, Moma). Sa construction de l'espace est antiréaliste, dans lequel la disposition des personnages rappelle celle des culs-de-lampe ou des chapiteaux, Le Rêve, (1921, WUGA) ou Quatre Hommes autour d'une table, (1943, UWSL) ; c'est l'attachement à l'aspect sculptural de l'imagerie, à sa verticalité gothique, avec, depuis 1918, le trait noir qui limite les sujets, comme s'il s'agissait d'un vitrail, ce noir, plus envahissant encore au fil des années, qui sert ausi à creuser les ombres et à enlever à la couleur de base sa netteté, Le Bain, (1930, WUGA). La monumentalité de la composition, foisonnante d'humains, encombrée de symboles, qui confère un aspect parfois plus sinistre que tragique et toujours un atmosphère confinée, pesante, dans une perspective en hauteur et non en profondeur. À l'instar de l'histoire de son pays qu'il voit venir. Quelques natures mortes et quelques paysages, comme la Passerelle de fer, (1922, KNW), aux éléments télescopés qui rendent le tableau compact. Beaucoup de portraits, et d'abord des autoportraits, qui permettent de juger du parcours entre  Autoportrait en infirmier, (1915, VDHW), d'un graphisme classique, au regard assassin, en passant par, Au foulard rouge, (1917, GSS), où tout est décharné, vériste* et non pas seulement l'homme, et En smoking, (1927), où il n'y a pas que l'homme qui soit replet et mussolinien, éclairé à la manière de Murnau, et le dernier En veston bleu, (1950, SLAM), où l'homme encore jeune porte le regard critique. Quant aux portraits, ils appartiennent à la nuit même. Ils sont du plein jour, frontaux, N.M. Zeretelli, (1927, FAH), de lumière artificielle combattant les ténèbres, La Loge, (1928, SS), Fred Conway, (1949, SLAM), ou simplement expressifs, Curt Glaser (1929, SLAM), Ludwi Berger (1945, SLAM), Morton D. May (1949, SLAM). Les figures sont prédominantes et le thème du Roi (1933 ,SLAM) sera repris dans certains des dix triptyques - dont le dernier reste inachevé - qui lui permettent de démultiplier l'action; ce sont The Departure, (1932-1933, M0MA), le roi en hargne (panneau central) abandonne le pays torturé (panneaux latéraux), ou cet autre triptyque, Tentation (1936-1937, SMKM), Acrobates, (1939, SLAM), The Actors, (1941-1942, Busch), éclairage inquiétant de l'allégorie du pays quitté, Beginning, (1949, MET), les enfants juifs jouant à la guerre avec un sabre de bois et la classe qu'on leur fait encore. Il est successivement prophète de malheurs et dénonciateu d'exactions. De temps à autre, l'influence de Matisse* se fait lisible, Quappi en rose, (1934, Th-B), ou Quappi en gris, (1948), ou Atelier, (1946, SLAM) et La Ville la nuit, (1950, SLAM). Il est aussi, de 1911 à 1946, un raveur et lithographe accompagnant l'évolution graphique de sa peinture, et en 1935-1936, sculpteur de quelques bronzes,The Man in the Dark,(1934, LP), qui se détache du symbolisme pour gagner l'expressionnime*. Au lieu de choisir le réalisme comme dénonciation des maux de son temps, il jete son dévolu sur des allégories parfois difficiles à décrypter mais dont la valeur plastique fait choc. Près du tiers de l'oeuvre est peint durant les années de réclusion aux Pays-Bas, 1937-1947.

Expositions : 1909, Salon d'Automne, Paris ; 1912, Kunstverein, Magdebourg, (P) ; 1922, 1950, Biennale de Venise ; 1925, Nouvelle Objectivité, Mannheim, (G) ; 1926, New Art Circle, New York, (P) ; 1931, La Renaissance, Paris, (P).

Rétrospective : 1913, Cassirer, Berlin ; 1930, Kunstmuseum, Bâle, ; 1948, Saint Louis Art Museum ; 1994, Staatsgalerie, Stuttgart ; 2002, Centre Pompidou, Paris ; 2007, Van Gogh Museum, Amsterdam ; 2011, Kunstmuseum, Bâle ; 2012, Musées des Beaux-arts, Leipzig et Francfort-sur-le-Main.

Musées : Saint Louis Art Museum, la plus considérable collection par legs de l'artiste; Staatsgalerie Moderne Kunst, Munich, 12 oeuvres; Kunsthalle, Brême.

Citation(s) : On a dit : "
-Ce qu'il peint est toujours au garde-à-vous, même les paysages. (Alain Bosquet). "
-Il avait en lui la sensibilité au désastre. (Jorg Immendorf).