Fiche de présentation

KABAKOV, Ilya

né le 30 septembre 1933 à Dniepropetrovsk, Ukraine ; 1943, Beaux-Arts de Leningrad, transférés à Samarcande ; 1945-1957, Beaux-Arts Sourikov, Moscou ; 1956-1974, commence à peindre comme illustrateur ; 1980, envoie à l'étranger des instructions pour qu'y soient exécutées ses installations*; 1981-1991, séjourne à Paris ; 1988, quitte Moscou ; 1989, travaille en commun avec Emilia Kabakov* qu'il épouse ; 1989-1990, séjourne à Berlin ; 1992, s'installe à Long Island, Etats-Unis ; 2008, Preamium Imperiale*.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Installationniste - Peintre

Présentation : Proche de l'expressionnisme abstrait*, puis, dans les années 1960 et 1990, figuratif et précis, ses intérieurs, commentés dans l'image ou sur le cadre (sans rapport parfois entre texte et image), dénoncent le conformisme de l'art officiel, suggéré par la couleur brune, ou par le pastiche, Près de l'Université, (1972).  Un personnage se réfugie-t-il au bord du tableau, "Il se cache, il a peur" dit l'artiste. Il se fait lithographe avec une série de clones dont un seul est vêtu d'un costume d'une couleur différente, Dispute, (1969). Il pirate* Ruisdael en affichant une reproduction de l'un de ses paysages avec le moulage de la main qui l'a peint et il conceptualise*, (1965), tout comme avec Guilty, (1982) simple texte peint sur panneau. Il frôle le pop* avec (1970), sorte de jeu peint avec questions et réponses en cyrillique, ou Qui a planté le clou, je ne sais pas, (1972, MNAM). Il persiste à brocarder le réalisme socialiste*, The New Accordion, (2001). Puis s'en écarte pour  ironiser sur les utopies architecturales en général, comme la coupe du Vertical Opera, (2000) quand les acteurs tournent à tous les étages,  ou les spectateurs autour du donjon de Charles V, de France, ou encore The Springboard of Icarus, (2003), tremplin d'envol. Pour le Monumenta, Paris au Grand Palais ,  ils changent de matériaux et créent un labyrinthe de mur lisses, L'ÈTRANGE CITÉ, (2014).
Revenant à l'expressionnime, il peint des monochromes crantés d'un minuscule paysage ou frappé d'un petit carré d'or, In the Corner , (2001). Il crée, à compter de 1980, des installations thématiques. Sur un tableau mural sont épinglés des bouts de papier, des pense-bêtes domestiques et dans une vitrine sont exposés les objets futiles dont on ne parvient pas à se débarrasser, ou 20 th August 1968, trois rangs de journaux de tous pays rendant compte de l'invasion de la Tchecoslovaquie par l'armée rouge Il ne cesse pas pour autant de peindre dans un style ironiquement réaliste*, comme cette minable Chambre de luxe, (1981), issue d'un prospectus pour privilégiés... soviétiques. Il ironise les photos d'amateurs, souvent "engagées" en les reproduisant dans leur couleurs fanées, collées de guingois sur la page blanche de la toile-album, Flying Painting n°7, (2009). Il revendique aussi, depuis 1988, l'installation "intégrale". Dans le forum du centre Pompidou (1995), au palais des Beaux-Arts, Bruxelles (1996), sur près de 1 000 m, il reconstitue, grandeur nature, les intérieurs, perpétuellement en chantier, des habitats moscovites exigus, avec leurs travaux inachevés, leur promiscuité suggérée, leu mobilier sordide et les objets mêlés de la vie quotidienne et professionnelle, ou les toits avec leurs fenêtres faiblement éclairées,. Il faut comparer sa démarche à celle de Ruiz de Infante*. De dimensions plus modestes, Le Collectionneur, transpose la minutie, la solitude, l'austérité de qui se voue à une passion, L'Homme qui s'est envolé dans l'espace, (1981-1988, MNAM), un galetas, percé au plafond. Sa Cuisine communautaire, (1982, mus. Maillol, Paris) ressortit au même genre et parce qu'il est plus confiné, qu'il met en scène lieu, objets sons et textes dérisoires des querelles naissant de la promiscuité, il est le plus convaincant. Une autre Cuisine communautaire, (1991), pose nez à nez par trois se faisant face, si meubles, semblables par la pauvreté et différents par les ustensiles. S'il s'approprie le langage du réalisme socialiste*, c'est pour s'en gausser. The Toilet, (1992, SMAK), installation permanente d'un intérieur sordide. The Happiest Man Monument to a Lost Civilisation, (1999) qui serait comme l'illustration de la Russie soviétique de 1917 à 1989 et son contraire, The Utopian City, (2005), amènagement d'usine désaffectée. Pour le Monumenta à Paris,il change dematériau, L'Ètrange cité, (2014) labyrinthe de murs lisses.
Il est aussi illustrateur de livres pour enfants. The House of Dream, (2005) laisse apercevoir dans un univers blanc cloisonné par des tulles, des lits vides inclinés légèrement, hôpital, morgue ou lieu de méditation sur la souffrance et la mort.

Expositions : 1962, Moscou ; 1973, 1992, Dina Vierny, Paris, (P) ; 1993, Biennale de Venise ; 1995, Centre Pompidou, Paris, (P) ; 1996, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles (P) ; Thaddaeus Ropac, Paris, (P) ; 2005, Serpentine, Londres, (P) ; 2010, Contrepoint, Le Louvre, Paris, (G).

Rétrospective : 2008, Le Garage, Moscou.

Citation(s) : Il a dit :
- Le spectateur ne doit pas oublier que ce qui est devant lui n'est que tromperie, que tout est fait délibérément dans le seul but d'impressionner. Cela doit faire penser à une scène de théâtre où le spectateur peut moter pendant l'entracte.